(Patrice Talon appelé à corriger le tir)
Ça grogne à nouveau dans le secteur éducatif au Bénin. Mécontents, les enseignants Agents contractuels de droit public de l’État (Acdpe), recrutés en 2016, sont montés au créneau ce lundi, 26 décembre 2022 pour dénoncer une injustice dont ils se retrouvent victimes. Par le truchement d’une déclaration lue à Lokossa, ces derniers dénoncent le fait qu’ils soient mis en formation pour le Brevet d’aptitude au professorat d’enseignement technique (Bapet) au lieu du Certificat d’aptitude au professorat d’enseignement technique (Capet)…
Fortement mobilisés à l’Ecole normale supérieure de Lokossa, les enseignants Agents contractuels de droit public de l’État (Acdpe) de la promotion 2016 ont exprimé leur mécontentement face à la situation d’injustice. A en croire le Président du Collectif des Acdpe 2016, Régis Gbehinto, ils étaient deux cents soixante-dix (270) enseignants à être recrutés avec la Licence Professionnelle et déployés dans les lycées techniques agricoles, les lycées techniques industriels, les centres de formation et les centres de métiers en 2016. Ainsi, six ans durant, ces derniers exercent le travail des professeurs certifiés, “c’est-à-dire qu’ils interviennent dans les classes du second cycle“. “A la signature de nos contrats, le formulaire de contrat présenté était sans corps, sans grade ni salaire. Malgré l’existence de toutes les dispositions légales, nous avons été classés dans la catégorie B, échelle 1, échelon 1“ a-t-il déploré avant de préciser que l’article 91 de la loi n° 2015-18 portant statut général de la fonction publique stipule pourtant que la troisième échelle de la catégorie A est constituée « du diplôme du niveau 1 des Ecoles et Instituts de l’enseignement supérieur, licence professionnelle ou équivalent ». Il a également fait référence au “décret N° 2015-373 du 24 juin 2015 portant régime juridique d’emploi des Agents contractuels de l’Etat (Ace) qui précise en son article 10 dernier alinéa que la troisième échelle de la catégorie A est composée de diplôme du niveau 1 des écoles et instituts de l’enseignement supérieur, maîtrise ou équivalent“. Ceci pour déplorer une injustice voire une confusion liée à leur reclassement dans la catégorie B. En réponse, ces enseignants contractuels affirment avoir mené plusieurs démarches à l’endroit du ministère de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle (Mestfp) qui se sont révélées infructueuses.
“Sans issue, nous avions écrit au Président de la République du Bénin…N’ayant toujours pas de suite favorable, nous avons saisi le juge administratif à travers un cabinet d’avocat pour nous défendre. Des correspondances ont été adressées aux différents ministères concernés“ se désole Régis Gbehinto, porte-parole du Collectif.
Formation pour le Bapet : nécessité de corriger le tir…
Et comme si cela ne suffisait pas, ces enseignants ont été mis en formation, il y a quelques jours, pour le diplôme du Bapet au lieu du Capet. “…l’Enset a toujours formé les titulaires de Licence Professionnelle pour le Capet“ dénoncent les enseignants Acdpe 2016. Selon ceux-ci, pour un même diplôme, des agents sont formés pour des diplômes de niveau différent dans la même corporation. Une situation confuse voire incompréhensible étant donné que l’argent du contribuable sera investi pour former des enseignants pour un diplôme du premier cycle alors que dans l’enseignement technique, le premier cycle est très rare. Pourquoi veut-on former ceux-ci pour le Bapet alors qu’ils ont servi depuis leur recrutement au deuxième cycle (niveau Capet) ? La question reste toute posée. Selon le porte-parole du Collectif, le gouvernement, en sa séance du Conseil des ministres du 30 juin 2021, a annoncé le recrutement de 662 aspirants au profit des lycées techniques agricoles dont 517 de niveau licence professionnelle seront formés pour obtenir le Capet. Ce fut également de même pour les 60 élèves professeurs certifiés du Mestfp recrutés en 2020 (du conseil des ministres du 29 juillet 2020) alors qu’ils sont tous titulaires d’un baccalauréat + 2 ans révolus, précise Régis Gbehinto. “..les Acdpe de la promotion des reversés en 2008 dans l’enseignement technique et la formation professionnelle, avec la licence professionnelle ont été formés pour le Capet…depuis notre recrutement, certains de nos collègues titulaires de licence professionnelle ayant les moyens, ont pu s’inscrire sur fonds propre et ont obtenu leur Capet ici-même à l’Enset de Lokossa“ a-t-il poursuivi.
Mécontents et déçus de l’indifférence de leur ministère de tutelle face aux multiples démarches menées afin que le tort à eux, causé, soit réparé, ils appellent le Chef de l’Etat, Patrice Talon à leur secours. Ces derniers plaident pour être formés pour le Capet comme ce fut le cas dans l’enseignement technique jusqu’ici. “ Nous souhaitons obtenir notre arrêté de mise en formation avant le démarrage de notre formation initiale ; décaler le premier regroupement de la formation initiale des enseignants recrutés avec la licence professionnelle afin de corriger cette injuste qui s’annonce sur notre promotion et sur notre carrière“ plaident-ils.
A.B