Droits fonciers des femmes dans l’Atlantique: Les lignent bougent, Kas et Wildaf Bénin renforcent la sensibilisation

( Ouidah : Dépositaires de la tradition, femmes de groupement mieux informés)

 

 

 

Après le département du Zou où les cours royales ont été mises à contribution pour le renforcement du rôle économique de la femme à travers son accès sécurisé aux terres agricoles, la Fondation Konrad Adenauer (Konrad Adenauer Stiftung _KAS_) descend dans l’Atlantique pour poursuivre la sensibilisation et le plaidoyer à l’endroit des dépositaires de la tradition. Cette fois-ci, c’est le réseau d’Ong Wildaf Bénin que la Fondation allemande appuie dans cet exercice, qui a lieu du 12 au 16 décembre 2022.

Le 12 décembre, c’est Kpomassè qui a accueilli la séance inaugurale de sensibilisation conduite dans ce département par les femmes de Wildaf Bénin, soutenues par la KAS. Le lendemain, mardi 13 décembre, elles ont posé leurs valises à Ouidah pour les mêmes messages. Étaient présents à cette activité qui s’inscrit dans le cadre du programme  »Un seul monde sans fin » de la Fondation Konrad Adenauer, la tête couronnée Dah Daagbo Avimadjènon, des chefs de collectivités et de familles, des dignitaires de la religion endogène, des femmes de groupements, des élus communaux et locaux de ladite commune. Pour Mounirou Tchacondoh, coordonnateur de la KAS Bénin, l’objectif de cet exercice reste le même, à savoir : << sensibiliser et informer ces rois et aussi recueillir leurs approches de solutions pour que les femmes aient beaucoup plus accès à la terre parce qu’aujourd’hui le contexte l’exige plus>>. Justement, parlant de contexte, il a évoqué entre autres la guerre Russo Ukrainienne << qui entraîne des difficultés dans l’approvisionnement alimentaire>>. Mounirou Tchacondoh s’est voulu plus explicite : << Or, c’est les femmes qui sont aussi affectées. Quand il y a des difficultés liés à la cherté de la vie, c’est la femme qui sent ça plus, parce qu’au niveau des foyers, des familles c’est la femme qui est pilier de la sécurité alimentaire, pilier de l’économie familiale, et donc toute action rentrant dans le cadre de la recherche des voies et moyens pour augmenter ses revenus lui permettant de pouvoir faire face à ces crises est vraiment très importante. Et nous savons que les rois sont des acteurs clés du programme  »Un seul monde sans fin  ». Ce qui fait que de temps en temps nous organisons ces séances de causeries, d’échanges, de débat et de plaidoyer pour que les difficultés soient beaucoup plus assouplies à leur niveau et qu’ils contribuent davantage à la facilitation de l’accès de la femme à la terre>>. Après la projection d’un téléfilm support à la sensibilisation, et qui a ressorti les réalités socioculturelles excluant la femme du partage d’un héritage foncier en violation des dispositions légales lui donnant plein droit d’y accéder au même titre que l’homme, les facilitatices de Wildaf Bénin, dans la langue Fon la plus parlée et la plus accessible du milieu, se sont attardées sur la Constitution prônant l’égalité des sexes, le Code des personnes et de la famille dans ses dispositions sur le partage d’héritage et le Code foncier et domanial à travers les modalités d’accès au foncier (héritage, location, donation, achat …) jusqu’à la sécurisation de la terre ( attestation de détention coutumière, attestation de recasement….). Les avantages lorsqu’une femme a accès à la terre n’ont pas été occultées. À leur tour, les participants ont posé diverses préoccupations qui ont trouvé réponses. <<Toujours est-il que les débats sont ouverts. Il y a des positions tranchées mais de plus en plus, on note d’assouplissement dans ce milieu très conservateur, il faut le reconnaître. Au niveau de la majorité, les lignes bougent et nous espérons que dans les échanges toujours permanents et le dialogue qui est tissé, on va un jour arriver à un consensus qui permette davantage aux femmes de travailler librement dans les champs et de vivre des fruits de leur dure labeur>>, a conclu le coordonnateur de la KAS-Bénin, Mounirou Tchacondoh. Et c’est sur cette note d’espoir que les parties se sont séparées.

JB

Ils ont dit :

Sylvie Agassounon épouse Fagbédji, participante : << J’ai beaucoup aimé cette séance qui m’a permis d’avoir des informations sur les droits fonciers des femmes, l’éducation équitable à donner au garçon et à la fille ; toutes choses que je pourrai partager avec mon entourage. Je voudrais remercier la KAS et Wildaf Bénin pour les enseignements…>>

Dah Daagbo Avimadjènon, chef de la collectivité Ahouandjinou Kplédomagboloko : << j’ai accepté prendre part, avec d’autres, à cette séance au regard de la pertinence de la problématique : accès de la femme à la terre, égalité homme/femme, sécurisation de la terre… A notre notre tour, nous allons accentuer le travail que nous faisions déjà dans ce sens>>.

Cyrille Fadégnon, chef du 1er Arrondissement de Ouidah : << Wildaf a vu juste en faisant appel aux garants de la tradition (…) parce que par le passé la femme n’avait pas droit aux terres familiales ; c’était la chose des hommes (…) Maintenant que nous évoluons sur les textes, il est normal qu’on revienne à la base le leur expliquer. (…) La femme aussi doit avoir accès à la terre parce que lorsque nous parlons d’autonomisation, si la femme n’a pas la terre pour cultiver elle ne pourra pas aider son mari au sein du foyer …>>

Fructueux Prudencio, chef du 3eme Arrondissement de Ouidah : << … Beaucoup de nos communautés sont dans l’ignorance de ces textes, d’où je trouve très bien cette activité.(…) Le grand problème c’est l’éducation d’abord. Il faut que les parents aient d’ambition pour leurs enfants surtout les filles>>

 

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