QUELQUES EXTRAITS DE LA DEPOSITION DU PROFESSEUR FREDERIC JOËL AÏVO: DEVANT LA CRIET LE 6 DECEMBRE 2021

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« Madame la Présidente, Monsieur les accesseurs, j’ai fait don de ma personne au Bénin. Vous êtes aussi des enfants de ce pays, faites de moi ce que vous voulez ».

 

« Je ne suis pas dupe de ce que je subis depuis huit (08) mois. Je ne suis pas poursuivi devant vous pour les chefs d’accusation portés par le Procureur Spécial de la CRIET et pour lesquels aucune preuve, je dis bien aucune preuve n’a été présentée devant votre Cour. « Madame la Présidente, je ne suis dupe de rien. « Je suis poursuivi pour avoir incarné une alternative démocratique pour mon pays. Je suis poursuivi pour avoir préparé une candidature indépendante capable de provoquer l’alternance au sommet de l’Etat.  Et la violence du traitement qui m’est infligé depuis le 15 avril 2021 est à la hauteur du signal fort que le régime actuel veut lancer à quiconque sera tenté par une candidature crédible et non contrôlée par le régime. Mais la brutalité de l’injustice qui me frappe de plein fouet suffira-t-elle à dissuader demain, dix (10) millions de béninois de s’engager pour la défense de leur pays et surtout nourrir des ambitions pour leur pays ? j’en doute fort ».

« Madame la présidente, j’ai longuement réfléchi à l’utilité ou non de me défendre devant vous. Après huit (08) mois passés devant des juges, est-il nécessaire encore de me défendre et de plaider ma cause ? Car j’ai l’impression de me battre contre le vent, car quoi que je dise, quoi que je fasse, quels que soient les faits, quels que soient les actes, quelle que soit la réalité, les magistrats que je rencontre, Procureur comme Juge, écrivent le contraire, déclinent, démontrent et argumentent leur propre récit judiciaire. Ce qui compte apparemment, ce n’est pas ce que j’ai fait, dit, écrit, mais le récit de la justice. Madame la Présidente, quels que soient les faits, les actes, quoi que je dise, je ne suis pas entendu. Les faits ne comptent plus, les actes ne comptent plus. Bref, la vérité n’existe plus. Ce qui compte, c’est que je sois coupable même sans fait, sans acte, sans preuve. Quand je vois ce que j’ai vécu depuis huit (08) mois sans la moindre preuve, je me dis que j’aurais même pu être facilement arrêté et poursuivi pour la mort de Bob Marley ou l’assassinat du Président Sankara. Puisque les faits ne comptent plus et les preuves ne sont pas nécessaires. »

« Depuis huit (08) mois, l’État m’a abandonné et livré à mes adversaires politiques. Depuis huit (08) mois, je n’ai rencontré sur mon chemin de croix aucun serviteur de l’État soucieux de mes droits. Madame la Présidente, l’État m’a abandonné aux mains de mes accusateurs qui ont eu le loisir de faire de moi ce qu’ils ont voulu et parfois en violant les lois de la République. En huit (08) mois, on m’a affligé toute forme d’humiliation : Me voici en gilet de prisonnier devant vous. J’en ai en bleu barré jaune fluor et en bleu barré rouge fluor. Je suis présenté devant le Procureur Spécial, je suis présenté au Juge d’Instruction, puis enfin en session criminelle. Comme un criminel. J’ai connu la sirène hurlante de la Police et de la voiture des prisonniers. J’ai même connu les menottes, oui les menottes, car figurez-vous, que le Capitaine Rodrigue RIDAGBA, Régisseur de la Prison Civile de Cotonou m’a posé les menottes pour quelques minutes sur un trajet de moins de dix (10) mètres à l’intérieur de la prison avant de me les enlever une fois dans la voiture. Evidemment, chacun savoure le trophée qu’il tient en main. Madame la Présidente, j’ai dit que l’État m’a livré à la vengeance et à la punition de mes adversaires et que la justice ne s’est jamais préoccupée de mes droits. Au contraire. En prison j’ai connu l’insalubrité de ma cellule, l’indignité, l’humiliation de recevoir mon épouse debout et parfois sous la pluie. Depuis huit (08) mois, je n’ai jamais pu m’asseoir avec ma femme pour régler les problèmes de nos enfants. Cette maltraitance que je subis depuis huit (08) mois sans avoir rien fait à personne, c’est mon chemin de croix. Je porte ma croix depuis huit (08) mois et je serai prêt, si c’est votre décision, à reprendre ma croix et à la porter de nouveau avec dignité et patriotisme. »

