Polémique autour de la commercialisation du soja: Qui pour dédouaner le gouvernement ?

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Malgré que le gouvernement ait décidé, en sa séance du Conseil extraordinaire des ministres du mercredi 21 décembre 2022, de mettre fin à la pratique de fixation du prix plancher du soja, il semble se retrouver au banc des accusés dans la polémique autour de la commercialisation de ce produit agricole. Alors que Bertin Koovi du parti politique Bloc Républicain déplore la taxe additionnelle instaurée par le gouvernement, les tournées d’informations semblent loin de dédouaner le gouvernement…

 

Le gouvernement semble avoir du mal à s’extirper de la polémique entourant la commercialisation du soja. Une polémique selon laquelle les producteurs se retrouvent abusés. En effet, en sa séance du Conseil extraordinaire des ministres du 21 décembre 2022, le gouvernement a décidé “de mettre fin à la pratique de fixation du prix plancher de cession des produits agricoles concernés (soja, karité, cajou) et de permettre aux producteurs de vendre librement leurs récoltes au mieux de leurs intérêts, et en fonction de l’évolution du marché“. Une décision que le gouvernement justifie par des incompréhensions, des plaintes enregistrées et de la confusion entre prix plancher et prix de cession homologué. Selon le gouvernement, la pratique de fixation de prix plancher  consiste “de concert avec les acteurs représentatifs des filières concernées, à fixer un niveau minimum de prix de vente destiné à protéger les intérêts des producteurs, tout en laissant à ceux-ci la possibilité de céder leurs récoltes à des prix plus rémunérateurs“. “Mais, il apparaît que les producteurs sont souvent lésés parce que les principaux acteurs de ces filières ne s’accordent pas toujours et font croire que le prix plancher constitue le prix d’achat, ce qui entretient un climat de confusion sur le terrain“ précise le compte rendu du Conseil des ministres. Mais cela était loin de mettre fin aux supputations selon lesquelles, les actions du gouvernement ne permettent pas aux producteurs de rentabiliser. Visiblement conscient de cette évidence, le gouvernement a initié une tournée d’échanges et de sensibilisation des producteurs du soja dans plusieurs localités. Ainsi, le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui et sa collègue de l’industrie et du commerce, Shadiya Assouman ont parcouru plusieurs localités notamment Aplahoué, Djidja, Kétou, Savè, Djougou et Ndali pour dénoncer l’attitude des commerçants qualifiés de « véreux » et des politiciens dans cette polémique. Pour le ministre Gaston Dossouhoui, l’État n’a jamais fixé le prix plancher mais il homologue plutôt le prix proposé par les acteurs, tout en tenant compte de l’intérêt du producteur. Pour lui, la polémique est née à cause des élections. Et d’estimer qu’en réalité, les commerçants ne veulent pas payer les redevances avec lesquelles le gouvernement subventionne les intrants, les engins agricoles, les semences, les herbicides au profit des producteurs mais ils veulent faire payer ces taxes par les producteurs. Suffisant pour convaincre ? Non, selon une publication de “La perche du Nord“ qui estime que la fixation d’une taxe d’au moins 10 mille francs sur le sac de 100 kilogrammes du Soja reste préjudiciable aussi bien aux producteurs et commerçants qui se plaignent d’ailleurs.

Une taxe additionnelle au mauvais moment…

Soutien du gouvernement de la Rupture, Bertin Koovi, membre du parti Bloc Républicain affirme ne pas comprendre la pertinence et l’opportunité de l’instauration d’une nouvelle taxe sur la commercialisation du soja. Dans un audio devenu viral, il voit cette immixtion du gouvernement dans la vente du soja comme une des raisons de l’échec du Bloc républicain aux élections législatives du 8 janvier 2023. Outre le prix plancher qui a été mal compris, selon lui,  “le comble est la hausse à 100F additionnel de la taxe à l’exportation“. Quand le soja avait un très bon prix, l’Etat prenait à peine 40Fcfa, le prix s’est effondré et l’Etat impose 100F, s’interroge Bertin Koovi qui confie avoir proposé l’annulation de la taxe additionnelle et l’augmentation à au moins 300Fcfa, le prix du kg de l’acheteur national. “C’est vu comme une punition des populations qui font du soja“ admet-il.

