Parakou/Recherche de rébus de ferrailles et de plastiques: Une activité à hauts risques pour la santé

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Parakou, 27 mars 2020-La recherche de rébus de ferrailles et de plastiques,  une activité de plus en plus récurrente dans la ville de Parakou comme dans plusieurs autres localités du Bénin comporte d’énormes risques sanitaires dont ignorent les acteurs de ladite activité. Au-delà de la simple pratique consistant à sillonner la ville et sa périphérie en vue de collecter de ces rébus et plastiques, les ramasseurs s’adonnent aussi à une activité peu orthodoxe préjudiciable à leur santé et celle de leur entourage.

 

A pied, sacs accrochés en main ou parfois détenteurs des engins artisanaux de transport communément appelés ‘’Pousse-pousse’’ ou propriétaires de motos, ces ramasseurs, sillonnent tous les dépotoirs sauvages de la ville de Parakou à longueur de la journée à la recherche d’objets obsolètes à vendre.  En effet les dépotoirs sauvages et les sites de regroupement indiqués par la mairie sont quotidiennement pris d’assaut par ces hommes dont l’âge varie entre 10 et 50 ans.

La recherche du pain quotidien à tout prix

Il sonnait 10 heures 45 minutes ce vendredi 27 mars 2020, lorsque notre équipe de rédaction fit sa descente à Wansirou, un quartier du 3ème arrondissement de la ville de Parakou où se trouve un dépotoir sauvage. Sur les lieux, sacs de 50 kg en main, Mohamed âgé de 25 ans environ, originaire du Niger, sillonne ce dépotoir à pied à la recherche de rébus de ferrailles et de plastiques. Accompagné d’une musique de son téléphone portable tout comme pour se doper le moral dans la poursuite de sa mission, sandales presque usées aux pieds et main nue, le jeune nigérien enfouit sans crainte sa main dans la poubelle pour pouvoir ressortir les résidus de plastiques. « Je vends ça ! 1kilo c’est à 15 FCFA », a-t-il dit avant d’ajouter que cette activité  lucrative lui permet juste de joindre les deux bouts ; car dit-il, il est à Parakou, il y a à peine 08 mois. Cinq (05) minutes plus tard, son compatriote répondant au nom d’Ali fait son apparition à la quête de rébus. Avec en main ‘’Pousse-pousse’’, Ali se mit lui aussi à la fouille d’objets plastiques et des ferrailles déversées par les populations. Une fois récupérée, il arrive à vendre le kilogramme de ferraille à 100 FCFA. Se lamentant de la fermeture des frontières, le jeune nigérien affirme que les prix de vente de différents objets ramassés sont en baisse. A l’en croire le kilogramme de bronze qui était de 2000 FCFA est passé à 1000 FCFA et celui de l’aluminium a chuté de 500 FCFA à 200Fcfa/Kg. Marié à plusieurs femmes, Ali confie que cette activité lui permet de nourrir sa famille au Niger.

A quelques mètres du dépotoir, un béninois d’une cinquantaine environ, immobilisa sa moto et se lança lui aussi à la fouille de différents objets dans ce dépotoir sauvage. Morceaux de bois secs, plastiques, carreaux et ferrailles sont entre autres les rébus moissonnés et déjà emballés dans des sacs soigneusement attachés sur sa moto. Maçon de formation, informe-t-il, les plastiques, carreaux et ferrailles sont utilisés pour la fabrication de meules. Quant aux morceaux de bois ramassés, lui serviront de bois de chauffe dans son foyer. Remodelés et flanqués sur les meules, les carreaux et ferrailles récoltés dans les poubelles permettent au cinquantenaire d’augmenter le prix de vente de ses meules. « Une seule meule embellie par des carreaux ramassés peut être vendue à 8000 CFA », a-t-il laissé entendre.

Sur le marché, un kilogramme de ferraille revient à son propriétaire à 100 Fcfa si c’est le fer pur. Mais, s’il s’agit des boîtes de conserves, un Kilo revient à 50 FCFA ; 200 à 300 Fcfa l’unité lorsqu’il s’agit des chaises en plastiques cassées. Le produit récolté est ensuite vendu à des grands opérateurs économiques qui les revendent sur place ou les exportent en  Inde, Chine et Arabie Saoudite, a-t-on confié.

La fouille des dépotoirs sauvages : potentiels risques d’intoxications,  de contraction et  de propagation de maladies

