30 ans après la Conférence nationale: L’Abdc fait le bilan de la pratique démocratique

28 Février 1990, les 493 délégués de la Conférence nationale tracèrent les bases du renouveau démocratique, mettant fin à 17 années de marxisme-léninisme. Le Bénin venait ainsi de montrer la voie pour un processus de démocratisation qui va embraser l’Afrique subsaharienne. 30 ans après, que reste-t-il des acquis de cette démocratie ? C’est pour répondre à cette question que l’Association béninoise de droit constitutionnel (Abdc) a initié un colloque international les 28 et 29 février 2020 à Cotonou. Il a réuni des témoins, des personnalités politiques, des présidents d’institutions et des professeurs d’université du Bénin et d’ailleurs.

Réunis autour du thème : « La Conférence nationale des forces vives : 30 ans après », les participants au colloque international sont invités à faire un  bilan de l’exercice démocratique au Bénin et en Afrique, un état des lieux des acquis, l’actualité et la portée de la Conférence. L’autre événement marquant de ces deux jours de réflexion, c’est la remise de Mélanges à Me Robert Dossou, le facilitateur des assises de 1990.

En effet, après 17 années de marxisme-léninisme, venu mettre un terme à une instabilité politique caractérisée par des coups d’état à répétition, le régime militaro-marxiste a montré ses limites. En 1989, le pays traverse une grande crise. L’état était en cessation de paiement. La contestation populaire a atteint son point culminant. C’est alors que le régime révolutionnaire a décidé de faire appel à tous les fils du pays pour qu’ils décident de l’orientation politique à donner au Bénin lors de grandes assises nationales, appelées Conférence nationale des forces vives de la nation tenue du 19 au 28 Février 1990.

Dans son mot de bienvenue, le président de l’Abdc, le professeur Joël Aïvo a souligné que l’un des points culminants de la Conférence nationale est le sort réservé aux décisions prises. Aussi bien les délégués que le peuple tout entier ignorait quelle sera la réaction du général Mathieu Kérékou face à la dissolution des institutions d’alors, l’obligeant à aller à nouveau à la conquête du pouvoir par le biais d’élections démocratiques libres et transparentes.

Pour lui, le principal héritage de cette conférence est une pratique démocratique qui, malgré tout, reste exemplaire. Au moment où les Béninois s’interrogent sur l’avenir de la démocratie, le professeur Joël Aïvo persiste et signe que la Conférence nationale n’est pas un accident de parcours et qu’elle ne mérite pas l’oubli, ni le combat que lui livre aujourd’hui l’actuelle génération.

A son tour, le représentant de la Fondation Friedrich Ebert a laissé entendre que partout dans le monde la démocratie est en danger. Cela amène à demander si la démocratie est surchargée, est-elle incapable de prendre des décisions rapides, est-elle trop lourde pour trouver des solutions rapides aux crises ? Selon lui, la dictature a toujours conduit à une catastrophe. Dès lors, recommande-t-il, il faut être confiant et calme, être toujours prêt à défendre la démocratie.

Déclarant ouverts les travaux, le ministre de la justice Séverin Quenum, représentant le chef de l’Etat, après avoir souligné en quoi les amendements apportés la Constitution renforcent la démocratie, a réitéré la disponibilité du gouvernement à recevoir les critiques qui seront formulées dans la mesure qu’elles soient sincères, sans a priori.

La parole a été donnée à la présidente du collectif Plm Alédjo qui a fait un plaidoyer pour la rénovation de l’hôtel berceau de la démocratie. Les témoignages de deux grands acteurs que sont Pierre Osho et Paulin Hountondji ont tenu en haleine les participants. Plusieurs communications ont été déroulées. L’Abdc a reçu l’accompagnement des fondations Friedrich Ebert, Konrad Adenauer, d’Osiwa et de l’Idea.

Bertrand HOUANHO