Amériques: «C’est le début de l’âge d’or de l’extrême droite aux États-Unis»

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Washington ressemble à un camp retranché à deux jours de la cérémonie d’investiture. Tout le centre-ville est bouclé et la garde nationale patrouille dans tous les lieux stratégiques de la capitale fédérale. Deux semaines après la violente intrusion des partisans de Donald Trump au Capitole, les forces de sécurité redoutent une attaque des milices d’extrême droite le jour de l’investiture, même si le week-end s’est déroulé sans violence contrairement aux craintes exprimées par les autorités. Entretien avec Colin Clarke, directeur politique du Soufan Group, un groupe spécialisé dans le conseil en sécurité intérieure.

 

RFI: Quel risque pour la cérémonie d’investiture du 20 janvier ?

Colin Clarke: La menace demeure sur le jour de l’investiture. Il n’y a aucun doute là-dessus. Même si le Capitole à Washington est protégé par l’arrivée de vingt-cinq mille membres de la garde nationale, il reste une cible attractive pour les extrémistes les plus virulents, à cause du symbole. N’oublions pas qu’une part importante du terrorisme réside dans sa composante psychologique, dans une stratégie de communication, et le monde regarde ce qui se passe au Capitole. Tous ces éléments combinés font de la cérémonie une cible très attractive pour toutes sortes d’extrémistes, en particulier pour ceux qui cherchent l’effondrement de ce pays par la violence armée.

Le FBI est en train de passer au crible les 25 000 soldats de la garde nationale qui sont déployés à Washington. Vous pensez qu’il y a le risque d’une attaque venue de l’intérieur ?

Je pense qu’on ne peut exclure aucune hypothèse. Pendant l’insurrection du Capitole le 6 janvier on a remarqué de nombreuses personnes qui avaient un entrainement policier ou militaire. Il y avait même un lieutenant retraité de l’armée de l’air qui portait des menottes et du matériel tactique. Les individus qui ont assailli le Capitole étaient clairement entrainés. On pouvait les voir communiquer entre eux, donc oui je pense que le risque est plus élevé que jamais, compte tenu une fois de plus de la visibilité de l’événement, qu’il y aura de nombreuses personnalités politiques de haut rang. C’est le centre de la démocratie américaine donc pour des extrémistes violents  il n’y a pas de meilleure cible.

Quel est leur but ? Que veulent-ils ?

On parle d’une large coalition de groupes d’extrême droite, c’est toute une myriade d’organisations. Il y a des suprémacistes blancs avec des tendances nazies, il y a des milices hostiles au gouvernement et des conspirationnistes comme les membres de Qanon, et il y a ces gens que j’appellent les « zelotes de Trump », qui sont là juste pour le président, qui souhaitent qu’il reste au pouvoir pour l’éternité. Ils lui vouent un culte et le voient comme une figure spirituelle. Donc il y a toutes sortes de variantes dans cette constellation.

Ces groupes existaient pour la plupart avant l’élection de Donald Trump. Est-ce qu’il les a renforcés en tant que président ?

 Il n’y aucun doute. La rhétorique violente de Donald Trump a jeté les bases de possibles violences politiques non pas pour des semaines, mais pour des mois ou des années. Il a tenté de délégitimer l’administration Biden, et cela ne s’est pas produit en une nuit. Il a cultivé cela depuis des années. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent que c’est la conclusion logique de l’ère Trump. Je pense qu’en réalité c’est le début de quelque chose, plutôt que la fin. Je pense qu’on entre dans l’âge d’or de l’extrémisme de droite aux États unis.

Est-ce que les autorités en ont fait assez au cours des dernières années pour lutter contre ces milices ?

Le FBI a été à la pointe pour lutter contre ce phénomène, mais je pense qu’il s’agit d’une défaillance globale du système. Dans l’ensemble du pays, cette menace n’a pas été prise suffisamment au sérieux. Les réseaux sociaux ont laissé la désinformation prospérer pendant des années sur leurs plateformes, les armes circulent de manière intensive, il y a toutes sortes de facteurs qui nous ont conduit à ce point. Nous vivons dans un pays où les tueries de masse sont déjà normalisées. Il y en a eu tant. Je m’inquiète de voir maintenant la banalisation de la violence politique au cours des mois et des années à venir. Si vous regardez l’étendue de la guerre contre le terrorisme, on a passé les deux dernières décennies à se focaliser sur les menaces des groupes salafistes ou jihadistes comme al-Qaida et l’État Islamique et on a fondamentalement ignoré la menace grandissante sur notre propre sol, même après les attaques qui se sont produites à Pittsburgh, El Paso et ailleurs. L’administration Biden a une longue liste de priorités, mais je pense que la lutte contre ces milices doit figurer parmi les plus importantes.

 

Pensez-vous que l’exclusion de ces groupes des réseaux sociaux à quelques jours du 20 janvier était une bonne chose ? Cela rend leur traque plus difficile…

C’est indubitablement une décision avec un double effet : c’est bien de renvoyer ces conspirationnistes et leurs dangereuses théories à la marge, là où ils appartiennent, mais c’est vrai qu’en même temps, plus on rejette ces individus dans l’ombre, plus il est difficile de cerner la menace qu’ils représentent. Mais globalement je pense que c’est une bonne chose que ces dangereux agitateurs ne puissent plus avoir une large audience, comme celle que leurs procuraient les plateformes comme Twitter et Facebook.

 

rfi.fr

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