Déclin du Théâtre au Bénin: Le diagnostic et la thérapie de Dah Hermas Gbaguidi pour sa relance

Le théâtre est un spectacle et un genre oral, une performance éphémère, la prestation d’un comédien devant des spectateurs qui regardent, un travail corporel, un exercice vocal et gestuel, le plus souvent dans un lieu et un décor particulier. Autour des années 60, le Bénin a connu les « milles et une nuit » de la vie théâtrale avec des troupes rompues à la tâche, des comédiens dont le talent mérite admiration, des festivals vivifiants sans oublier les partenaires financiers qui se grouillaient des meilleurs projets. Au fil du temps, les festivals ont baissé les rideaux, les comédiens sont devenus vieux et les financiers se sont retirés, la jeune génération, bien que talentueuse, ne bénéficie pas des financements sur les projets et le public se désintéresse davantage. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cela ? Depuis 2015, un expert en la matière, auteur, metteur en scène, scénographe et pédagogue formateur, a étudié le problème et trouvé les solutions. Dah Mêdehou Hermas Gbaguidi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a commencé à rendre publics ses travaux de recherche en 2022 à travers sa page Facebook dont voici la quintessence….

Depuis un certain moment, vous parlez de la relance du théâtre. Dah Mêdehou Hermas Gbaguidi pourront-nous mieux en savoir ?

Oui, la relance du théâtre, on peut dire « mais quelle mouche l’a piquée ? » C’est vrai, J’ai attendu sept ans, mais j’ai commencé par émettre la réflexion depuis 2010 sur le déclin du théâtre parce que je voyais déjà ce qui doit arriver et ce qui est arrivé. Mais quand les gens ont commencé par mettre le côté mercantiliste dans cette relance-là, l’argent a primé et je me suis dit si je commence à dire des choses maintenant, on peut dire que je veux gâcher le marché des gens. Donc, je me suis tu et j’ai laissé les gens gaspiller de l’argent sans avoir les résultats. Et quand cela a fini, après sept ans je me suis dit maintenant, il est temps que je puisse apporter ma réflexion sur ce sujet, parce que le théâtre c’est notre vie à nous. C’est trop fort si je parlais d’opportunistes, mais les gens ont pensé qu’ils pouvaient relancer le théâtre avec les sous. Or, sans avoir fait le diagnostic, sans avoir essayé de comprendre pourquoi ce déclin, l’argent ne pouvait rien faire. Voilà autant de contextes qui justifient aujourd’hui ma prise de parole sur ma page Facebook; c’est tout une étude que je livre en bout de phrase, parce que si je devrais parler, si je devrais écrire correctement, ce seraient des centaines de pages. C’est pour cela que dans un esprit de synthèse, de solidarité, de cohésion sociale et du vivre ensemble, je n’ai pas voulu écorcher les gens sinon il y a plein d’exemples que je pouvais citer pour étoffer mais ça peut blesser comme ça peut frustrer et peut même provoquer des réactions. Donc, j’ai trouvé les mots pour faire passer le message.

 

Quel résultat révèle alors votre diagnostic ?

Comme je le dis souvent, ce sont des plaies, ce sont trois choses qui ont plombé le théâtre africain francophone. La première chose, c’est le manque de filières de formation de metteurs en scène. Voilà un métier où on forme tout sauf l’essentiel. Parce qu’on a des écoles aujourd’hui qui forment des acteurs, qui forment des comédiens, qui forment des régisseurs et qui forment même des administrateurs mais aucune filière véritable de formation sur la mise en scène. Donc la mise en scène continue d’être un métier appris sur le tas et il faut qu’on arrête parce que la mise en scène, ça s’enseigne. Il y a un curricula pour cela. Et depuis 2010, nous on a déjà commencé par élaborer le curricula pour former des metteurs en scène. Et au niveau de CESAM-BENIN (Centre d’Ecriture dramatique, de Scénographie, d’Administration de Compagnie et de Mise en Scène) on a une structure de mise en scène. C’est vrai CESAM, c’est un centre, ce n’est pas une école, ce n’est pas un institut, mais nous on a pensé à ça. Donc on doit arrêter et ouvrir, que ce soit en licence ou en master, des filières pour former des metteurs en scène. Deux ans suffisent largement si la personne a fait une école de théâtre, trois ans de tronc commun, deux ans de spécialisation et c’est tout. On va régler définitivement cette plaie qui constitue une gangrène, qui érode sérieusement la profession et la retarde. Parce que la mise en scène, fait intervenir deux mots essentiels, comme je le dis souvent à mes stagiaires, la précision et l’efficacité. Or pour être précis, il faut être méthodique. Et la méthode indique des codes, indique des règles, indique des principes.

