Loukman Tidjani à propos de la Jif 2019 : « Nous devons inciter davantage de femmes et de jeunes filles à se consacrer au numérique »

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Le Bénin célèbre, à l’instar de la communauté internationale, la Journée internationale de la Femme ce 08 mars 2019. Au-delà des manifestations festives, le consultant formateur spécialiste des questions de jeunesse et de la recherche de partenariat (Scrp/Ocj) Loukman Tidjani s’intéresse aux opportunités qui s’offrent à la gent féminine dans le secteur du numérique. Voici l’interview qu’il a accordée à Matin Libre sur le sujet.

 

Matin Libre : Dites-nous que vous inspire la célébration du 8 Mars ?

Loukman Tidjani : Il est bien vrai que le 8 mars est reconnu comme la Journée Internationale de la Femme. Mais je pense qu’il est important de faire une nuance et de préciser. Pour ma part, le 8 Mars doit être perçu comme la journée internationale de lutte pour les droits de la femme et non la journée de la femme. Cela suppose que les actions de célébration doivent s’orienter vers des réflexions sur les questions cruciales qui touchent et affectent les droits des femmes mais aussi à proposer des pistes d’actions futures pour assurer de façon durable l’amélioration de la condition des femmes et l’acquisition d’un statut équitable. Cette journée doit être l’occasion de évaluer les progrès accomplis dans l’accès des femmes aux services sociaux de base que sont l’éducation, l’alphabétisation, les services de santé, l’accès à l’eau.

Pensez que les objectifs d’égalité sont atteints dans le monde et au Bénin ?

Difficile de répondre par l’affirmation. Le chemin vers l’égalité est encore long et surement périlleux. Des injustices et des inégalités frappent encore des femmes dans toutes les régions de notre pays et nous devons avoir le courage de les dénoncer mais aussi et surtout de les corriger pour donner plus de dignité à la femme et à la jeune fille. Des femmes sont privées du droit à l’héritage des localités de notre pays. Dans d’autres localités, ce sont les violences physiques qui sont silencieusement tolérées par ceux qui doivent les punir. On pense aussi bien entendu, à certaines pratiques religieuses et culturelles qui creusent le fossé: le sexisme, la discrimination professionnelle, l’écart des salaires, le harcèlement et la manipulation, la violence conjugale. Nous sommes donc loin de la justice sociale. Cela appelle non seulement un engagement individuel mais surtout collectif de la part des communautés.  Cela appelle aussi un changement de paradigme dans notre façon de faire les choses. C’est justement à cet exercice que nous sommes conviés cette année autour du thème : « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement »

Que peut-on comprendre par ce thème ?

Ce thème nous rappelle juste l’engagement pris dans le cadre de la réalisation des Objectifs de Développement Durable. Il exige de nous des solutions nouvelles, des approches intégrées et multisectorielles qui peuvent nous permettre de lutte contre les violences basées sur le genre. Ces approches doivent permettre d’assurer l’autonomisation des femmes et amener chaque femme à développer son potentiel. Nous sommes dans un monde en pleine mutation et nous devons aussi sortir des chantiers battus, changer le paradigme de nos actions/interventions en proposant des pistes nouvelles et faire en sorte qu’une aucune femme, aucune fille ne soit laissée de côté. Nous devons rompre avec le statu quo. L’engagement des hommes doit donc être renforcé. Le leadership des femmes doit être encouragé. L’innovation et la technologie offrent aussi des possibilités à explorer pour des actions d’impact plus grand.

Vous avez parlé de Technologie ?

Oui, Nous pouvons tous reconnaitre que le progrès de la technologie a révolutionné le monde actuel ainsi que nos mœurs, nos vies publique et privée. Les nouvelles technologies nous ont plongés sans notre volonté dans un monde plus vaste, plus informé et plus exigeant. Sans que l’on ne s’en rendre trop compte, notre manière de travailler est particulièrement bouleversée depuis une vingtaine d’années. La technologie, à l’image de la révolution industrielle qui a redessiné l’économie, la société et l’environnement; a transformé l’aspect des espaces de travail, nos outils, et le fonctionnement interne des entreprises en général. Elle peut donc aussi contribuer à changer notre manière de voir la femme dans la société.

