Djida/Abandon de la maternité d’Ayogbé: Les femmes enceintes paient un lourd tribut

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Construit à grand frais des contribuables, la maternité d’Ayogbé, un village de l’arrondissement de Zoukon, Commune de Djidja, végète dans la brousse depuis environ cinq ans. Alors qu’elle devrait être équipée et rendue fonctionnelle par la mairie pour le bonheur des femmes enceintes, ce joyau, exposé aux intempéries, est devenu l’une des causes de la mortalité infantile souvent enregistrée et une source potentielle d’insécurité au sein du village. 

A Ayogbé, les femmes enceintes perdent souvent leur vie en voulant donner la vie. En se rendant au centre de santé de Oungbèga, situé à environ 7 kilomètres, pour la consultation prénatale, les parturientes d’Ayogbé, sur leur trajet pédestre ou motorisé, font souvent de fausses-couches dues à la distance, à l’état dégradé de la voie et au moyen emprunté. Le cas le plus récent s’est produit le lundi 1er mars dernier, quand  dame Eugénie Houdo a perdu sa grossesse  à la latitude de Kpassa-Woli, alors qu’elle ralliait à pied Oungbèga pour se faire soigner des maux de reins dont elle souffrait. Un calvaire similaire qu’a subi également Bernadette Nagba, il y a environ deux ans. « Il fut un jour, en l’absence de mon mari, j’ai commencé par sentir des douleurs pelviennes la nuit. Compte tenu de la distance qui nous sépare de Oungbèga, j’ai dû attendre le jour pour me rendre à l’hôpital à pied le lendemain  parce que je n’avais pas trouvé un autre moyen de déplacement. A mi-parcours, un  saignement s’est déclenché et je ne pouvais plus continuer la route. Epuisée, je me suis couchée sous un arbre. J’en étais là quand un bon samaritain m’a secourue. Le temps de se rendre à l’hôpital, le fœtus a perdu sa vitalité. Ainsi, j’ai perdu un enfant de 4 mois », raconte-t-elle. Cette croix, les hommes la portent aussi avec leur femme. « Cela fait de la peine pour nous parce que la maternité de Oungbèga qui nous desserre est à 7 kilomètres sur une voie impraticable. Surtout en saison pluvieuse, les femmes enceintes n’arrivent plus à aller aux soins. Celles qui s’entêtent perdent de plumes. La plupart d’elles font de fausses-couche », soutient Adrien Tossou. Si la maternité d’Ayogbé était fonctionnelle, la population, en l’occurrence les femmes enceintes,  serait épargnée de ces évènements tristes. Malheureusement, le silence des autorités communales laisse croire que  les habitants de cette localité d’Agondji n’ont pas droit à la santé, alors qu’elle est peuplée de plus de mille âmes, selon les estimations du chef du village.

                                                      

Plus de 15 millions FCFA pour un nid d’oiseau

En construisant l’infrastructure, le Projet d’appui à la gestion des forêts communales (Pagefcom) pensait au bien-être des femmes et de leurs bébés. Mais, il a fallu attendre cinq ans pour se rendre compte que le bâtiment était en réalité destiné aux chauves-souris qui y organisent leur festival. Mieux, à la faveur de l’obscurité, les lieux sont transformés en une auberge pour les jeunes où ils assouvissent leurs désirs sexuels. Sans équipements, ni personnel, le joyau est abandonné dans une touffe d’herbes et exposé aux intempéries. Donc dans un état de décrépitude. Un spectacle désolant qui commence par inquiéter  les habitants d’Ayogbé.  « C’est un sujet qui me donne de l’insomnie », confie  Dah Tossou Gbèdolo Ayoïtô Mabu, l’air préoccupé.