Pour atteindre l’efficacité, il faut le travail ; le talent seul ne suffit pas ; parce que le metteur en scène, c’est un directeur d’hommes, un directeur et un objecteur de conscience. Il a un propos, que souvent on ne comprend pas, et qu’on ne voit pas dans son travail, l’idéologie qu’il véhicule, l’esthétique qu’il transmet, il n’est pas efficace. C’est pour ça que le public est déconnecté à des moments donnés et ne se retrouve plus dans ce que nous présentons comme spectacle d’où il commence par désemplir les salles. Donc, voilà la première plaie par rapport au diagnostic.

La deuxième plaie c’est ce qu’on a appelé la rébellion des comédiens. Nous aussi nous avons été victimes de ça parce qu’on venait des compagnies, des troupes de théâtre. Aujourd’hui, on est passé de 1996 sinon ça a commencé petitement en 1994 jusqu’à nos jours, il y a une floraison d’ateliers. Mais c’est des anciens sociétaires des troupes qui se sont retirés de leur ensemble pour aller s’installer et créer leurs propres associations. Et comme une seule hirondelle ne faisant pas le printemps, tout le monde a commencé à créer son atelier, sa compagnie ; mais derrière ça, c’est une seule personne qu’on voit. Cela a fait qu’on a fragilisé les grands ensembles et maintenant on est devenu incapable. Pendant les années 2010, on a tenté des jumelages, on a mis deux compagnies ensemble mais ça n’a pas marché parce que des divergences ont commencé par naître aussi sur la base des humeurs, des rétributions. Le jumelage aussi a échoué et les ateliers sont nombreux sur la place mais ne peuvent rien faire de concret ; et on est resté dans cette léthargie jusqu’en 2022.

