André Zogo, Président du CANEA: « L’adoption de la loi portant hygiène publique ne suffit pas, il faut la vulgariser »

Depuis la promulgation de la loi portant hygiène publique, le 16 février 2022, les acteurs du sous-secteur hygiène et assainissement de base appellent à son application effective. Dans cet entretien, le Président du Cadre de Concertation des Acteurs Non Etatiques de l’Eau et de l’Assainissement (CANEA), André Zogo, revient sur les difficultés de cette application et plaide avant tout pour sa vulgarisation.

 

Plus de sept mois après la mise en vigueur de la loi portant hygiène publique, les autorités centrales semblent passer à l’action. Mais, est-ce que la loi en l’état est applicable ?

On peut dire oui comme on peut dire non. Oui parce que la loi une fois qu’elle est votée, elle doit être appliquée. L’article 13 de la loi interdit d’uriner ou de déféquer aux abords des voies publiques et des espaces publics et l’article 17 interdit de verser les eaux usées de quelque origine que ce soit les graisses, les huiles de vidange et les excréments sur les voies et les places publiques dans les caniveaux et les cours d’eau. Nul n’étant censé ignorer la loi, on peut dire que la loi est applicable. Mais, d’un autre côté, il y a des dispositions de la loi qui ont prévu aussi de faciliter la vie aux usagers. C’est par exemple l’article 11 qui dispose que les autorités locales installent et entretiennent partout où c’est nécessaire les infrastructures sanitaires adéquates notamment les douches, les cabinets d’aisance, les urinoirs et les poubelles. En plus, l’article 15 fait obligation aux communes, de mettre en place une filière complète de gestion des déchets solides ménagers et liquides. Donc, tant que ces infrastructures ne sont pas mises en place, on se demande si les citoyens ont des alternatives. Si ce n’est pas le cas, est-ce qu’on peut leur appliquer la loi.

Des citoyens ont été interpellés pour avoir déféquer ou uriner aux abords des rues. Est-ce déjà l’application de la loi ?

Ce sont les autorités qui peuvent répondre à cette question mais on peut déjà dire que c’est l’application de la loi. Par apport aux articles que j’ai cités plus haut, c’est bien la loi qui est en train d’être appliquée. Ce que je comprends, c’est que l’autorité a voulu donner un signal fort pour montrer aux populations et aux citoyens, que cette loi existe donc de chercher à comprendre cette loi qui peut leur être appliquée à tout moment. Voilà le sens que je donne à ces interpellations qui ont été faites.

Pour le CANEA qui a fait le plaidoyer pour l’avènement de cette loi, quel appel avez-vous a lancé pour une application effective de cette loi ?

L’adoption de cette loi est vraiment un évènement majeur parce que cette loi pose le cadre légal de l’hygiène publique dans notre pays. Ce cadre légal est important parce que c’est grâce à lui, que tout le reste se met en place notamment le cadre réglementaire, le cadre stratégique et le cadre institutionnel et organisationnel. Donc c’est très important ce qui est fait mais on peut dire que cela ne suffit pas parce qu’il va falloir continuer à vulgariser la loi.

 

Propos recueillis par Alain TOSSOUNON

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