Ukraine: «Fais-moi un sourire parce que je vais mourir», un Français raconte sa fuite de Kherson

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Le flux de réfugiés fuyant l’Ukraine en guerre continue de grossir, une nouvelle barre a été franchie ce mercredi matin, celle des 4 millions de réfugiés, chiffre communiqué par le Haut Commissariat aux réfugiés. Parmi les centaines de milliers de personnes qui quittent l’Ukraine chaque jour, le Français Jean-Paul Lecour qui sera bientôt en France.

 

Jean-Paul Lecour essayait de quitter Kherson depuis plus d’un mois. Kherson, c’est la première ville d’importance qui était tombée aux mains des Russes. Jean-Paul Lecour, qui partage sa vie entre la France et l’Ukraine, n’avait pas pu partir au début de l’offensive russe, car sa belle-mère âgée de 93 ans et son épouse ukrainienne avaient le Covid-19. Ces dernières semaines, il avait préparé son départ minutieusement et fait des réserves d’essence.

« Ma voiture marche au gaz et à l’essence. Mon plein de gaz avait été fait, mon plein d’essence aussi. J’avais tout préparé. J’avais réussi à trouver 70 litres d’essence au marché noir. Cela coûtait très cher, puisque c’était environ 4 euros le litre, mais j’ai acheté 70 litres », affirme-t-il.

Quant à quitter l’Ukraine, cela ne s’est pas fait facilement pour autant. Il a fallu qu’il s’y reprenne à quatre fois. « Le premier jour, j’ai pu passer cinq checkpoints russes. Mais le problème, c’est que ma belle-mère, elle a 93 ans quand même, et elle a fait une crise d’hystérie ou d’angoisse. Elle s’est mise à pleurer et j’ai dû faire demi-tour. Le lendemain, on a réessayé, on a pu passer trois checkpoints et au bout du troisième, on nous a dit qu’on ne nous laisserait pas passer », raconte Jean-Paul Lecour.

La peur des tirs de Kalachnikov

Le 24 mars, il pense à nouveau tenter l’expérience, mais prend peur en raison d’échanges de tirs nourris qui durent plusieurs heures et qu’il interprète comme des prémices d’une nouvelle intervention militaire. Finalement, il ne se passe rien le lendemain. L’équipage prend la route le 26 mars, à 6 heures moins le quart, juste avant la fin du couvre-feu. Il faut alors 8 heures pour effectuer les 90 kilomètres de Kherson à Mykolaïv.

« J’avais peur que d’une chose : on passait tous les checkpoints russes et à partir du moment où on avait passé le dernier point de contrôle russe, on allait vers le premier point de contrôle ukrainien. Et c’est cette partie-là qui est la plus dangereuse, car vous vous retrouvez entre les lignes ukrainiennes et les lignes russes. Nous avons vu des bombes tomber pas loin de nous. Je n’étais pas inquiet de cela. J’étais plutôt inquiet d’éventuels tirs de Kalachnikov, des choses comme ça… », dit-il, sans penser au risque encouru en transportant ses 70 litres d’essence.

Plusieurs centaines de voitures font le même trajet, mais elles sont filtrées dans les points de contrôle. À chaque fois, il faut vider tout ce qu’il se trouve dans le véhicule. Les hommes jeunes sont fouillés, déshabillés, pour vérifier s’ils ont des traces sur le corps permettant d’identifier les combattants.

La rencontre avec un soldat russe dont le visage « était celui d’un enfant »

Après Mykolaïv, il y a encore des points de contrôle, mais le plus difficile est passé. Restent, gravées dans sa mémoire, des images. Celles des moments très forts à Kherson début mars, lorsque les habitants de la ville se tenaient sans armes, face aux soldats. Et puis cette traversée, éprouvante, mais sans incident lors des contrôles russes.

« En tout cas, avec moi, ils ont toujours été corrects. Je n’ai jamais eu un problème avec un soldat russe. Jamais. Il y en a même qui ont plaisanté avec moi. J’ai une image dans la tête. Un soldat russe… Son visage était celui d’un enfant. Il est venu à la fenêtre, il m’a regardé et il m’a demandé : “fais-moi un sourire parce que je vais mourir ». C’est ce qu’il m’a dit », se souvient-il.

Jean-Paul Lecour, qui s’étonne par ailleurs de n’avoir eu aucune aide de la France. Nous lui avons parlé ce matin. Il était alors en Allemagne après avoir traversé l’Europe en passant par la Moldavie. Il devrait être en France à l’heure qu’il est.

 

rfi.fr

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