La troisième plaie, est celle que j’appelle la reconversion de nos partenaires. Oui mais avant, pour trouver les hommes de théâtre, parce que le théâtre francophone est un théâtre de CCF, Institut Français actuel, qui s’est tourné vers son programme Campus France et a oublié un peu le financement, dans toute la sous-région. Il y avait un programme qu’on appelait PADC (Programme d’Aide au Développement de la Culture), qui était des millions que le Service de Coopération d’Action Culturelle (SCAC) sortait pour les ministères, pour soutenir les artistes ; mais ce programme-là a fermé dans tous les pays. Et on ne peut plus envoyer de dossiers au SCAC pour obtenir les moyens facilement. Le Service de Coopération d’Action Culturelle (SCAC) était logé à l’ambassade, ce sont les directeurs du SCAC qui sont devenus aujourd’hui, les directeurs de l’Institut français. Ceux que vous voyez sont des directeurs délégués, le vrai directeur, c’est le directeur SCAC ; lui il est à l’ambassade. Donc ce service ne finance plus correctement or c’était dans ce service-là, quand tu as besoin d’un grand décor, de ci et ça, et même ils peuvent t’amener des metteurs en scène coopérants dans le cadre des jumelages et on faisait des choses et ils payaient tout, maintenant il n’y a plus rien. Le CITF (Conseil International de Théâtre Francophone) qui était un programme francophone logé au Canada, aussi a fermé. Depuis le départ d’Emile Lansman, c’est là où le projet Trois pays deux continents, où n’importe qui pouvait envoyer son dossier et avoir facilement un financement est compliqué aujourd’hui ; c’est devenu une question de réseau. Depuis le départ de Jacques Deck, la francophonie est devenue autre chose, parce que c’est encore devenu une question de réseau, on ne peut plus trouver le financement or on avait jusqu’à 13.000 Euros à la francophonie. On pouvait bénéficier jusqu’à 13.000 Euros, le minimum c’est à partir de 5000 Euros. Aujourd’hui, si tu n’as pas quelqu’un, c’est du genre on va dire tu ne peux pas trouver de l’argent parce que le numérique est entré dedans, la francophonie préfère investir dans le numérique, dans le développement de l’internet. Il y a pleins de programmes maintenant là-bas, qui consomment l’argent qui devrait venir à la culture. Afric’artliart, qui était un programme belge qui finançait la culture, qui finançait les hommes du théâtre, a choisi des pays et s’est retiré de beaucoup de pays. Du coup, ce financement aussi est tombé. Le programme Presscaous a préféré les anglophones et a oublié un peu ; c’est de temps en temps qu’on jette un regard sur les pays francophones. Programme DOEN. Donc du coup, on avait beaucoup de programmes. Même les villes jumelées, avant il y avait un programme aussi dans la coopération décentralisée et il y avait du financement qu’on pouvait avoir. Le grand Lyon, Orléans, le grand UNIMA, tous ceux-là finançaient les camps chantier, les histoires de déplacement des compagnies pour aller égayer la saison d’été ; on n’a plus ça. Donc voilà autant, on peut citer, mais on n’a pas assez de temps pour aller dans tous ces détails parce que c’est toute une étude. C’est fini et on est là. Donc, il faut revoir. Parce qu’il n’y a pas ce pays aujourd’hui en Afrique de l’Ouest, pays francophones bien sûr, où il n’y a pas une structure, une école, une académie ; il y en a. Mais qu’est ce qui les empêche de créer la filière : mise en scène, pour que ce soit une spécialité pour qu’après les trois ans de tronc commun en jeux d’acteur et autres et de comédie, il puisse se spécialiser. Parce que tout le monde ne peut pas être comédien et effectivement on le voit. Donc, il y a des vocations parmi ceux qui sont sortis du tronc commun et on peut les orienter pour des années de master en mise en scène et ils seront plus efficaces. Parce qu’on forme des dramaturges, des comédiens, des administrateurs, des scénographes aujourd’hui mais on ne forme pas des metteurs en scène. Donc il faut penser à cela. C’est la première solution, parce que c’est le metteur en scène qui est le chef d’orchestre ; c’est au tour du metteur en scène que le théâtre se fait. Si le pion qui doit faire le théâtre n’est pas formé, on peut avoir de comédiens talentueux mais on ne peut pas avoir de bons spectacles. Sinon ce n’est pas les comédiens qui nous manquent aujourd’hui, mais c’est les metteurs en scène qui nous manquent. Et on ne peut plus s’improviser et s’auto proclamer metteur en scène. Il faut apprendre, il faut se former, c’est la première des solutions. Et les écoles sont là, c’est une question d’ouvrir seulement la filière. Le curricula existe, s’ils ne veulent pas travailler, on peut leur donner le curricula de formation de metteur en scène. On a pensé à tout ça. On peut leur donner gratuitement comme on est en train de faire l’étude gratuitement. Ce n’est pas pour que nous venions enseigner, nous on n’est pas statué, on n’est pas académique. On est des libres penseurs, d’autres peuvent venir donner les cours ; ce n’est pas nécessairement pour que nous venions donner les cours, non ; pas du tout. Parce que à notre petite échelle aujourd’hui, nous on fait ce qu’on doit faire mais une seule hirondelle ne fait pas le printemps. Ceux qui se sont bien formalisés, qui ont des autorisations et qui doivent faire le travail n’ont qu’à faire le travail. Sinon on crée des choses, on joue une fois, deux fois, on est découragé, le public range le placard et puis c’est fini.  Et puis même, parlant des créations, il y a certaines qui commencent et qui n’arrivent pas à finir. Donc du coup, ce n’est pas d’abord une question de moyens mais une question d’homme. Mais la deuxième chose, on a vu l’échec de cette rébellion aujourd’hui, parce que presque tous les comédiens se réfugient maintenant dans l’humour. Quand leurs ateliers ne marchent plus, ils se réfugient dans l’humour et de l’humour, ils sont devenus tous des animateurs dans les nouvelles chaînes de télévision avec TNT. Donc c’est eux qui sont devenus des animateurs sans avoir une formation de journaliste ou d’animateur de télévision, ils sont tous maintenant sur des chaînes de télévision animant des émissions parce que le public de la télévision aujourd’hui, c’est un public de bas peuple, c’est le public le peu exigeant. N’importe qui, qui vient raconter ses blagues et ses conneries est applaudi et ça réjouit. Il y aussi d’autres qui vont vers l’internet, et il y a les directs, c’est pour cela que Facebook a ouvert les directs et puis tout le monde est dans les directs et les capsules maintenant.