Construite en 2015 par Pagefcom, ce chef d’œuvre avait suscité une euphorie au sein de la population. « Le jour où on m’annonçait que mon village va abriter une maternité, j’étais très heureux », fait savoir Dah Tossou Gbèdolo. Sa joie, comme celle de tout le village, n’a duré que le temps d’un feu de paille, puisque leur rêve ne s’est pas accompli. Prévue pour être fonctionnelle depuis environ 6ans, la maternité n’a jamais reçu ses premières patientes à ce jour. « Nous sommes restés sur notre faim par rapport à la promesse qui nous a été faite », dénonce  Denis Wouésso. « Cette maternité qui n’est pas opérationnelle me paraît un abcès qu’il faut absolument crever avant qu’il ne pourrisse », renchérit Dah Tossou. Ce défi,  il s’est récemment lancé le jour de son intronisation dans le but de répondre favorablement aux cris du cœur des femmes. « La mise en service de la maternité de mon village est ma seconde bataille. Je vais œuvrer pour que ma population puisse en jouir les fruits. S’il faut toucher le chef de l’Etat à cet effet, je le ferai. Elle est la contre-partie de notre patrimoine foncier mis en gage pour la plantation communale. Près de 15 millions transformés en un palais d’oiseaux. C’est déplorable », s’indigne Dah Tossou. Il pense mettre à contribution ses relations personnelles afin d’y aboutir. « Je vais taper à toutes les portes afin qu’elle ne continue plus d’être un éléphant blanc », rassure-t-il. Augustin Houdo et ses frères Julien Azonhou, Denis Wouésso et Adrien Tossou, tous natifs d’Ayogbé, sont aussi préoccupés par la situation. Ils ont, à mainte reprises, rencontré leur chef d’arrondissement à ce sujet. Ils ont  aussi tenté de voir le maire pour en savoir davantage, mais en vain. Lorsque les deux premières démarches ont échoué,  ils ont opté pour la dénonciation du mutisme des autorités communales  à travers les émissions de grogne sur les radios locales. Mais peine perdue. Ils n’ont seulement pas eu gain de cause, mais aussi  ils n’ont eu aucune explication sérieuse sur ce dossier. « Nous nous sommes rapprochés de notre Ca d’alors qui nous avait dit que quelque chose est prévue dans le budget communal pour démarrer la maternité. Jusqu’à présent rien n’y fit », regrette Augustin Houdo.

Vivement la maternité d’Ayogbé!

La population d’Ayogbé attend vivement le fonctionnement de sa maternité. C’est ce que l’on retient des différentes réactions. « La mise en service de ce centre va nous réduire les tracasseries et nous permettre de gagner du temps pour pouvoir s’occuper de nos activités génératrices de revenus », indique Adrien Tossou. « Nous souhaitons dans un bref délai le lancement des activités de notre maternité  pour sauver nos enfants appelés à participer aussi comme les enfants des autorités ou des riches à la construction de la Nation », ajoute Julien Azonhou. « Nous demanderions à l’Etat d’avoir pitié de nous les femmes qui n’avons aucun soutien. Qu’il écoute nos cris de détresse. La maternité est d’une importance capitale pour nous! » lance  Eugénie Houdo à l’endroit des autorités. A l’occasion des retrouvailles des filles et fils d’Ayogbé, Cerphis Essèko, l’actuel chef de l’arrondissement de Zoukon, s’est senti interpelé par cette question relative à l’abandon de ladite maternité qui a été longuement évoquée dans les différents discours. Présent à ce rendez-vous culturel annuel, il a rassuré ses parents d’Ayogbé des dispositions qui sont en cours par rapport à la mise en service de ce centre. « La question a été débattue en conseil et je croix que les activités de la maternité seront bientôt lancées. Le maire Denis Glégbèto a le souci du bien-être de tous ses administrés sans exception. C’est dire donc que Ayogbé n’est pas oublié comme le pense la population de cette localité », a laissé entendre Cerphis Essèko.

Par ailleurs, faut-il le rappeler, la construction de ladite maternité a été décidée par la population. Puisque, dans le cadre de la mise en œuvre de Pagefcom, la localité a offert une superficie de 120 hectares de terre sur laquelle la Commune a érigé la plantation communale de tecks. Elle a été réalisée et entretenue par les riverains. En contre-partie à ce don, le projet leur a demandé ce qu’ils veulent qu’on leur fasse. C’est ainsi que les habitants d’Ayogbé ont exprimé le besoin d’avoir une maternité. Ce qui fut fait. Malheureusement elle n’a pas été mise en service. Car, d’après les explications de Adrien Tossou, les responsables du projet leur auraient dit que c’est seulement la construction qui relève de Pagefcom et que l’équipement et le personnel sont du ressort de la mairie. Que ce soit la mairie ou non, Ayogbé réclame sa maternité. C’est pourquoi, il prie le président de la République, Patrice Talon, à leur venir au secours.

 

Fernand Kinmahou  

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