Bénin/Journaliste privé de liberté: Avalanche de réactions sur le cas de Virgile Ahouansè

Suite à une publication sur de supposées exécutions sommaires dans une école à Porto-Novo, le journaliste et Directeur de l’information de la web radio Crystal news, Virgile Ahouansè a été convoqué puis placé en garde à vue. Ceci, après de longues heures d’audition. L’arrestation du professionnel des médias suscite d’ailleurs des réactions dans l’opinion nationale et internationale…

Alors que les avocats du journaliste déplorent la détention de ce dernier malgré les éléments de réponse apportés, l’Union des journalistes de la presse libre africaine (Ujpla) demande la libération de Virgile Ahouansè. Dans un communiqué rendu publique ce mercredi, 21 décembre 2021 et signé de son président Yao Noël, l’organisation panafricaine de journalistes créée pour défendre la liberté de la presse et la sécurité des journalistes,  “dénonce déjà cette privation de liberté d’un journaliste pour les faits évoqués dans son enquête“. « Il est reproché au journaliste la diffusion d’une enquête portant sur des allégations d’exécutions extrajudiciaires dans lesquelles la police béninoise serait impliquée. Dans l’élément incriminé, le journaliste a donné la parole à des témoins qui ont rapporté les faits à la base de l’investigation. Des propos d’un de ses avocats après l’audition, il est reproché au journaliste Virgile Ahouansè, la publication de ‘’fausses informations sur les réseaux sociaux’’. Malgré tous les éléments de réponse apportés par le journaliste pendant son interrogatoire, la brigade criminelle a ordonné sa garde à vue » lit-on dans le communiqué.  “Pour lesdits faits, il suffirait à la police d’apporter un démenti, s’ils s’avéraient faux et livrer sa version. L’Ujpla souhaite que la justice béninoise apprécie avec sérénité et justesse les faits reprochés au confrère Virgile Ahouansè dans ce dossier. L’Ujpla demande la libération de Virgile Ahouansè dans cette affaire qu’elle suivra avec toute l’attention et toute la vigilance requises », plaide l’Union des journalistes de la presse libre africaine (Ujpla).

L’Odhp appelle à l’arrêt de la poursuite contre Virgile Ahouansè…

L’Organisation pour la défense des droits de l’homme et des peuples (Odhp) a également exigé l’arrêt de la poursuite contre le journaliste Virgile Ahouansè tout en demandant à ce que toute la lumière soit faite pour la sécurité des vies humaines. “…on apprend que le journaliste Virgile Ahouansè qui est par ailleurs le Directeur de l’information à Crystal News est convoqué par téléphone et sans motif précis à la Brigade criminelle…La Brigade criminelle veut-elle à son tour étouffer une voix qui met à nu des crimes aussi barbares et inacceptables pour notre peuple? Il est inadmissible que des vies humaines soient ainsi supprimées alors même que la peine de mort est abolie dans notre pays (Cf. ART 34 du Code pénal qui ne reconnait au titre des peines criminelles les plus élevées que la réclusion criminelle à perpétuité). Dans ces conditions, la succession des exécutions extrajudiciaires constitue une situation d’insécurité et de menaces graves à la vie humaine qui est sacrée ainsi que le reconnait la Constitution. Il est alors inacceptable qu’on empêche la dénonciation de tels forfaits…Elle s’indigne face à ces actes cruels et inhumains et exige que toute la lumière soit faite par le gouvernement du Président Talon afin que leurs auteurs soient identifiés et sanctionnés devant les juridictions compétentes. Elle exige par ailleurs la libération du gardien enlevé et l’arrêt de toute poursuite contre le journaliste Virgile Ahouansè“ dénonce l’Odhp dans un communiqué en date du 19 décembre 2022.

