Fermeture du musée de plein air de Parakou: Pourquoi la langue de bois des principaux acteurs ?

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Un musée est un lieu rempli d’objets rares, précieux, ou un établissement dans lequel sont rassemblées et classées des collections d’objets d’intérêt historique, technique, scientifique, artistique, en vue de leur conservation et de leur présentation au public.

 

Portail détruit,  cour gazonnée par des mauvaises herbes attirant des reptiles, clôture cassée et l’intérieur servant de dépotoir d’ordures et parfois de latrines publiques. Les bancs publics et même la cour accueille toute personne, normale ou pas. Comme si ce musée promouvait de l’insécurité, l’agent de sécurité brille par son absence. On découvre des immondices par ci par là, le bloc des expositions temporaires a perdu ses portes et fenêtres ; désormais règne en roi, les fumeurs de chanvre indien dans une scénographie de forêt classée. Le village artisanal pleure son image d’aujourd’hui  car quelques artisans y siègent dans un vilain décor reflétant l’ignorance des acteurs concernés, le bloc des expositions permanent est clos tel un temple maudit ou personne ne s’y approche. Quant au bloc administratif, les pipis des souris et cafards baument  le visiteur qui tente d’entrer dans une salle. Nous n’avons pas inventé cette description, c’est plutôt l’image et le seul souvenir inoubliable que nous avons du musée de plein Air de Parakou.

A l’instar de celui de Niamey au Niger, sous la direction de l’institut de recherche appliquée du Dahomey, le musée ethnographique et de plein air de Parakou est un musée localisé dans la ville de Parakou, dans le département du Borgou au Bénin et devrait traiter de la culture nationale et régionale du Bénin à travers l’architecture traditionnelle, un jardin botanique, la faune, la flore, la zoologie, l’ethnologie, l’archéologie, l’art vestimentaire et la vie sociale et artistique. Il a été ouvert en 1968, avec un jardin botanique. La première pierre d’un bâtiment d’exposition a été posée le 11 novembre 1969 et les travaux ont commencé le 6 septembre 1972 avec la délimitation d’une enceinte de 55 ha, le creusement d’un puits et la construction en 1974 de trois tatas (maisons traditionnelles du Nord du Bénin). Les travaux furent cependant suspendus en mars 1974 pour des raisons de trésorerie et les tatas sont tombées en ruine dans les années 1990 nous renseigne Wikipédia.

La même source nous informe qu’en 1999, l’État a relancé le projet en se recentrant sur les aspects architecture et ethnographie du projet originel. Le musée a ouvert ses portes au public le 28 juin 2004 et est constitué d’un bâtiment qui accueille les ateliers éducatifs pour enfants, de trois maisons et d’une guérite qui évoque l’architecture traditionnelle du Borgou. Chaque maison, appelée « bloc » est constituée de neuf cases rondes qui servent soit de salle d’exposition, de réserve, ou de bureau. Les maisons ont des fonctions différentes : bloc muséal abritant les expositions, bloc administratif et bloc artisanal animé par des artisans. En 2008, un quatrième bloc était en construction pour recevoir les expositions temporaires.

La collection ethnographique comporte 563 objets inventoriés répartis en plusieurs catégories : mobilier domestique, outils agricoles, outils de forge et de tissage, pièges ou entraves, poteries, attributs du pouvoir, objets culturels, armes de guerre et de chasse, instruments de musique, art vestimentaire et archéologie

La fréquentation du musée autour des années 2007-2008

Pour qui connait ce musée sait que de par le passé, l’Etat y avait investi, il y avait un rayonnement artistique et également muséal là, informe Rodrigue Gotovi acteur culturel dans la ville de Parakou.

Nos tentatives pour joindre l’ancien conservateur Doko Léon et en savoir un peu plus sur l’état du musée avant son départ ont été vaines, à notre dernier appel il nous a répondu par la négative. Quelques minutes après l’avoir appelé, il nous rappelle et insiste «j’ai crié sur toutes les chaînes surtout fraternité Fm, je ne vois pas ce que cela a donné. Je n’ai plus envie d’en parler, ce musée m’a créé tellement de problèmes dans ce pays. Je vous rappelle parce que je ne pensais pas que vous avez connaissance de l’arrivée du nouveau conservateur. Il est là, il ne connaît pas grand-chose… »

Doko Léon, l’ancien conservateur nous envoie vers Jules Azagoun le nouveau conservateur qu’on a rencontré en octobre 2020. Catégoriquement, il refuse de parler. Il nous donne toujours espoir sur l’avenir du musée. Il nous promettait également que la cité des kobourou sera étonnée de l’état du musée à partir de Avril 2021.

Malgré ces promesses mirobolantes, nous avons continué notre entretien avec quelques acteurs du domaine.

Comment les Parakois entretenaient-il le musée ?

