Étude sur l’écosystème des fake news au Bénin: Léonce Gamai décrypte le contenu du rapport

Le Centre pour la Démocratie et le Développement (CDD West Africa) a lancé en 2021, une étude en vue d’identifier et de comprendre les différentes facettes du phénomène des fake news dans l’espace Cedeao. Retenu à l’issue d’un processus rigoureux pour conduire l’étude au Bénin, Léonce Gamai, journaliste, expert média & communication et gestionnaire de projet a rendu public son rapport en mars 2022. Invité sur Café médias plus vendredi, 25 mars 2022, le Manager général du média en ligne “Banouto“ a évoqué le contenu du rapport de l’étude réalisée au Bénin…

“Écosystème des fake news au Bénin : Une vue d’ensemble“, tel est l’intitulé de la présente étude réalisée par le jeune consultant Léonce Gamai. Face aux professionnels des médias vendredi au cours de la causerie “Café médias plus“, il a fait savoir que l’ampleur de la propagation et de l’influence des fake news en l’Afrique de l’Ouest reste préoccupante. Ce qui justifie d’ailleurs l’initiative de CDD West Africa de réaliser une étude basée sur une approche principalement qualitative. Une initiative qui a permis de documenter la réalité liée aux fake news dans les 15 pays membres de la Cedeao. Ainsi, 15 rapports pays décrivant les principales facettes de l’écosystème des « fake news» dans chacun des pays membres de la Cedeao ont été publiés ainsi qu’un rapport régional sur les thèmes clés de l’écosystème des fake news en Afrique de l’Ouest. Selon Léonce Gamai, l’étude intègre des points clés notamment les principaux acteurs de l’espace en ligne / hors ligne de l’écosystème de l’information et l’origine de leur légitimité; les principales plateformes d’information en ligne ; l’interaction entre l’écosystème des « fake news » en ligne avec les structures médiatiques et non médiatiques, les exemples concrets et récents de l’impact des fake news, rôle des acteurs externes dans la formation de l’écosystème des fake news, le genre dans la circulation de la mésinformation et de la désinformation sans oublier les efforts de lutte contre les fake news (y compris les règlements, les fermetures, la vérification des faits, etc.)

Quid de l’écosystème des fake news au Bénin…

« La propagation des fausses nouvelles ou infox, appelées ‘’fake news’’ chez les Anglo-Saxons, a pris une ampleur inquiétante et dévastatrice au Bénin au cours de la dernière décennie. La flambée de la circulation des fausses nouvelles a coïncidé avec l’augmentation du taux de pénétration de l’internet, la croissance du parc internet mobile et l’émergence des réseaux sociaux » fait savoir le journaliste Léonce Gamai. Selon ce dernier, l’étude aborde les effets de la démocratisation de l’internet et des smartphones sur l’écosystème de l’information au Bénin, la production et la propagation des infox, les principaux acteurs impliqués, l’ampleur de leurs conséquences sur l’ordre social et politique, l’impact sur le genre et les réponses locales au problème. « L’information n’est plus totalement ce qu’elle fut avant la popularisation de l’internet et des réseaux sociaux. Sa durée de vie, sa diffusion et même sa production ont été bouleversées par l’émergence de l’internet et des réseaux sociaux. Tout le monde peut désormais produire du contenu et diffuser de l’information…Les journalistes et autres professionnels des médias et les organes de presse sont fortement concurrencés et bousculés dans leur zone de confort par l’avènement de nouveaux acteurs de l’information en ligne. Ces nouveaux acteurs sont notamment les web activistes, les individus médias, les intellectuels influenceurs et les relayeurs, dont l’influence en ligne peut avoir des échos hors ligne » poursuit-il.

Selon la présente étude, les infox au Bénin foisonnent beaucoup plus en période électorale, de tension et de crise (sanitaire, socio-politique et sécuritaire). “Leur création, (ré)production et diffusion s’inscrivent dans des logiques bien définies, à savoir la bataille autour du pouvoir politique, l’expression d’une panique collective face à une crise ou une situation extraordinaire, l’expression d’une résistance quasi collective ou d’une large partie de l’opinion à une action publique, etc“ renseigne la note de presse. Pour Léonce Gamai, l’initiation et la diffusion des infox sont donc l’œuvre des milieux politiques, des utilisateurs des réseaux sociaux ainsi que de citoyens non présents en ligne.

Toutefois, “les données collectées dans le cadre de l’étude ne permettent pas de mettre en évidence le rôle d’organisations étrangères (gouvernementales ou non gouvernementales) dans la production et la diffusion de fake news à destination spécifique du Bénin“. « L’étude révèle deux types de réponses contre la propagation des fausses nouvelles au Bénin, à savoir la répression et le fact-checking. Sur le premier volet, les résultats de recherche indiquent que le droit béninois n’est pas muet sur la question. Mais il se pose, entre autres, un problème autour du champ d’application des dispositions répressives d’une loi comme le code du numérique. Sur le second point, il a été recensé plusieurs initiatives de fact-checking portées par des professionnels des médias et des organisations de la société civile » précise Léonce Gamai.

Pour une lutte efficace contre la propagation des fake news, l’auteur de l’étude préconise la généralisation du fact checking, l’éducation des populations aux médias et au numérique, la formation des nouveaux acteurs de l’information en ligne, le renforcement de la protection juridique des journalistes et professionnels des médias qui s’avèrent indéniablement le rempart contre les fake news.

A.B