« Mais, je voudrais que vous sachiez que la prison qui m’est infligée n’est pas ce que j’ai le plus redoutée dans ce parcours. Pendant deux ans, sur les routes du Bénin, à la rencontre des béninois, de ville en ville, de village en village, j’ai vécu avec l’idée d’être assassiné sans trace, car je savais que mes idées dérangeaient. Madame, Messieurs les juges, l’Éternel ne l’a pas ainsi décidé. Me voici donc vivant devant votre Cour. Je ne suis pas mort, je peux donc porter sur mes épaules une croix. »

« Seulement, avant de prendre votre décision, avant de me condamner, je voudrais que vous me fassiez l’honneur de me dire tout au moins ce qu’aucun des juges ne m’a dit depuis le 15 avril 2021. Je voudrais savoir l’argent de qui j’ai blanchi, combien j’ai blanchi et par quels moyens je l’ai blanchi ? Parce que, croyez-moi, personne n’a été capable de me le dire encore moins de me présenter la moindre preuve de cette accusation pompeuse et ronflante. Personne, pas le Directeur de la Brigade Économique et Financière (BEF), pas le Procureur Spécial, pas le juge d’instruction. J’ai attendu en vain qu’ils me présentent à chaque étape, la preuve d’un financement ou d’une tentative de blanchiment. C’est non et pourtant à chacune de ces étapes, je suis condamné pour ce que je n’ai pas fait et dont mes adversaires et l’accusation sont incapables d’apporter la moindre preuve. »

Sur les accusations de Blanchiment (Point 7 et 8)

« Madame la Présidente, voici les faits et ils sont infalsifiables et têtus. J’ai un seul compte courant au Bénin et un compte épargne, toujours au Bénin. A l’étranger, je n’ai pas un seul compte, ni en Afrique, ni dans le reste du monde. Et le seul compte courant que j’ai au Bénin est alimenté par mes revenus. Mon salaire, mes heures d’enseignement et mes honoraires pour mes activités de Conseil et d’Expertise. En gros, le fruit de mes efforts et le produit de ma sueur. Jusqu’à nouvel ordre, mon compte bancaire est alimenté par l’État et les Organisations Internationales qui me font l’honneur de me consulter et pour lesquelles je passe des heures dans des zones de turbulence, des heures de vol au-dessus des mers, des jours, des semaines loin de ma femme et de mes enfants. À cette date, je n’ai reçu de virement bancaire de qui que ce soit. Je n’ai reçu d’argent de qui que ce soit par chèque ; ni en mon propre nom, ni par personne interposée. Pour finir, je n’ai reçu d’argent en espèce de qui que ce soit. Pour preuve, la Brigade Économique et Financière (BEF) et le Procureur Spécial n’ont pu produire la preuve du financement pour lequel ils me poursuivent. Ils n’ont pu non plus trouver des espèces, de l’argent liquide sur moi, dans mes bureaux ou chez moi. Soyons pragmatique, pour blanchir de l’argent ou des capitaux d’autrui, il faut au préalable les avoir reçus. Je n’ai rien reçu de qui que ce soit et la CRIET n’a pu démontrer le contraire, ni apporter la preuve matérielle du récit judiciaire déroulé par ses juges. C’est un récit judiciaire sans fondement et je n’ai acquis ni au Bénin, ni à l’étranger aucun bien immobilier, mobilier, ni d’action dans aucune société. Je suis un homme honnête et modeste qui vit du fruit de son travail. Pas plus. Votre enquête peut durer trente (30) ans, le résultat sur ma moralité et ma vie sera le même. »