Malgré les statistiques que nous avons, il semblerait que ce musée n’était pas connu des Parakois, selon  Sanna Abdouramane « A peine les Parakois connaissaient le musée, cela remonte aux années 2007. C’était vide, il n’y avait que quelques objets dans cet endroit et à peine les gens venaient. Nous, nous avons commencé compte tenu de l’espace non négligeable qu’il y avait dans ce musée par travailler là-bas. On a loué des bureaux pour pouvoir travailler afin d’animer la vie culturelle à cela, on a créé le ballet qui est aussi un patrimoine immatériel. Cela n’a pas été facile parce que les gens pensent, même le conservateur d’alors qu’un musée ne doit pas avoir de musique traditionnelle. Cela a suivi un long processus avant qu’il puisse comprendre. Sinon pour lui, quand on parle de musée cela se limite aux objets d’art. Donc c’est comme cela nous avons voulu donner un peu de visibilité au musée, on a commencé par travailler là-bas », a-t-il indiqué.

Le musée avait repris vie avant de partir dans une dormance qui laisse à désirer

Ibrahim Mama Orou Saliou, acteur culturel, artiste polyvalent et enseignant des arts témoigne « en son temps le musée de plein air de Parakou avait une visibilité dans le Bénin, les gens quittaient de différents pays de la sous-région juste pour visiter le musée, j’ai eu à constater cela. Ce musée a un taux de fréquentation acceptable, parce qu’il reste souvent fermé pendant des jours et des jours je ne vais pas dire des semaines sans recevoir de visite. C’est des visites très espacées, il n’y a pas une fréquentation impressionnante qui puisse motiver l’investissement supplémentaire que ce musée nécessitait. Ce n’est de la faute de personne, c’est de la faute de tout le monde en même temps parce que les acteurs qui travaillent dans le musée ne fournissent aucun effort, parce qu’ils se disent qu’ils ne sont pas bien payés. En son temps, j’ai eu des plaintes comme ça, eux-mêmes qui étaient des bénévoles qui faisaient les travaux dans l’espoir qu’ils allaient avoir des rappels des leurs bons efforts, ces rappels n’ont pas été faits jusqu’à ce qu’ils se soient désistés. J’ai presque travaillé avec ces personnes-là dans ce musée, ils ont donné le minimum qu’il pouvaient donner. Jusqu’à récemment le directeur qui était là, me faisait savoir qu’il y a de la valeur dans ce musée, une collection qui a de la valeur et qu’on peut élargir. Je pense que c’est la politique, mieux le marketing du musée qui n’est pas bien fait, on ne voit pas assez d’efforts au niveau de cette administration pour communiquer afin de permettre aux gens de comprendre l’intérêt que l’on peut avoir en visitant ce musée », s’est-il désolé.

Selon Rodrigue Gotovi « il y avait des visiteurs qui venaient même si, pour qui connait un peu le domaine du musée il ne faut pas forcément attendre que ce soit les visites qui prennent en charge intégralement le musée. Même le musée du Quai Branly jusqu’à ce jour est encore sous subvention de l’Etat français. Mais vous voyez à un moment donné on a fait une option de politique qui a renvoyé les artisans d’art, les artistes qui répétaient dans cet espace et on a fermé les portes de la maison. Le crocodile qui était là est devenu un magouillard on a dû le délocaliser, la maison a été abandonnée aux divorcés sociaux qui ont volé la plupart de ce qui était là, les portes, les fenêtres, le compteur Sbee. A travers cette politique de renvoi des artisans et artistes qui étaient là  on a tout simplement tourné dos à la maison qui est devenue un lieu d’insécurité aux mains des divorcés sociaux. Cette maison a échappé à sa vocation première qui est la proposition de collection muséale aux visiteurs, de donner vie à l’artisanat d’art. Aujourd’hui on fait l’effort de donner vie à cela mais soyez sûrs, que ça ne peut pas aller aussi vite que le temps qu’on a pris pour détruire ; c’est comme un corps humain quand vous tombez malade, c’est un jour que ça commence mais pour retrouver votre pleine santé, il vous faut un peu de temps. Donc les différentes politiques que ce soit au niveau gouvernemental et communal ont contribué à jeter ce musée dans un état qui n’encourage pas, qui n’honore pas la municipalité de Parakou.

