Uruguay: Gloria Rodríguez, une Afro-Uruguayenne au Sénat

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À 60 ans, Gloria Rodríguez Santo est devenue la première femme d’origine africaine à être élue au Sénat en Uruguay. Elle espère que son élection permettra de faire avancer la lutte contre les discriminations raciales et sexuelles en politique. 

 

Sa prestation de serment au Sénat a déclenché un tonnerre d’applaudissements, tous rangs confondus. Toute de blanc vêtue, Gloria Rodríguez Santo est devenue le mois dernier la première Afro-Uruguayenne à être élue au Sénat. « Malheureusement, je suis la première sénatrice noire », tempère-t-elle pour rappeler qu’au-delà du symbole, son élection souligne le chemin qui reste à parcourir pour que les descendants d’Africains aient droit de cité dans la politique uruguayenne.

Même s’ils représentent 8% de la population, les Afro-Uruguayens sont en effet quasiment invisibles en politique. « Socialement, il existe toujours cette idée que le Noir est là pour servir les autres, dénonce la néo-sénatrice, dont les ancêtres sont arrivés en Uruguay en provenance du Congo. J’ai mis des dizaines d’années à m’affirmer, car nous, les Noirs, devons constamment démontrer notre valeur. » Autant de préjugés que cette femme de 60 ans aux yeux rieurs et bienveillants a surmontés grâce à son engagement de proximité contre la pauvreté et le racisme.

Une adolescence engagée

Très tôt, Gloria Rodríguez se révolte contre le racisme. Adolescente, elle décide de braver la ségrégation qui existait encore dans certains établissements de nuit de sa ville natale de Melo, à 50 kilomètres de la frontière brésilienne. « J’ai toujours été animée par une rébellion dans le sens : “pourquoi je ne pourrais pas faire ça ?”, mais mes parents m’ont élevée sans rancune envers l’autre. »

Issue d’une famille très modeste, elle assure n’avoir jamais manqué de rien, « ni d’amour ni de nourriture ». Ses parents, policier et employée domestique, lui transmettent également le goût du militantisme au Partido Nacional. Un engagement qu’elle continue lorsqu’elle doit venir s’installer à Montevideo en 1991, pour que l’un de ses fils puisse suivre un traitement médical. « Lorsque je suis arrivée, j’étais pleine d’espoir, se souvient-elle. Mais militer dans une petite ville de l’intérieur du pays et dans la capitale sont deux choses très différentes. »

« Être une voisine de plus »

Lorsqu’elle débarque à Montevideo accompagnée de son arrière-grand-mère de 96 ans et de ses fils Claudio et Christian, elle s’installe dans le quartier défavorisé de Malvín Norte. « C’était un endroit où il était difficile de parler politique si on ne se réclamait pas de gauche, se rappelle-t-elle. Les gens se cachaient un peu ». La militante du Partido Nacional, classé à droite, commence alors un travail de sape pour lever les préjugés « en habitant le même quartier, en vivant la même réalité que les autres, en étant une voisine de plus ».

Elle s’engage aussi en faveur des plus démunis. En 2002, l’Uruguay est frappé de plein fouet par la crise économique venue d’Argentine. Plus de 40% de la population se retrouve sous le seuil de pauvreté. À Malvín Norte, beaucoup perdent leur travail, et les familles peinent souvent à se nourrir. « Nous avons retiré la pancarte “Partido Nacional” de notre local politique, et nous l’avons transformé en cantine gratuite. Nous servions jusqu’à 300 repas par jour. C’était ouvert à tous, il n’était pas question de demander aux gens pour qui ils avaient voté. Nous devions tous être solidaires pour nous en sortir. »

Cette proximité et cette capacité à transcender les appartenances partisanes la font connaître et respecter à Malvín Norte. À tel point qu’en 2014, elle est élue députée de la circonscription, déjà une première pour une Afro-Uruguayenne. Désormais sénatrice, elle milite pour que son parti, qui a remporté les dernières élections présidentielles, nomme des Afro-Uruguayens à des postes clés de l’exécutif. « Il existe plein de personnes noires qui seraient à la hauteur, il faut juste leur en donner l’opportunité. »

Briser les plafonds de verre

Le problème de la sous-représentation en politique touche aussi les femmes. Et c’est l’autre grand combat de Gloria Rodríguez. Dans son bureau au Sénat, elle a accroché un tableau représentant la poétesse Juana De Ibarbourou, née à Melo, comme elle. « Une grande femme, une militante féministe, qui a retranscrit la condition féminine à travers la poésie », explique la sénatrice en contemplant le portrait de la première femme que l’Uruguay honora d’un deuil national à sa mort, en 1999.

Pionnière, Gloria Rodríguez l’est aussi. Le 10 mars, elle est devenue la première femme à être élue vice-présidente du Sénat. Mais là encore, elle ne veut pas que son cas éclipse le manque de parité de la politique uruguayenne. Avec seulement 19,2% de femmes élues au Parlement, l’Uruguay fait partie des mauvais élèves du continent latino-américain. Et si pour la première fois de l’histoire du pays, une femme a été élue à la vice-présidence de la République en novembre dernier, seuls deux ministères sur 12 sont dirigés par des femmes dans le nouveau gouvernement.

Un projet de loi sur la parité en politique

Pour Gloria Rodríguez, une telle situation est indigne d’un pays où le droit de vote des femmes est consacré par la Constitution depuis 1919. C’est pourquoi elle a déposé le 10 mars une proposition de loi visant à imposer la parité sur toutes les listes électorales. « Je suis moi-même entrée en politique grâce à la loi de participation des femmes [qui leur garantit un tiers des places sur les listes électorales], mais il est temps d’aller plus loin. »

L’autre défi qui l’attend consiste à améliorer l’application de la loi de discrimination positive, censée réserver 8% des emplois publics aux personnes de couleur. Dans les deux cas, la néo-sénatrice entend utiliser sa position pour que « l’élection d’une femme ou d’une Afro-Uruguayenne ne soit plus jamais une information, que ce soit naturel. C’est ma mission ».

rfi.fr

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