Dans ce travail de relance du théâtre que vous avez entrepris, qu’est ce qui selon vous pourrait être servi au public du bas peuple pour que le théâtre puisse renaitre de ses cendres ? Parce que même si ce problème est résolu, le bas peuple est tourné aujourd’hui vers la télévision.

Non, c’est même ce problème qu’on avait eu en 1980 quand la télévision est arrivée ; mais la télévision n’a pas tué le théâtre. Le théâtre est un art vivant. Le public est toujours demandeur, le public veut toujours remplir les salles. Et l’expérience, moi je l’ai faite jusqu’en 2022. Tout récemment j’étais dans mon projet « réhabilitation Soweto », sur un festival à Lomé ; il y avait des troupes venues de partout, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, etc., mais mon spectacle a damé le pion à tous les spectacles, sur plus d’une dizaine de spectacles ; reconnu officiellement. Parce qu’après chaque spectacle il y  avait une table ronde. Et unanimement, même ceux qui ont amené leurs spectacles ont respecté le mien. Ce n’est pas parce que les autres ont démérité, non, ils ont présenté de beaux spectacles mais le mien s’est imposé. Le public était unanime parce qu’il comprenait. Et partout où on a joué ce spectacle, il s’est toujours imposé. Le cinéma, la télévision n’ont pas tué le théâtre. C’est la mauvaise qualité des spectacles qui a fait fuir les gens. Quand de bons spectacles vont commencer par rentrer, ils vont revenir en courant même. Il faut mettre seulement les conditions en place, parce que c’est une question de nom, c’est une question d’affiche. Quand le nom s’impose, il y a du monde. C’est pour cela je dis que la chose est claire et simple mais c’est difficile à comprendre. Ce n’est pas une question d’argent d’abord, ce n’est pas une question de public, le public est là et nous attend. C’est après que les moyens, parce qu’il faut travailler, et l’artiste doit vivre de son travail depuis le chantier, depuis la résidence, jusqu’à la fructification. Parce que les représentations, c’est la fructification. Il faut qu’il ait le minimum pour pouvoir se mettre au travail. Parce que l’intrant qu’on a au théâtre, c’est les hommes, ce n’est pas du bois. Or pour que l’homme puisse travailler, il faut l’offrir les meilleures conditions, et c’est là où on a maintenant besoin de l’argent. Or la coopération, on l’a dit, ils se sont reconvertis parce qu’il y a eu des gouffres là, il faut oser le dire. En 2000, je l’ai dit dans les médiatiques, l’opération de Lille 2000, on a mis des millions d’euros pour faire une méga opération sur l’Afrique, et on a invité tous les grands de l’Afrique avec des spectacles mais ça a été un gouffre financier. Les spectacles étaient mal accueillis, les gens n’étaient pas satisfaits. Même les auteurs des spectacles qu’on a invités, les gens criaient dans la salle, ‘je ne me retrouve pas dans mon texte’, ‘ils ont massacré mon texte’, des mots comme ça sont sortis. Si l’auteur qui a écrit son texte, et qui était dans la salle n’est pas satisfait et crie comme ça son ras-le-bol, il y a un problème. Donc ça veut dire qu’il doit avoir une complicité entre l’écrivain, les comédiens et le metteur en scène. Si tout ça n’est pas réuni ça ne marche pas. C’est pour cela qu’on parle de précision et d’efficacité. On doit mettre tout le monde d’accord. La deuxième chose, la francophonie, on voulait faire une réhabilitation de Koulsy Lamko. C’était une grosse production africaine ; les metteurs en scène, les comédiens sont venus de partout et ça s’est passé au Burkina-Faso ; gouffre financier aussi, ça a échoué. Nous avions fait le spectacle mais personne n’a aimé. Avec des grands comédiens et de grandes comédiennes qui étaient dans la division, et bien payés mais le même problème est revenu, le metteur en scène toujours. Donc, quand c’est comme ça, la coopération aussi a commencé par se poser des questions. L’enthousiasme qu’ils avaient à jeter de l’argent est parti ; ils ne peuvent pas continuer à jeter de l’argent par la fenêtre. Ce sont des choses qui ont découragé un peu la coopération mais la coopération est faite pour financer la culture, elle ne devrait pas se décourager. Donc, je ne leur trouve pas raison. Ils pouvaient maintenant être plus rigoureux et n’accepter que les meilleurs projets et suivre les projets dans leur réalisation ; mettre des garde-fous pour que ça n’aille pas à la dérive, c’est ce qu’ils devaient faire mais ils n’ont pas fait ça. Ils ont laissé tout le monde à sa libre conscience, à son libre arbitre or le mal est fait maintenant. On ne peut pas guérir un mal sans faire le diagnostic. On ne connaît pas d’où c’est venu et on se jette pour dire voilà, on va traiter. On a cherché des médicaments, des solutions qui n’ont pas marché parce qu’on pensait que si on mettait quinze (15) millions à la disposition, on crée un spectacle et puis on tourne le spectacle ; mais ça n’a pas marché. Moi j’ai vu des spectacles pour la relance du théâtre, les gens sont allés dans une université de plus de 30.000 étudiants et ils ont joué dans la salle vide. Même celui qui a été négociant et a programmé le spectacle, n’était pas au spectacle, j’ai vu ça. Mais les étudiants étaient là dehors en train de manger et de parler entre eux sans entrer or c’était gratuit pour eux. Donc il faut repenser. La mobilisation, les artistes étaient découragés et ils ont laissé. On ne peut relancer comme ça dans ces conditions. On a mis l’argent seulement dans les hôtels, dans la restauration, dans le déplacement ; l’objectif n’est pas atteint. Donc c’est pour éviter ça que nous on a dit, il faut corriger, redresser, combler les vides avant de parler de relance. C’est délibérément que je me suis dit, qu’on peut prendre la parole aujourd’hui pour sortir quelque chose de bien, de potable pour la profession parce que nous à notre âge, si on ne transmet pas c’est une perte. Donc, il faut quand-même laisser quelque chose pour la génération qui vient parce que nous on a déjà échoué, ma génération a échoué. Aujourd’hui le Fitheb a fermé, ça c’est toujours l’échec littéraire ; c’est l’échec partant de la littérature. Que ça ne servait à rien, c’est ce qu’on vous a dit. Si ce n’est pas le programme Campus France, c’est comme ça on aurait fermé les instituts français. C’est le seul, programme campus France qui fait vivre les instituts français aujourd’hui.

