Enfants en situation de mendicité à Kandi et Djougou : Caritas à la rescousse des talibés !

Dans l’après-midi du 27 août 2019, nous voilà à Kandifô, localité située à une dizaine de kilomètres du centre-ville. A la maison des prêtres, Caritas organise un camp dénommé “boite à mémoire“ pour des enfants talibés.  Ils sont bénéficiaires du Projet de réinsertion des enfants en situation de mendicité à Kandi et Djougou. Ces enfants talibés viennent des pays frontaliers comme le Niger, le Nigéria et le Burkina Faso pour recevoir un enseignement coranique auprès des maîtres coraniques. Mais pour se nourrir, ces derniers doivent quémander l’aumône. Par contre à Djougou, ce sont les enfants des populations locales qui se retrouvent dans les rues du fait de la pauvreté des géniteurs. Ils sont exposés aux violences de toutes sortes et ils n’ont pas la chance d’être scolarisés ou d’apprendre un métier. Malgré l’arsenal juridique garantissant la protection des enfants en République du Bénin, ceux-ci vivent le calvaire avec un lendemain quasiment sombre. Caritas-Bénin entend donc contribuer à l’éradication du phénomène. Cinquante (50) talibés de Kandi et cinquante-trois (53) de Djougou sont sélectionnés sur des critères basés sur des grilles de vulnérabilité. Selon les explications de Fidèle Koukponou, coordonnateur du projet, les plus jeunes de 7 à 10 ans ont été inscrits à l’école formelle ; ceux de 11 à 14 ans sont inscrits au Programme de cours accélérés (Pca) et, dans trois ans, pourront prendre part à l’examen du Certificat d’études primaires (Cep). Par contre, ceux qui ont plus de 15 ans, en plus des cours accélérés, ont été inscrits dans les ateliers de formation au métier de leur choix. Des kits scolaires et kits d’apprentissage sont donc attribués à ces enfants ainsi que des tickets de 150 francs CFA tous les matins pour le petit déjeuner. Ils apportent aussi une contribution aux cantines scolaires pour s’offrir le repas de midi. Et surtout, chaque enfant reçoit, par le truchement de son tuteur, la somme de 9000francs Cfa par mois. Enrôlés pour la plupart au Ravip car n’ayant pas d’acte de naissance, ils sont inscrits dans un centre de santé pour leur prise en charge sanitaire. Le comble est que des maîtres coraniques ont été recrutés pour donner des enseignements islamiques à ces enfants. “Nous avons des assistants sociaux et des psychologues qui les écoutent et autour d’eux, il y  a tout un mécanisme, les acteurs de protection de l’enfant, le juge des mineurs, l’association des artisans, le maire, leurs parents…tous se rencontrent périodiquement pour discuter de leur avenir“, renseigne Fidèle Koukponou. Mais déjà, les premiers résultats forcent l’admiration. Déjà neuf (09) enfants talibés sont titulaires du Cep dont une fille qui poursuit ses études secondaires. Il est prévu aussi des kits d’installation pour ceux qui sont en apprentissage. Prévu pour prendre fin en août 2020, le projet pourrait bien être reconduit si les négociations avec les partenaires sont concluantes.

Quid du camp “boite à mémoire“…

Selon le coordonnateur du projet, le camp appelé boîte à mémoire est une méthodologie utilisée pour permettre à tout être humain de faire le deuil de son traumatisme, d’un choc et d’amorcer la résilience. “A ce camp, l’occasion est donnée aux enfants, à travers des jeux, outils, de s’extérioriser et nous les accompagnons à comprendre certaines choses, à les accepter, à se donner le courage d’avancer. Outre les jeux, les séances de travail, c’est aussi occasion pour eux d’échanger entre eux pour que l’enfant ne pense pas que ce qui lui arrive, ce n’est qu’à lui seul que cela arrive. A travers des outils précis qui retracent leur vie, ils font leur arbre généalogique, leur rivière de vie, cela retrace tout ce qui leur est arrivé. Avec toutes les émotions possibles, nous essayons de les accompagner. Cela permet de connaître chaque enfant et de lui apporter un appui personnalisé de proximité“ explique Fidèle Koukponou.

Aziz BADAROU