Des voix s’élèvent…

Incarcéré puis condamné en 2019 avant d’être libéré quelques mois après, le journaliste béninois Ignace Sossou a également apporté son soutien à Virgile Ahouansè. “20 décembre 2019 : j’ai été arrêté et placé en garde à vue pour avoir relayé les propos du procureur Mario Metènou, jugés « critiques » vis-à-vis du pouvoir. 20 décembre 2022 : Virgile Ahouansè est convoqué et placé en garde à vue pour avoir publié une enquête sur des faits « présumés » d’exécutions sommaires. Le 20 décembre sera un jour déclarée au Bénin : « Journée nationale de la liberté d’expression et de la presse ». Courage Virgile ! “ A-t-il posté sur sa page Facebook. Dans une publication sur Facebook, l’Ong Actions pacifiques a appelé à la liberté pour le directeur de l’information du média Crystal news. “Ces faits sont d’une extrême gravité pour mériter le silence respectif des responsables de la police républicaine, du gouvernement, de la commission béninoise des droits de l’homme et des acteurs de la société civile. Prenant la mesure de la gravité des faits relatés, le Collectif populaire Actions Pacifiques juge ces faits préoccupants en ce qu’ils aggravent la situation d’insécurité des citoyens et installe la psychose au sein des populations de Dowa et dans le cœur de chaque béninois de façon générale. C’est pour cette raison que le Collectif populaire Actions Pacifiques, invite le gouvernement à rompre l’omerta sur cette affaire en faisant la lumière sur le sujet“ peut-on lire quant aux faits dénoncés. Par ailleurs, “le Collectif populaire Actions Pacifiques, appelle le gouvernement à préserver les droits et à garantir la sécurité des citoyens qui ont alerté sur ces faits“. “Il doit particulièrement veiller à la liberté de presse et à l’intégrité physique de Virgile Ahouansè, journaliste de Crystal New, un media en ligne. Main dans la main ! Mobilisons-nous ! Indignons-nous ! Gardons allumée la flamme de la résistance pacifique“ dénonce l’organisation.

Ancien Président de l’Unseb, Prince Boris Aké n’est pas resté indifférent à la situation. “Virgile Ahouansè, journaliste de grande qualité et très intègre, convoqué par la police après son reportage ayant mis au grand jour une ènième exécution extrajudiciaire dans un quartier de Porto-Novo, est toujours gardé à la brigade criminelle. Je lui exprime mon soutien indéfectible et dénonce l’acharnement dont il fait l’objet. Virgile Ahouansè est l’un des derniers remparts de la presse béninoise. Il mérite le soutien de tous“ a-t-il également posté sur Facebook. Sur la toile, des voix s’élèvent pour apporter du soutien au journaliste et condamner son interpellation et sa détention.

 « On est découragé…pour avoir diffusé des informations sur ce qui s’est passé à Dowa, Virgile Ahouansè que nous connaissons tous bien a été placé en garde à vue. On a suivi de bout en bout les questions qui lui ont été posées et les réponses données. A notre avis, ne valent pas une garde à vue. Il a justifié…il a montré que tout ce qu’il disait était vrai…La Commission béninoise des droits de l’homme, le journal la Flamme, l’Organisation pour la défense des droits de l’homme, tous ces organismes ont dénoncé ce que lui-même a dénoncé. Et pourtant tous les autres sont en liberté… On lui reproche qu’il aurait diffusé de fausses informations sur les réseaux sociaux… Il a prouvé que ce sont des informations que des témoins qui étaient sur place ont vu et qu’il a relayées… malgré tout ça, on a dit non qu’il s’agit de fausses informations et qu’il doit en répondre…» a déclaré Me Barnabé Gbago qui a confié que dans le dossier, un des interviewés du journaliste sur le terrain, notamment le gardien se serait dédit. << On est tous révolté, indigné par ce qui vient de se passer>>, confie Me Aboubakar Baparapé, l’autre avocat qui a déploré le fait qu’il n’y ait pas eu confrontation.

Dans la soirée d’hier, l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb) a, dans un communiqué, déploré la privation de liberté du journaliste dans l’exercice de sa profession contrairement aux dispositions légales en vigueur et aux instruments internationaux auxquels le Bénin a librement souscrit. L’Upmb exige la libération immédiate du journaliste Virgile Ahouansè. Même son de cloche du côté de l’Ong « Médias et Citoyenneté ». « Dans une démocratie, la place d’un journaliste n’est dans une cellule », martèle l’ONG de professionnels des médias.

 A suivre !

M.M