 

Merci à vous, quel est ce mot fort que vous avez enfin?

Je ne suis pas dans la désespérance, par ce que quand tu es un objecteur de conscience et un libre penseur, on ne te force pas à faire quelque chose. Mon étude, c’est mon étude ; ce n’est pas une commande. Donc du coup, c’est une réflexion que j’apporte, parce qu’il y a une attente sinon des attentes même, mais tout est dans le contenu ; est ce que le contenu est crédible ? C’est pourquoi je mets sur Facebook parce que sur Facebook, les commentaires sont libres. Si quelqu’un ne se retrouve pas dedans, il va t’attaquer en même temps mais Dieu merci jusque-là, tout le monde se retrouve dans ce qu’on écrit. Je n’ai pas encore retrouvé un objecteur qui dit que ce n’est pas encore ça. Et les noms que je cite, les gens eux-mêmes se reconnaissent. La preuve, la dernière fois, Emile Lansman a reconnu. On se connait, on connait l’histoire. Donc c’est la réalité pure et dure que nous devons comprendre et nous mettre au travail maintenant pour remonter la pente, parce que c’est possible aujourd’hui de remonter la pente. On ne doit plus se réfugier dans des choses, parce que tous les meilleurs comédiens se réfugient dans l’humour aujourd’hui avec les capsules parce que les capsules sont en ligne et ce qu’ils présentent et qui marche aussi parce qu’ils ont  souvent 10.000 vues mais ce n’est pas ça leur travail parce que avec ça ils ne peuvent pas gagner de l’argent. Leur travail c’est dans les salles, c’est sur le plateau ; ils ne sont pas des acteurs, ils sont des comédiens. Parce que c’est des vidéos mal fichues avec de iPhone, ce n’est même pas un travail professionnel de montage. La preuve, quand ils n’ont pas les droits de musique, on les met en sourdine. Quand quelqu’un signale, Facebook est obligé de les bloquer parce qu’ils n’ont pas les droits, parce qu’ils ne sont pas des auteurs. Le théâtre c’est une chaîne, c’est une chaîne de valeur où tout le monde se retrouve : auteur, metteur en scène, interprète, comédien, scénographe, régisseur, médiateur, accessoiriste… Donc c’est une industrie le théâtre. Donc on ne peut pas dire que ça ne va fonctionner, c’est un métier multidisciplinaire.

Fayçal DRAMANE (Stag.)

 

Dah Hermas Gbaguidi

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