Réceptacle de toutes les ordures ménagères, les dépotoirs sauvages sont par excellence des lieux de prédilection de tous les insectes nuisibles à la santé humaine. Ces dépotoirs qui  dégagent des odeurs très nauséabondes issues des déchets de toute sorte en décomposition ou en putréfaction avancée. Dans ces endroits, grouillent également des marmailles de mouches et champignons, vecteurs de plusieurs maladies. Sans protection aucune lors de la quête de différents rébus, les deux nigériens rencontrés  ignorent la gravité de leur acte.  A la question de savoir les différents risques sanitaires qu’il court sans aucune protection au préalable en fouillant les déchets ménagers, le troisième ramasseur de ces objets obsolètes d’une cinquantaine répond : « Seul Jésus pour guérir les différentes maladies qui déséquilibrent l’humanité », avant d’ajouter «  grâce à mes prières, je peux vaincre ces différentes maladies qui gênent les uns et les autres ».  En dehors de ces dépotoirs sauvages, confie le vieux, d’autres sites où les entreprises de construction de Bâtiments et travaux publics (BTP) sont aussi visités par les ramasseurs de ferrailles et de plastiques. Ils y opèrent des fouilles, foulant au pied les règles élémentaires de protection à observer pendant la manipulation de tels déchets, a-t-on constaté.  Ils peuvent contracter facilement le tétanos, le choléra et autres maladies hygiéniques. Hormis ces différents risques, les déchets fouillés de fond en comble jadis rassemblés en un tas, s’étalent alors sur une grande étendue causant ainsi de désagrément aux riverains.

La gestion efficiente et efficace des déchets ménagers : une solution pour circonscrire la fouille artisanale des dépotoirs sauvages ?

La gestion des décharges publiques ou privées pose de sérieux problèmes d’environnement dans plusieurs localités du Bénin. Ce qui ouvre parfois le chemin à certains individus à la recherche des rébus de ferrailles et de plastiques dans les dépotoirs sauvages. En vue de résorber ces problèmes et de  réduire les risques sanitaires, selon le quotidien ‘’La Nation », les bases du projet régional d’appui à la gestion durable des déchets et à la réduction des émissions des Upops (Reducing Unintented Persistent Organic Polluants) et mercure dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont été lancées, les 10 et 11 mai 2018 à Lomé au Togo. La ville de Parakou  à l’instar de cinq (05) autres villes de la sous-région bénéficiera du projet estimé à environ 49,5 milliards F CFA pour toutes les six villes, dont 9,2 milliards comme contribution du Fonds pour l’environnement mondial. Ce projet en gestation, apprend-on, aura quatre volets. En premier lieu, il consistera en la mise en place des politiques et règlements, ainsi que des normes efficaces et cohérentes, dans le cadre de l’harmonisation de la promotion et de la bonne gestion des déchets. Grâce à la formation des acteurs de la gestion des déchets et l’opportunité qu’il leur offrira d’échanger des expériences avec leurs homologues des autres villes, le projet mettra ensuite l’accent sur le développement des capacités. Pour ce qui est de son troisième volet, un modèle économique suivant les spécificités de chaque ville au niveau des acteurs de la pré-collecte, de la collecte, du traitement et de la valorisation des déchets, sera proposé. Ainsi, il ne s’agira plus de jeter les déchets, puisqu’un intérêt économique est appelé désormais à se développer autour d’eux. Par ricochet, des emplois et de la richesse seront créés. Ce qui contribuera à la réduction de la pauvreté. La gestion des déchets exigeant la réalisation ou l’acquisition d’un certain nombre d’infrastructures, le quatrième volet du projet se traduira par leur construction et leur mise aux normes.  En tant que pays concernés, le Bénin, le Burkina-Faso, le Mali, le Niger, le Togo et le Sénégal y participeront à concurrence de 06 milliards de francs CFA en nature ou taxes. Décidée à accompagner les six villes dans l’élaboration et la mise en œuvre du projet, la Banque ouest africaine de développement (Boad), rassure-t-on, se chargera de mobiliser le reste du financement.

L’argent oui ; mais la santé d’abord !

En attendant la concrétisation de différents projets de gestion des ordures ménagères dans nos villes et campagnes,  une éducation  civique s’impose à tous. Les dirigeants ne doivent point se fatiguer de sensibiliser les incrédules qui croient jusqu’à nouvel ordre que les maladies sont d’origines divines et non des mauvais comportements des humains. Les autorités municipales et communales avec le concours des citoyens avertis doivent donc gérer au mieux ces dépotoirs sauvages en incinérant régulièrement  ces immondices et en interdisant surtout la fouille à main nue des métaux (ferrailles) et plastiques qui figurent dans les enfouissements. En approchant ces immondices, il est difficile de respirer, puisque l’odeur qui s’y dégage est trop nauséabonde. Mais, les habitués, comme ils s’appellent désormais, sans cache-nez, ni aucun autre accessoire de protection, n’en craignent pas pour autant. Ils fouillent dans les décombres à main nue sans se soucier de quoi que ce soit.

« Vous parlez de maladies ? Moi je suis un habitué des lieux. On vit de ça. Il n y a pas de problème. Chaque jour, j’arrive à trouver pas mal de ferrailles. Que ce soit des câbles ou des fils des appareils électroniques, je ramasse », racontent les nigériens Ali et Mohamed venus pour la circonstance au Bénin. « Avec la prière on peut être guéri », renchérit le vieux maçon, ramasseur d’objets obsolètes de ménages surpris sur les lieux.

 

(Par Boni N’yô SINASSON Journaliste à l’Agence Bénin Presse et expert en Gestion des risques et catastrophes)

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