Restitution des œuvres d’art africaines: En France, les blocages persistent

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Comment les pays européens se sont-ils emparés de cette question de la restitution des œuvres d’art africaines ? Quels sont ceux qui vont restituer des biens ? Ceux qui étudient encore le projet ? Dernière étape de notre tour d’Europe en France. En 2017 à Ouagadougou, Emmanuel Macron s’était engagé à rendre possible d’ici cinq ans des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique. Bilan trois ans et demi plus tard : la France a remis deux œuvres, l’une au Sénégal, l’autre à Madagascar, et est en passe d’en restituer 26 autres au Bénin.

 

Une loi a été votée en décembre dernier pour permettre ces restitutions au Bénin et au Sénégal. Le sabre dit d’El Hadj Omar Tall, fondateur de l’empire Toucouleur, avait lui déjà été restitué sous forme de prêt aux autorités sénégalaises en novembre 2019. La remise des œuvres au Bénin, elle, est prévue à l’automne, sans doute à la fin du mois d’octobre.

Ce sera là un moment marquant : Paris remettra à Cotonou 26 œuvres du trésor du roi Béhanzin, pillées en 1892 par le général Dodds lors du sac du palais d’Abomey. Parmi ces œuvres rendues : des statues royales anthropomorphes, des récades, des trônes ou encore des portes du palais royal d’Abomey.

Cette restitution est un geste d’importance aux yeux de Marie-Cécile Zinsou, historienne de l’art et présidente de la fondation Zinsou au Bénin. « C’est vraiment très important comme loi parce que c’est une première, insiste-t-elle. Depuis 1960, des États africains demandent à se voir restituer des pièces de leur patrimoine qui ont été pillées pendant la colonisation. Et c’est la première fois que c’est rendu possible. »

Remise à Madagascar contestée par les sénateurs

Ces restitutions n’ont suscité presque aucun débat en France. En apparence, du moins. La loi a été adoptée à la quasi-unanimité par les députés. Certes, les sénateurs n’ont pas voté le texte mais ce n’était pas tant pour s’opposer à ces restitutions d’œuvres au Bénin et au Sénégal que pour protester contre la remise à Madagascar de la couronne ornant le dais royal de la reine Ranavalona III. En novembre dernier, Paris a en effet engagé un processus de retour de cette œuvre à Antananarivo.

Première étape, la mise en dépôt avant le vote d’une loi spécifique. Or, cette remise à Madagascar est survenue en plein débat au Sénat sur le projet de loi de restitutions des œuvres d’art au Bénin et au Sénégal. Excédés de ne pas avoir été consultés, les sénateurs ont alors proposé de créer une structure chargée de « mieux encadrer scientifiquement » les restitutions. Ce que le gouvernement a refusé. Conséquence : le Sénat n’a pas voulu voter le projet de loi présenté par l’exécutif.

Le sujet inquiète la droite, peu d’adhésion dans le gouvernement

La question reste donc sensible en France. C’est sans doute la raison pour laquelle le gouvernement n’effectuera pas d’autres restitutions d’ici la fin du quinquennat et ce malgré le fait que plusieurs pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou l’Éthiopie ont formulé des demandes.

Le sujet inquiète la droite. L’une de ses craintes est de voir se vider les musées français. Même au sein du gouvernement, l’idée d’engager un processus de restitutions du patrimoine africain n’a pas eu l’air de susciter l’adhésion. Le projet n’a pas été porté et encore moins défendu par l’ancien ministre de la Culture Franck Riester.

Un projet qui s’est même heurté à une partie de l’administration française, qui a donné l’impression de tout faire pour ralentir sa mise en application. Au-delà de ces blocages, le véritable problème pour l’avocate Corinne Hershkovitch, spécialiste des restitutions d’œuvres d’art, c’est qu’aucune stratégie de fond n’a été élaborée par les autorités françaises.

 « Pas possible de rendre ces objets sans les déclasser »

« Aucun processus ne s’est mis en place, regrette-t-elle. Les 26 objets qui sont promis au Bénin, c’est la France qui a choisi ces objets. Il n’y a pas eu de procédure bilatérale entre la France et le Bénin. Et puis, il a fallu une loi. Et pourquoi il a fallu une loi ? Parce qu’on est toujours dans un blocage qui tient au fait que tous les biens culturels entrés dans les collections nationales sont inaliénables de manière imprescriptible. Donc il n’est pas possible de rendre ces objets sans les déclasser. Et comme aujourd’hui, il n’y a pas de procédure de déclassement, il faut une loi. Donc là non plus, on n’a pas mis en place un processus qui permettrait de trouver des critères, des modalités de restitution. Donc, je dirais que depuis le discours de Ouagadougou, on n’a pas réellement avancé. »

Le gouvernement n’a pas conservé l’idée formulée par Bénédicte Savoy et Felwine Sarr de modifier le code du patrimoine. Il n’a pas non plus suivi le chronogramme de restitutions proposé par les deux universitaires dans le rapport que leur avait commandé le président français. Résultat, la France, à la différence d’autres pays européens, donne l’impression d’avoir quelques peu relégué cette question des restitutions au second plan.

Drôle de paradoxe : c’est pourtant Emmanuel Macron qui avait ouvert la réflexion sur le sujet par son discours de Ouagadougou en novembre 2017.

 

rfi.fr

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