La presse en danger au Togo. Deux journalistes ont été déposés en prison après une émission au cours de laquelle, ils auraient émis de simples critiques à l’endroit des membres du gouvernement. Ferdinand Ayité et Joël Egah, respectivement directeur de publication des journaux L’Alternative et Fraternité, ont été entendus par la brigade de renseignement et d’investigation, puis inculpés pour “diffamation” et “outrage à l’autorité” et placés sous mandat de dépôt depuis vendredi, 10 décembre 2021, selon Reporter sans frontières. «Il leur est reproché des propos tenus dans “L’autre journal”, une émission d’actualité et de débats très populaire diffusée sur Youtube par la web-télé du journal L’Alternative. Au cours des échanges, deux ministres, qui ne sont pas nommément cités, sont notamment associés à des détournements de fonds. Également entendu, Isidore Kouwonou, le présentateur de l’émission a été placé sous contrôle judiciaire » informe l’Organisation. Déjà, des voix s’élèvent à travers le monde pour réclamer la libération des deux journalistes. Alors que le Togo s’est doté en 2020 d’un nouveau Code de presse dont les dispositions semblent préserver la liberté des journalistes et des médias, la presse est encore loin d’être à l’abri. Outre la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (Cenozo), Rsf exige également la libération des deux journalistes. Selon l’avocat des journalistes détenus, Me Elom Kpade, contacté par Rsf, il s’agit d’une “forfaiture juridique” et un dossier monté sur simple dénonciation par les autorités sans que les ministres visés n’aient même déposé plainte. « Le Code de la presse du Togo ne prévoit plus de peine privative de liberté depuis 2004 au Togo mais l’accusation estime que les faits relèvent du droit commun car ils se sont déroulés sur un “réseau social” », déplore l’avocat. Dans un entretien accordé à Ouestaf, Loïc Lawson, président de l’Union de la presse francophone (UPF) a déploré le fait que les journalistes aient été arrêtés et mis en détention sur la base du Code pénal et non du Code de la presse togolais. Après les révélations liées à l’espionnage par les autorités de plusieurs journalistes du pays, ces détentions arbitraires jettent un immense discrédit sur la politique des médias au Togo, selon Rsf. Le Togo occupe la 74e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.
A.B