Après les législatives au Bénin: Pourquoi cette fatwa contre Yayi ?

 ( Son poste de Médiateur de la Cedeao en Guinée comme chantage )

 

Après qu’il a battu campagne et a ratissé large dans le cadre des législatives du 8 janvier pour le compte du parti ‘’Les Démocrates’’ dont il est le Président d’honneur, Boni Yayi fait objet d’une cabale ciblée et d’un chantage au quotidien. Ses détracteurs lui contestent avec ignorance, méconnaissance et médisance cette attitude sous prétexte que l’homme est déjà choisi comme médiateur de la Cedeao dans la crise guinéenne et ne devrait donc plus s’interférer dans la chose politique de son pays. Erreur !

 

Le parti ‘’Les Démocrates’’ est sorti troisième des législatives dernières avec 28 sièges sur les 109 en jeu. Alors que beaucoup ne vendaient pas chère sa peau, cette formation politique de l’opposition au régime de Patrice Talon a pourtant réussi le challenge de faire son entrée triomphale au parlement béninois. Mettant dare-dare fin à l’atypique parlement monocolore installé en 2019 à l’issue d’une élection qui n’a connu que la participation des partis politiques du pouvoir. Si ‘’Les Démocrates’’ conduit par Éric Houndété a réussi comme un coup de maître à faire une percée sans précédent dans les grandes villes du Bénin, c’est en partie grâce à un homme : Boni Yayi. Président d’honneur du parti, ancien Chef de l’État, il a, aux dernières heures de la campagne entrant dans le cadre de ces législatives, pris son bâton de pèlerin pour sillonner plusieurs régions du pays. En appelant ainsi à voter pour cette formation politique, tout en prônant la paix. Des échos qui à l’aune des résultats ont sonné le glas dans le rang des électeurs, qui se drainaient en masse pour écouter Boni Yayi, durant tout son trajet.

Du rappel au quiproquo…

En réussissant à trôner les autres formations politiques de la mouvance dans ses fiefs traditionnels et dans d’autres villes phares du pays dont la métropole Cotonou, Boni Yayi a réussi à se faire beaucoup d’ennemis. De certains candidats aux affidés du pouvoir, le discours contre l’homme demeure le même : il compromet la paix. Mais pourquoi ? La réponse à cette question devrait renvoyer chacun en arrière. En effet, en conflit ouvert avec la Cedeao, la junte militaire au pouvoir en Guinée ne s’entendait point avec l’institution sous régionale, sur la durée de la transition. Après plusieurs échecs dans les négociations entre les deux parties pour trouver un calendrier de transition équitable, Boni Yayi a été mandaté par l’institution après proposition du Bénin, comme Médiateur dans cette crise. Tel un conciliateur qui a souvent fait preuve d’altruisme et de dextérité, l’ancien Président de la République du Bénin a réussi à convaincre la junte militaire guinéenne, sur la proposition de la Cedeao. Ainsi, après près d’un an sans issue, Boni Yayi obtient désormais de ce pouvoir de transition, un accord de 24 mois de gouvernance, au lieu de 36. Là où les sanctions et menaces n’ont pu fait fléchir, Boni Yayi avec diplomatie et technicité a donc réussi. Une fierté d’ailleurs partagée par les béninois qui continuent de trouver en leur ancien dirigeant, un homme d’amour à qui tout réussi. Avec donc cette posture qui n’est que de circonstance, certains pensent à tort que l’homme devrait devenir une tombe et n’a plus aucun droit de prendre fait et cause pour son parti politique. Au point même de contribuer activement à sa présence au parlement.

Une fatwa quoi qu’indigne…

Devenant de plus en plus pressantes, les critiques déraisonnables envers Boni Yayi résonnent. Il n’y a donc plus de jour où il n’est pas indexé notamment dans les réseaux sociaux. De la violence verbale à ce qui tend vers l’acharnement, tout s’y passe. Pour peu que cela dénie à Boni Yayi, son droit de supporter ouvertement et vertement son parti politique. Mais à quelle fin ? En filigrane, toutes ces attaques convergent vers la déchéance de l’homme de ce titre de Médiateur de la Cedeao. Des attaques à coup sûr infondées, loin de tout justif cohérent. Puisque Boni Yayi n’invente rien et ne viole rien. En ce sens que rien ne l’oblige à s’écarter de la vie politique de son pays. Encore moins ce titre de Médiateur. Puisqu’avant et à l’instar de l’homme, d’autres ont toujours adopté sans brouhaha ni tôlée, cette attitude. Pour preuve, l’ancien Président nigérian Olusegun Obasanjo, du haut de ses 86 ans, fait campagne aujourd’hui pour un Nigeria mieux gouverné et dépouillé de corruption.  Et pourtant, il est Médiateur dans tous les coins de ce monde. Mieux, il n’est pas du même bord politique que le Président nigérian. Le Président Issifou Mohammadou du Niger a fêté récemment à la tête de son parti, sa victoire aux dernières élections lors du dernier congrès de ce parti. Barack Obama, face à la crise raciste aux États-Unis, a mené le combat au sein de son parti « Démocrate » et a même battu campagne pour l’élection de Joe Biden à la tête du pays de l’oncle Sam. François Hollande a appelé tous les français à voter pour la réélection d’Emmanuel Macron. Peut-on oublier Abdoulaye Wade, 96 ans au Sénégal, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié Côte d’Ivoire ? Goodluck Jonathan au Nigéria ? Face aux différents vices et maux qui continuent de miner le Bénin et qui fâchent par exemple les producteurs de soja, demander à Boni Yayi de battre retraite est trop demander. Tant qu’il ne prône ni la division ni la violence dans ses sorties, il n’est pas important de le forcer au silence. Tant qu’il prône le calme, la paix, la stabilité, la sécurité, la démocratie, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le respect de l’unité nationale, la lutte contre la corruption, l’égalité des chances, l’accès équitable au service public et l’équilibre des pouvoirs, des institutions fortes indépendantes et non-sous-ordre… ; l’homme ne commet aucun crime. Boni Yayi n’est d’ailleurs candidat à rien. Si le décharger de cette mission déjà réussie pour ce qui est du cahier de charges est l’idée derrière ces nombreuses frasques le visant, il est illusoire de penser que l’homme voudra avec tout l’engagement qui lui est connu, abdiquer.  Ceci, jusqu’à preuve du contraire.

 

M.M

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