Pour Sanna Abdouramane « Quand le régime a changé, vous savez chacun à sa manière de développer le pays ; les gens ont d’ambition certainement pour le musée. On nous a demandé de quitter parce qu’on veut réaménager les lieux, c’était ce qu’on nous a dit, l’état c’est des projets, c’est des financements seulement jusqu’à l’heure où on parle rien n’est encore fait je suppose que ça va se faire. Mais nous on n’est plus là, vous avez constaté comment les lieux sont devenus, nous sommes maintenant au « Cas » grâce à l’aide des autorités de la ville. Les gens pensent qu’en nous sortant de là, cela nous affectera mais nous ne sommes là que pour le développement. On ne peut pas changer de métier, même quand on a quitté là on travaillait d’abord à la maison. Là où nous travaillons actuellement depuis des années c’était fermé près de 25 ans, il y a plein d’anciens locaux où l’artiste peut travailler qui sont ouverts aujourd’hui à l’air libre. Quand vous allez demander on vous traite même comme si vous n’êtes pas citoyen du pays, en vous permettant de venir donner vie à l’endroit c’est comme si on veut vous aider ; donc on préfère voir pourrir. Je vous donne l’exemple de l’Obci, l’Etat a mis de l’argent mais aujourd’hui c’est fermé pendant la saison pluvieuse on donnait des spectacles là, mais pourquoi ça va rester fermé? Ça je ne sais pas et aucune autorité ne veut se lever pour parler parce que c’est pour personne, ils ne savent pas que c’est un outil de développement, c’est l’éducation qu’on a de la chose publique »

Qu’est-ce qui rassemblait du monde autour de ce musée à partir de 2008 ?

SANNA Abdouramane « Le conservateur d’alors qui est affecté s’est dit pour que les gens puissent connaitre le musée, il faille autoriser que les buvettes et les bars s’installent, du coup tout a commencé de façon tous azimuts. L’objectif, c’était de faire connaître le musée comme il y a de l’espace, nous étions là pour animer la vie culturelle et les restaurants et bars aussi drainaient du monde. A un moment donné, j’ai fait de telle sorte qu’on ait de l’espace de prestation d’activité pour qu’on puisse inviter des gens pour des spectacles; parce que nous avons un groupe de ballet, on a créé un orchestre féminin et un groupe de théâtre. Nous avons un projet qui nous a permis de faire de podium pour pouvoir jouer tout le temps. Nous avons donc arrangé, c’était complètement la brousse, grâce au Dcdu ministère de la culture d’alors et le Dpc  ils nous ont transféré alors dans un autre bloc qui était réservé pour les expositions temporaires qui était pris d’assaut par les drogués et les fous puisque ce n’était pas achevé. On avait de la peine à aller là, on a refait d’autres portes d’ailleurs et le mur, c’est ainsi que la vie a repris. Par la suite on a tracé quelque part qu’on a considéré comme hippodrome où les chevaux venaient animer. Bref, on avait donné vie à ce musée sans un appui jusqu’en 2016 on a organisé le Ficak un festival que la mairie organisait »

Ce que pensent les acteurs

Ibrahim Mama Orou Saliou soutient « si on veut être sincère, ce musée ne reflète pas l’image presque sous régionale parce que on peut dire que c’est le musée qui est sensé représenter les quatre nord du Bénin. Normalement ce musée doit pouvoir rivaliser avec celui de Ouidah par exemple mais ce n’est pas le cas. Le musée de Ouidah, même des autres continents on sait ce que vaut ce musée. Ici nous manquons cette politique de pouvoir rendre visible ce musée, même sur le net les musées sont numérisés en terme de collection comme celui de Ouidah, je ne sais pas si nous avons un inventaire des collections du musée de Parakou sur le net. Pour le cas de Ouidah, j’ai vu le projet qui a financé la numérisation des collections de ce musée. En étant chez vous vous pouvez visiter et payer en ligne. Parakou est loin de là aujourd’hui, les gens qui vont prendre l’initiative de cette tâche ne se sentent même pas concernés par ce que les gens se disent que ce n’est pas leur affaire, voyez c’est ce qui est dommage. J’ai vu mon aîné, mon doyen Sanna Salomon fournir vraiment beaucoup d’efforts au moment où les gens avaient ouvert ce musée, il s’était vraiment rendu disponible ; je l’ai vu là travailler comme un  bénévole. A un moment donné, les gens ont mis les mains dans leurs poches pour se rendre utiles au musée mais, on lâche la chose à ceux-là comme si c’est la maison de leurs parents. Ce n’est pas ça, c’est la bonne citoyenneté qui les amené à s’investir. C’est l’administration publique qui est sensée financer cette activité. L’activité du musée c’est pour le Bénin, c’est un patrimoine national. Il faut savoir que le marketing, le système de communication du musée est d’ailleurs inexistant. Entre temps le conservateur s’était plaint déjà, il me disait qu’il n’a pas de salaire, alors qu’il donnait quand même le minimum à ce musée. Un jour aussi il m’a dit qu’il y a certains locataires du musée qui ne payaient pas leur loyer. C’était des questions de préoccupation citoyenne, les gens doivent jusqu’à un an. Il me les a indexé et je suis allé j’ai vu que c’est vrai. Ce qui veut dire que le défaut ce n’est pas seulement au niveau de l’administration publique ni au niveau de l’Etat c’est aussi au niveau des citoyens. Entre nous, il faut qu’on se dise une certaine vérité, on ne peut pas aller prendre tout un bâtiment dans un musée et être en train de mener des activités, en train de vendre des choses dedans et gagner de l’argent et pas pouvoir payer le loyer parce que c’est un patrimoine de l’Etat. Alors qu’on a des entrées financières, ce n’est pas encourageant. De l’autre côté, il faut indexer aussi la population locale qui ne joue pas son rôle comme cela se doit »

