Visite d’Emmanuel Macron à Cotonou: « Il faut que le Bénin se présente en partenaire et non en colonie », Iréné Agossa

« Le Président Français n’est pas ici, simplement parce qu’il a envie de nous rendre visite, c’est parce que le Bénin est d’une utilité certaine en ce moment pour la France. » Ainsi s’exprimait Iréné Agossa au micro de TVC dans une interview qu’il a accordée à la chaîne à propos de la visite d’Emmanuel Macron à Cotonou.

 

Emmanuel Macron est arrivé à Cotonou dans la soirée du  mardi 26 Juillet 2022, dans le cadre de sa première tournée en Afrique après sa réélection. Approché par une équipe de TVC, Iréné Agossa a donné ses impressions sur la visite d’Emmanuel Macron au Bénin. Pour le Président du parti RLC, il faut voir l’intérêt de cette venue de Macron au Bénin au-delà des rapports historiques que le Bénin a toujours eu avec la France. « Le Président Français n’est pas ici, simplement parce qu’il a envie de nous rendre visite, c’est parce que le Bénin est d’une utilité en ce moment pour la France. L’État français n’a pas d’amis. Il n’a que des intérêts. » De ce fait, « Il revient à nous les Béninois de savoir comment gérer nos intérêts par rapport à l’utilité que nous représentons pour la France. », a dit Iréné Agossa. Parlant de l’intérêt que le Bénin pourrait tirer de cette visite d’Emmanuel Macron au Bénin, il rappelle que le Bénin fait l’objet depuis quelques mois d’attaques terroristes récurrentes dans la partie septentrionale du pays. À cela s’ajoute la cherté des produits d’importation. Conséquences de la crise née de la guerre Russo-Ukrainienne et qui a entraîné la chute par rapport au dollar de la valeur de l’euro à laquelle est arrimée le CFA.

L’agression de l’Ukraine par la Russie a eu le mérite de redéfinir la géopolitique mondiale. Il est possible aujourd’hui qu’un pays militairement plus fort remette en cause la souveraineté d’un autre plus faible. La France étant une puissance nucléaire, que représente-t-elle pour le Bénin? Quelle doit être notre position par rapport aux intérêts de la France et celle de l’espace Francophone en général? Autant de questions qui méritent d’être posées avec le nouvel ordre mondial qui se dessine, selon le Président du parti RLC.

S’il y a aussi un sujet qui sera au menu des échanges entre Talon et Macron, c’est bien évidemment la question des dysfonctionnements du processus démocratique au Bénin, les contradictions internes au plan politique et les élections législatives de 2023. À ce propos, le Président de RLC précise que le véritable problème au sein de la classe politique aujourd’hui se résume aux problèmes personnels entre l’ancien Président Boni Yayi et son successeur. Et parlant des exilés et prisonniers politiques, « Si Emmanuel Macron souhaite le retour des exilés politiques et la libération des prisonniers politiques, qu’il s’investit alors à régler les différends entre le Président Talon et son ami Boni Yayi », a confié Iréné Agossa à l’équipe de reportage de TVC.

La France paraît de plus en plus impopulaire en Afrique.

Dans un contexte où le sentiment anti-français gagne du terrain, il faut redéfinir les relations entre le Bénin et la France dans le sens d’un partenariat bénéfique et avantageux pour chacun des États.

Le président français Emmanuel Macron augmente l’aide au continent, et a commencé à restituer les objets culturels volés pendant les guerres coloniales.

Cette visite d’Emmanuel Macron à Cotonou doit être, selon Iréné Agossa, l’occasion pour le Chef d’État français d’aller au-delà des liens intergouvernementaux habituels pour impliquer les jeunes générations et la société civile, afin que le peuple béninois à la base sente l’impact de ces rapports, dans le domaine de la sécurité, de l’énergie, de l’éducation et de la formation etc. Il faut que le Président français en profite pour rassurer et montrer que les rapports entre la France et le Bénin ne sont plus de l’ordre de la métropole et de la colonie mais plutôt de partenariat, a-t-il laissé entendre.

Iréné Agossa veut désormais que la ligne des partis politiques clarifie leur position par rapport à l’appartenance du Bénin à l’espace francophone, pour en faire un débat national. Et pour cela, il propose de faire de la francophonie une organisation des peuples et non une organisation des Etats membres. « Nous devons faire en sorte qu’il y ait ce débat afin de  déterminer la position du peuple béninois par rapport à son appartenance à l’espace francophone. »

Ce  débat est d’autant plus utile que nous pensons qu’il peut constituer un rempart contre  la montée inquiétante du sentiment anti-français, du désamour pour la France qui menace l’espace francophone.

« Que le Bénin ne se sent plus colonie, mais partenaire. » C’est ce qu’attend le Président de RLC de cette visite d’Emmanuel Macron à Cotonou.

M.M

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