En effet, par décret n° 2022- 419 du 20 juillet 2022 portant fixation de nouvelles redevances à l’exportation du soja et du riz paddy, en soutien aux prix des intrants agricoles, le gouvernement a institué de nouvelles redevances à l’exportation du soja et du riz Paddy. Selon l’article 2 dudit décret, il sera désormais perçu une redevance supplémentaire de 100FCFA par kilogramme de soja grain exporté et 50FCFA par kilogramme du riz paddy exporté. Selon le décret, les redevances sont perçues au cordon douanier et versées au trésor public. Une taxe supplémentaire de 100FCFA qui porte désormais à 140Fcfa, la redevance perçue par kilogramme de soja exporté. Ce qui fait d’ailleurs déborder le vase. Cependant, pour la ministre du commerce, Shadiya Assouman, la taxe supplémentaire ne met pas en péril les intérêts des producteurs. “ Le marché obéit à la loi de l’offre et de la demande. Tenez ! Le prix du soja sur le marché international est de 800 FCFA au moins le kilogramme. La redevance est à 140 FCFA. Pourtant, le commerçant veut vous acheter le soja au prix le plus bas. C’est le commerçant qui gagne à tout prix. Mais c’est le même qui met tout le tort sur le gouvernement“ tente-t-elle de dédouaner le gouvernement. Et de lancer aux producteurs “ ne soyez pas acteurs de la mauvaise foi ; ne soyez pas vecteurs de la polémique sur le prix plancher“. Mais la polémique est encore loin d’être enterrée.

Vers l’interdiction de l’exportation du soja…

La politique gouvernementale concernant le soja semble bien être orientée vers l’interdiction de l’exportation du soja. Les nouvelles taxes supplémentaires seraient-elles instituées à cet effet ? En tout cas, en sa séance du Conseil des ministres du 12 octobre 2022, le gouvernement a décidé des conditions de mise en œuvre de l’interdiction d’exportation des noix brutes de cajou et du soja grain. “En vue de favoriser l’implantation d’industries de transformation agroalimentaire, source d’emplois et de plus-value pour l’économie nationale, le Gouvernement avait notamment adopté le décret n° 2022-214 du 30 mars 2022 portant conditions de déroulement de la campagne de commercialisation 2021-2022 des noix de cajou. Ce texte précise que l’exportation des noix brutes de cajou est interdite, pour compter du 1er avril 2024. Afin de soutenir cette dynamique d’industrialisation amorcée, il y a lieu de prendre également en considération le soja dont la production connaît un accroissement considérable, passant de 156.900 tonnes en 2017 à 253.953 tonnes en 2021“ précise le compte-rendu du Conseil des ministres. Ainsi, à partir du 1er avril 2024, l’exportation du soja grain ne serait plus possible sans transformation. “Dans le but de préserver au mieux les intérêts des acteurs d’ici à cette date, il est mis en place un cadre transitoire d’exportation de ces produits, avec une organisation de nature à en garantir l’efficacité“ lit-on également. Et “au cours de la période transitoire, les détenteurs d’agrément devront satisfaire les besoins des industries locales avant exportation du reste de leurs stocks sur la base d’une autorisation expresse“ précise le gouvernement. Ceci justifierait-il l’instauration des redevances supplémentaires déjà jugées “exagérées“ ?

En tout cas, pour la ministre de l’industrie, “le Bénin ne gagne rien sur le produit agricole brut exporté“. Et de préciser “la transformation sur place de nos produits crée de la richesse et des emplois. Pour ce qui concerne le soja, Glo-Djigbé veut transformer 110.000 tonnes sur les 400.000 tonnes produites cette année“. Une position que défend également le ministre de l’agriculture face aux producteurs. “Notre intérêt commun avec vous, producteurs, c’est de travailler pour que nos productions agricoles restent au Bénin pour être transformées et créer de la richesse, ou passer par le port pour générer des taxes pour des actions sociales », a lancé le ministre Gaston Dossouhoui. Le gouvernement serait-il alors en train de tout mettre en œuvre pour décourager l’exportation du soja ? Qui pour dégager la responsabilité de l’Etat dans cette polémique autour de la commercialisation du soja ? Et si le gouvernement écoutait les producteurs pour parvenir à des pistes consensuelles ? Les interrogations restent toutes posées et il importe que le gouvernement clarifie sa position et situe clairement les responsabilités dans cette polémique qui semble perdurer.

 

A.B

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