En matinée du 12 juillet 2021, nous avons rendu visite à Jules Azagoun, le nouveau et l’actuel conservateur du musée de plein air de Parakou. Et cette fois-ci, il nous accueille en bon amis et se lâche. Dans nos échanges, Jules Azagoun pense que la promesse du changement du visage du musée qu’il nous avait faite pour avril a été reportée à cause de l’élection présidentielle. Visiblement sans espoir, il se redonne espoir et nous rassure que les fleurs porterons la promesse des fruits.

L’atmosphère dans lequel nous avons été accueillis et le climat dans lequel se baigne Jules Azagoun depuis des mois après sa prise de fonction l’oblige à dire quelques mots « à mon arrivée, j’ai parcouru près de cinquante écoles pour parler du musée mais à chaque fois que je finis on me pose la question de savoir où se trouve le musée dans la ville de Parakou ; c’est étonnant. Le parakois ne connaît pas le musée pour son histoire, ce musée était connu à cause des buvettes qui y étaient. Je suis ici pour apporter la main à la pâte, il n’y a rien et pourtant je suis au poste. Si je fais deux ans et que rien n’est fait cela veut dire que c’est grave. En réalité, il y a une faible volonté politique à accompagner le patrimoine, la culture. Si tu prends une initiative tu le portes seul sinon j’ai des projets, personne ne veut accompagner »

En conclusion,

 Ibrahim Mama Orou Saliou pense que « c’est un manque à gagner crucial tant bien pour notre pays mais aussi pour la communauté parakoise. Si je vais faire la comparaison avec le musée de Ouidah ; les gens, souvent des opérateurs économiques s’investissent dans l’intérêt public de ce musée  et c’est quand cela donne les retombées, ils récupèrent leur fond, ici il a failli avoir ces genres d’initiatives mais ces acteurs ont été découragés par les hommes politiques. Au Bénin, la politique n’aime pas se faire aider par les opérateurs économiques. Donc l’arrêt des activités de ce musée crée un désespoir en nous acteur du domaine culturel et touristique parce que c’est un patrimoine, fait à coup de millions. Il faudra se réveiller pour aider ce patrimoine, recruter le personnel qu’il faut pour une gestion efficace et efficiente afin que le pays puisse bénéficier des intérêts de cette maison. Un musée se gère par un conservateur, le musée de Parakou n’a jamais eu un conservateur de formation, c’est des gens qui sont venus se rendre utiles dans la dimension sociale qui sont passés à la tête de ce musée, donc j’incrimine l’Etat à ce niveau. Celui qui est là actuellement, je ne le connais pas, je ne sais pas s’il à la formation requise. On peut quand même former les conservateurs de musée, ce n’est pas les universités qui manquent.  A Calavi par exemple au département de sociologie ; c’est quand même possible. Le problème c’est que ce n’est pas Parakou seul, j’ai compris que c’est au nord on ne s’intéresse pas à valoriser le patrimoine muséale. Il y a un autre musée à Nikki à Danri qui est dans un état plus critique que celui de Parakou. Depuis plus de 10 ans que je connais ce musée, il est géré par un directeur d’école qui répond présent à ses heures perdues peut-être une fois par semaine. C’est ça un musée ? Non, un musée sa tourne au quotidien et est sensé recevoir des visiteurs avec un conservateur qui est toujours disponible. Un musée où le conservateur n’est même pas permanent comment le gardien sera permanent ? Il faut vraiment prendre la mesure des choses comme cela se doit. Ce que j’ai à dire en matière de valorisation, promotion culturelle et patrimoniale, il n’est pas écrit quelque part qu’il est interdit que les personnes de bonne volonté, ceux qui ont des moyens de venir en aide à ce secteur, pour la valorisation du musée »

Rodrigue Gotovi « Je pense que le ministère de la culture doit prendre ses responsabilités, remettre, réintégrer le musée dans son option première et également y ériger des infrastructures qui pourront donner vie à l’artisanat, à l’artistique, donner vie tout simplement au musée de plein air de Parakou. Je sais qu’il y a des projets qui viennent mais ça ne reste que à l’étape des paroles de projet mais que ça aille à l’étape des réalisations et de la concrétisation pour le bien-être de la population de Parakou, de la troisième ville à statut particulier », a souhaité l’acteur culturel »

 Fayçal DRAMANE

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