France-Algérie: «Il ne peut pas y avoir de relations durables sans devoir de mémoire», estime Saïda Benhabyles

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Emmanuel Macron arrive ce jeudi 25 août en Algérie pour 3 jours de visite officielle. Entretiens avec son homologue Abdelmadjid Tebboune, visite de la grande mosquée d’Alger, étape à Oran, ce déplacement vise avant tout à consolider des liens qui se sont tendus ces derniers mois. Saïda Benhabyles, ancienne ministre et sénatrice, militante des droits de l’homme toujours active, estime que les relations entre les deux pays dépendent avant tout du travail de mémoire.

 

RFI : Emmanuel Macron va passer trois jours en Algérie, il souhaite refonder une relation abimée, se tourner vers la jeunesse et l’avenir, cette ambition peut-elle devenir réalité vu les relations complexes entre la France et l’Algérie ?

Saïda Benhabyles : Je ne peux qu’applaudir à cette intention, le problème qui se pose, c’est qu’à chaque fois il y a eu des visites où il y a eu des annonces de bonnes intentions. Malheureusement, chaque fois, on a l’impression quand même que c’est le coup d’épée dans l’eau. Il y a tout le temps de la provocation. On fonde beaucoup d’espoir sur cette visite, mais l’essentiel, c’est que les Algériens ressentent qu’ils sont considérés d’égal à égal. On dira tout ce qu’on voudra, mais il ne peut pas y avoir des relations durables sans devoir de mémoire.

Emmanuel Macron estime avoir fait beaucoup, il souhaite poursuivre le travail d’apaisement des mémoires, ces dossiers, vous le dites, sont encore et toujours au cœur des divisions, comment les régler ?

Il suffit de reconnaitre les erreurs commises contre les Algériens de la France coloniale. La France actuellement n’est pas responsable des massacres commis sous le règne de la France coloniale. Et puis, il y a cet affront que subissent les Algériens quotidiennement, parce que c’est bien beau de s’entendre en haut-lieu, mais ces relations, cette volonté politique ne peut donner ses fruits que si elle a un prolongement populaire. Moi, ce qui m’intéresse, ce sont les conséquences de cette visite sur le respect de la dignité des Algériens.

La coopération militaire est ancienne entre l’Algérie et la Russie, après six mois de guerre en Ukraine, quel discours peut tenir Emmanuel Macron à son homologue sur ce point ?

Vous voulez que je sois franche ? Il y a un décalage énorme entre la position de l’Europe actuellement concernant le problème entre l’Ukraine et la Russie, et les massacres commis quotidiennement contre les Palestiniens par Israël. Il est temps de mettre de côté toutes ces querelles idéologiques, pour sauver l’humanité, parce que la France et l’Algérie peuvent donner l’exemple.

Si on prend l’exemple de l’Afrique de l’Ouest, du Sahel et particulièrement du Mali, Emmanuel Macron a encore « plus besoin » des autorités algériennes ?

Je suis contre les positions militaires. L’armée algérienne n’est jamais intervenue en dehors de ses frontières. Vous voulez aider ces pays ? Il faut les aider dans le développement. La misère, le sous-développement sont la source de tout conflit, qu’on arrête de spolier leurs richesses, qu’on arrête de les diviser, qu’on arrête de jouer aux gendarmes.

L’Élysée indique qu’aucun contrat gazier ne doit être signé durant cette visite officielle, la France, Paris a néanmoins besoin à court comme à long terme du gaz algérien ?

Le programme de la visite, il faut le lire entre les lignes : c’est une visite pratiquement d’amitié, de bonne volonté, histoire de dire « on oublie les erreurs du passé, on va corriger les erreurs du passé ». Dès que les problèmes de fond seront réglés, que ce soit des contrats gaziers ou des échanges commerciaux, le reste suivra.

Des organisations de la diaspora algérienne ont appelé Emmanuel Macron à ne pas occulter la dégradation des droits humains, vu la crise, vu les relations tendues dans le passé, le président français peut-il réellement interpeler Abdelmadjid Tebboune sur ce point ?

Moi, en tant que militante, je refuse catégoriquement de faire intervenir un étranger pour obtenir mes droits. On a affronté les intégristes, les terroristes, les obscurantistes, quel gout ont ces droits si je ne les obtiens pas par la force des bras, par mes sacrifices ? Je me bats pour un droit.

 

rfi.fr

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