Obtention du récépissé et poursuite de la lutte par les Fcbe: Pourquoi Hounkpè, Yarou, Amadou… si sûrs ?

Accusés d’avoir trahi les Fcbe pour un pseudo congrès excluant deux éminents membres du Bureau, ce qui a débouché sur l’obtention du récépissé provisoire puis définitif désormais, le trio Paul Hounkpè, Théophile Yarou et Issifou Amadou se veut tellement optimiste quant à l’avenir de ce grand parti politique de l’opposition. Sur quoi se fondent-ils, pourrait-on se demander.

Pour un grand parti comme les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), exclu des législatives d’Avril 2019 à l’instar de toute l’opposition d’ailleurs, il n’était pas question pour le Pouvoir de Patrice Talon notamment son ministre de l’Intérieur de lui dicter une ligne directrice interne à adopter avant l’obtention du certificat de conformité ou récépissé consacrant son existence légale. A maintes reprises, et surtout après ces élections législatives auxquelles n’ont été acceptés que les deux néo partis du Pouvoir Talon, les ténors Fcbe l’ont martelé : le parti avait déjà satisfait à toutes les observations antérieures et ne saurait se plier à une nouvelle, soulevée par le ministre Sacca Lafia qui exigeait le remplacement de certaines têtes de pont comme Valentin Djènontin et Komi Koutché, hors du territoire national parce qu’ils seraient recherchés par la justice béninoise. Cette fermeté dans la position des Cauris était même soutenue par des alliés, quand subitement, contre toute attente, en début de week-end dernier la nouvelle de la délivrance d’un récépissé provisoire aux Fcbe tomba. En effet, dans sa correspondance en date du 17 septembre, qui a atterri dans les réseaux sociaux dans la soirée du vendredi 20 septembre, Sacca Lafia notifiait à ceux qui ont tenu un congrès non su du grand nombre notamment Paul Hounkpè, Théophile Yarou et Issifou Amadou la délivrance du sésame au parti. Des « traitres », des « vendus », « putschistes »…, quels autres qualificatifs n’ont-ils pas essuyé en termes d’injures ? Et pourtant, Théophile Yarou et ses compères continuent de jurer que ce n’est pas de la trahison et que leur acte répond à une logique. «Quand des gens luttent pour avoir un récépissé, ceux qui ont fait le combat ne peuvent pas être désignés comme des traîtres, il faut plutôt les féliciter », dixit Allassane Soumanou Djimba, ancien ministre de l’Enseignement secondaire de l’ancien président de la République et président d’honneur des Fcbe, Yayi Boni. A l’instar de Soumanou Djimba dit Gatéri, c’est aussi un ouf de soulagement pour Yaya Garba, Idrissou Bako qui s’alignent derrière le trio qui a opéré le coup de force. Et pour ceux qui pensent que des membres influents (à qui l’administration s’oppose à délivrer des pièces parce que recherchées par la justice) ont été illégalement exclus du Bureau pour en arriver là, l’ancien ministre de la Culture et désormais Secrétaire exécutif national du parti s’est voulu on ne peut plus clair : “C’est de là que nous nous sommes dit qu’il faut les sortir momentanément pour que les semaines et mois à venir, ils reprennent leur place. La ruse a besoin de la ruse. On avance !” Et à Théophile Yarou d’ajouter : « Quand tout sera terminé, on pourra reprendre les choses et remettre chacun à sa place ». En résumé, Valentin Djenontin et Komi Koutché du côté de l’Occident pourront être réintégrés dans le parti dans les plus brefs délais. En tout cas, le temps que le parti obtienne tout ce qu’il lui faut pour qu’il existe. N’est-ce pas de l’utopie, est-on tenté de se demander ?
L’optimisme ne se s’est pas arrêté là…
Au-delà de ce que Théophile Yarou et consorts se réjouissent de ce que les Fcbe sont toujours un parti de l’opposition avec le maintien de son président d’honneur, Yayi Boni dans la nouvelle configuration ayant conduit à l’obtention du récépissé définitif désormais, ils sont plus qu’optimistes quant aux luttes prochaines ou futur. «Il faut que nous soyons un parti politique qui a pour objectif la conquête du pouvoir.
Tout le monde ne peut pas applaudir. Il n’y a rien à faire, nous irons aux élections pour battre Talon. Nous avions perdu la présidentielle à cause d’un mauvais choix en 2016 (…) Tout débat se fera au sein du parti. Ceux qui pensent qu’il ne faut pas aller aux élections se trompent, car on ne fera pas la politique de la chaise vide», annonce le ministre Soumanou. Pour l’ancien député et membre du parti, Idrissou Bako, il faut désormais poursuivre la lutte politique. Et cela passe, selon lui, par une reprise des élections législatives du 28 avril dernier, « afin que le peuple puisse se retrouver ». Paul Hounkpè, lui voit plus loin : « 2021, c’est dès maintenant qu’il faut commencer à la préparer. Nous n’allons pas rester dans la clandestinité pour préparer un candidat pour 2021. Nous pensons que nous sommes garants de l’alternance en 2021 ». Une chose est d’avoir le récépissé et d’être reconnu officiellement comme parti pouvant animer la vie politique, mais l’autre chose c’est de pouvoir l’animer convenablement et, in fine, de prendre part effectivement aux différentes élections. Sur quoi comptent alors Paul Hounkpè, Théophile Yarou, Issifou Amadou, Garba Yaya, Allassane Soumanou et Idrissou Bako en étant si sûrs ? Sûrs des mobilisations qu’ils auront à conduire éventuellement dans le pays pour faire pression maintenant qu’ils sont reconnus parti politique? Le Prd, Moele Bénin avaient leur certificat de conformité mais n’ont pas été acceptés aux dernières législatives. De quelles stratégies ou de quel bâton magique disposent les Fcbe aujourd’hui pour faire plier le chef de l’Etat Patrice Talon afin que la reprise des législatives que la Cedeao n’a pu obtenir, soit chose faite ? Mieux, sont-ils aussi sûrs qu’en son temps, des fautes mineures et majeures ne leur seront pas détectées pour rejeter leur dossier pour 2020 ou 2021 ?

J.B