« Et pourtant je comprends tout. Je subis un procès en pauvreté. Comment lui, Professeur d’Université a pu soutenir des mois durant une dynamique populaire aussi intense ? Je vais vous dire, madame la présidente, comment nous avons pu bâtir cette nouvelle offre politique et lever cette vague pour le changement. Si le Dialogue Itinérant vous a impressionné, ce n’est pas pour les milliards que je n’avais pas, mais pour la force de mes idées, pour la crédibilité du projet que nous avons bâti ensemble avec les béninois durant deux (02) ans. C’est pour ça que ma victoire à cette présidentielle était devenue irréversible et imparable. Madame la Présidente, si j’avais participé à la Présidentielle d’Avril dernier, qui me vaut d’être poursuivi devant vous, je l’aurais remportée et nous ne serions pas ici aujourd’hui. Qu’à cela ne tienne, j’ai été écarté et empêché de participer à l’élection, puis arrêté, jeté en prison et poursuivi. C’est une triple peine. Et pourtant, j’avais pris de la hauteur et repris mes activités professionnelles. J’étais attendu le 17 avril à Ouagadougou et plus tard en Egypte. Contrairement à la plupart de mes adversaires, je ne vis pas de la politique. Je défends juste des convictions, des valeurs et l’idée que je me fais du Bénin, notre beau pays. »

Sur les accusations d’atteinte à la sureté de l’État

« Madame la Présidente, l’accusation me reproche d’avoir dit qu’il y aura alternance en 2021 et que le 6 Avril un nouveau Chef d’État prêtera serment à Porto-Novo. Je n’arrive pas à réaliser que j’ai été arrêté pour ça, que je fais la prison depuis 8 mois pour ça, et que je suis poursuivi par la Justice de mon pays pour ces propos. Et pourtant c’est vrai et les juges instructeurs ont même pu écrire tout ça dans les actes de mise en accusation. C’est surréaliste. » « D’abord, permettez-moi de vous rappeler, Madame la Présidente, que l’alternance politique est une notion de Droit Constitutionnel et de Sciences Politiques qui signifie changement de Président de la République, de gouvernement à la suite d’élections démocratiques. Ensuite, la prestation de serment en avril au Bénin, c’est une tradition républicaine depuis les premières élections démocratiques de 1991. Même le Président Talon a prêté serment le 06 avril 2016. Enfin, Madame la Présidente, un putschiste ne s’annonce jamais. Il surgit, agit et se maintient. Croyez-moi, c’est un Professeur de Droit Constitutionnel qui vous parle.  Madame la Présidente, moi je suis un démocrate et ce sont mes convictions démocratiques qui me valent depuis huit (08) mois d’être en prison et d’être poursuivi devant vous. Moi, contrairement à tout putschiste qui se respecte, je n’ai pas caché mes ambitions présidentielles. J’ai parcouru le pays, rencontré les béninois partout sur le territoire, bâti un projet présidentiel, préparé et déposé un dossier de candidature en respectant les lois de la République, y compris celles que j’ai critiquées. Toute cette préparation m’a pris plusieurs années, deux au moins, ça m’a pris de l’énergie, des ressources financières de ma petite famille et ma vie de famille. Deux ans sur les routes du Bénin, de village en village, j’ai côtoyé la mort, les menaces, les accidents. Ce risque-là, j’ai accepté de le prendre pour mon pays, pour sa stabilité politique, pour l’apaisement et le vivre-ensemble. Car il n’y a pas de risque plus grand que l’amour que l’on a pour sa patrie. Je n’ai donc pas fait tout ça, investi autant d’énergies, pendant autant de temps pour finir par devenir putschiste. »

« Madame, Messieurs les juges, un poulain qui nait dans une étable à côté d’une vache n’est pas un veau. On a beau me promener de juges en juges, me maintenir en prison, on a beau tenter de me faire porter le masque d’un criminel, on a beau tenter de délégitimer mon combat pour la démocratie, je ne serai jamais le criminel qu’on a voulu fabriquer et que je n’ai jamais été dans ma vie. »  Mon éducation, mon hygiène morale, mon parcours professionnel, ma pratique sociale et ma réputation m’opposent radicalement au portrait du criminel que mes adversaires tentent vainement de vendre au monde entier ».

Conclusion

« Madame la Présidente, seule la démocratie est éternelle. On peut en sortir mais croyez-moi, on y revient toujours. La démocratie, c’est la sécurité et la sureté pour tous. Hors de la démocratie, c’est l’aventure pour nous tous. Aujourd’hui c’est moi, à qui le tour demain ? »

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