Contenu du texte de la révision de la Constitution: L’analyse critique du Prof Salami dans un ouvrage

Samedi 29 février 2020, une journée scientifique a réuni à l’Académie des sciences constitutionnelle, administrative et politique (Ascap) des professeurs agrégés de droits du Bénin et de la sous-région. Trois activités majeures ont marqué la journée. Il s’agit du lancement de l’ouvrage : « La Constitution béninoise commentée » du professeur Ibrahim Salami et deux conférences publiques animées par les professeurs Séni Ouédraogo et Dodzi Kokoroko.

Après la révision de la Constitution, le professeur Ibrahim Salami revient à la charge dans un ouvrage intitulé : « La Constitution béninoise commentée ». Cette deuxième édition vient compléter la première qui s’est penchée sur la Constitution de 1990 avant sa révision intervenue le 1er novembre 2019. Dans le présent ouvrage, le président de l’Ascap et directeur de l’Ecole doctorale des sciences juridiques, politiques et administratives Ibrahim David Salami a exposé les tenants et aboutissants de la révision de la Loi fondamentale.

 C’est au professeur Djibrihina Ouedraogo, agrégé de droit de l’Université Ouaga II (Burkina-Faso) qu’est revenu l’honneur de présenter l’ouvrage. Dans son exposé, le présentateur a mis l’accent sur les modifications apportées à la Constitution et l’analyse qu’en fait l’auteur. Parti du principe qu’aucune révision n’est politiquement neutre, Ibrahim Salami a fait une analyse des conditions qui ont rendu possible la révision de la Toussaint. Il s’agit, entre autres, de la maîtrise de la conjoncture politique et des forces sociales par le chef de l’Etat. Tout a été mis en œuvre pour avoir un Parlement monocolore afin d’éviter la minorité de blocage. L’approche est secrète et accélérée, moins d’un mois entre le dialogue politique et l’adoption du texte.  Quant au contenu du texte, Me Ibrahim Salami trouve que la star de cette révision, c’est la création d’un poste de vice-président sans attribution réelle. Il y décèle une probable volonté de confiscation du pouvoir. Le renforcement de la limitation du mandat présidentiel est, selon lui, une disposition taillée sur mesure, le pouvoir actuel étant hanté par le fantôme de Boni Yayi. Toujours au titre des modifications, le parrainage à la présidentielle s’inscrit, selon l’ouvrage du professeur Salami, dans une logique de rationalisation des candidatures, éviter les candidatures fantaisistes. La création d’une Cour des comptes est la bienvenue parce qu’elle répond au respect des textes de l’Uemoa. La ratification des prêts par le chef de l’Etat répond à la volonté des Ptf. Selon le compte rendu fait par le Professeur Ouédraogo, on constate tout de même que la révision n’a pas remis en cause l’équilibre des institutions. Mais le professeur Salami craint que la boîte de Pandore soit ainsi ouverte, et qu’il soit désormais facile et banale de toucher à la Loi fondamentale chaque fois qu’un chef d’Etat en exprime le besoin. Pour le professeur Djibrihina Ouedraogo, la dimension scientifique de l’auteur atteste de la qualité de l’ouvrage

A la suite du lancement de l’ouvrage, deux communications ont marqué cette journée scientifique. La première présentée par le professeur Séni Ouedraogo, agrégé de droit, ministre de la fonction publique du Burkina-Faso, porte sur le thème : « L’intellectuel en politique ». La seconde présentée par le professeur agrégé de droit, président de l’Université de Lomé Dodzi Kokoroko porte sur le thème : « La politique de l’Intellectuel : cas de l’Université de Lomé ». On retient que l’intellectuel doit sortir de la théorisation pour prendre pied dans l’arène politique et penser les problèmes de la société. Le professeur Dodzi Kokoroko a partagé avec le public ses succès à la tête de l’Université de Lomé qui font que cette université se démarque des autres universités de la sous-région.

Bertrand HOUANHO