Il existe dans ce domaine pourtant nouveau et novateur des disparités entre les sexes …

En effet, le nombre de femmes ayant accès à l’internet et au service de la technologie par exemple est inférieur à celui des hommes connectés ; et le fossé continue de se creuser. Outre l’obligation morale qui nous incombe, la réduction de cet écart constitue une vraie chance de croissance dans le monde numérique d’aujourd’hui. Elle est également nécessaire pour atteindre l’Objectif de développement durable N° 5 de l’ONU: «Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles». Si nous n’avons pas pu réussir la révolution industrielle, nous pouvons réussir celle digitale. Nous avons des chances énormes de le faire. Pour y arriver, nous devons inciter davantage de femmes et de jeunes filles à se consacrer au numérique et aux TIC. J’ai personnellement la satisfaction de voir beaucoup de jeunes femmes s’investir et réussir dans ce domaine. C’est l’un des grand succès de notre époque. La durabilité de ce succès passe  par l’investissement dans l’éducation technologique et la mise en œuvre de moyens pour inciter davantage de filles à se consacrer aux sciences, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques.

Les technologies de l’information et de la communication sont pour le milieu urbain. Quid des femmes en milieu rural ?

 

Il faut assurer l’égalité entre les femmes par un accès de tous aux services sociaux, un renouveau culturel et une ouverture technologique. Il est important élargir la gamme des emplois générateurs de revenu offerts aux femmes des zones rurales, et notamment aux jeunes filles, en apportant un soutien plus équilibré aux activités rurales; et en exploitant pleinement les possibilités offertes par les nouvelles technologies de la communication au plus grand nombre possible de métiers pouvant être exercés dans le monde rural. Il faut apporter la technologie vers les femmes et les filles en milieu rural à travers des interventions et programmes de formation orientées vers l’utilisation et l’exploitation des technologies. Il faut s’appuyer sur organisations agricoles et rurales qui généralement comptent toujours parmi leurs membres un nombre plus ou moins important de femmes en créant par exemple des télécottages.  Non seulement la société rurale dans son ensemble bénéficierait d’une telle évolution, mais les jeunes filles et les femmes trouveraient là aussi de nouvelles possibilités d’améliorer leur vie scolaire, professionnelle et familiale.

Pensez que vous les décideurs nationaux comprennent ces défis ?

Bien que des actions soient menées depuis plusieurs années par divers acteurs, les progrès ne sont pas tangibles. Beaucoup de belles initiatives ont manqué de suivi, d’appropriation par les décideurs. Le leadership politique n’a toujours pas été présent pour accompagner, orienter les actions vers l’impact. D’où la nécessité de changer de cap.

J’ai eu la chance de parcourir les documents de développement nationaux en occurrence le Plan National de Développement et le Programme d’Action du Gouvernement. Je pense que les ambitions sont définies mais il reste à s’inspirer des best practices. On n’a pas besoin de réinventer la roue. Il faut la capitalisation des expériences en intégrant les solutions innovantes développées par les start-up de jeunes. Beaucoup d’expériences répondent déjà aux défis. On peut parler de la plateforme « trotrogaho » développée par OneWorld UK pour l’UNFPA Benin qui intègre les TIC à la lutte contre les Violences Basées sur le Genre. Il y a aussi l’application « AKWEWA » qui facilite le transfert d’argent à travers une mise en relation. On peut parler de l’initiative WISPA de Etrilabs qui renforce les compétences des femmes dans le domaine du numérique. Il faut encourager ces initiatives et s’y appuyer dans la mise en œuvre du programme ARCH et du Programme de Micro-crédit.

Votre mot de fin ?

Je souhaite une féconde journée de réflexion et d’action aux femmes pour le respect de leurs droits et leur émancipation. Nous sommes à la croisée de chemin où nous avons besoin de libérer le potentiel des femmes et de leur donner plus de dignité et de respect dans la société. Les hommes doivent au-delà des fleurs, des roses s’engager aux côtés des femmes. Je suis certain que nous réaliserons un « siècle des lumières pour la femme » grâce à notre humanisme et à la technologie.

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