Consolidation de la paix et Développement du Bénin: Le Message de la Cour royale de Tchaourou aux gouvernants

Au Bénin, contrairement aux élections de 2019 et 2021, les législatives du 8 janvier 2023 se sont déroulées dans la quiétude dans tout le pays, y compris les zones qui s’étaient illustrées par les violences. Qu’est-ce qui a pu militer, cette fois-ci, en faveur de la paix ? Cette paix retrouvée est-elle durable ? Que corriger ou sur quels leviers agir pour la consolidation de cette paix ? Autant de questions qui ont nécessité une descente de votre journal Matin Libre, conjointement avec la radio en ligne Crystal News, dans les communes de Bantè, Savè, Tchaourou et Parakou autrefois théâtres de violences électorales. Sur place, des acteurs politiques notamment des élus communaux, des autorités de la chefferie traditionnelle et des jeunes ont exprimé leurs points de vue avec à la clé des invites au chef de l’Etat, à son gouvernement, aux députés ainsi qu’à la justice. C’est dans une série de publications dont voici la troisième, consacrée à Tchaourou dans le département du Borgou.

Issakou Atchadé, premier ministre du Roi de Tchaourou

« Cette paix est revenue. Mais ce qui reste à faire… »

Les élections passées, c’était la violence dans certaines régions comme Tchaourou. Mais les législatives de janvier 2023 se sont déroulées dans la paix à Tchaourou. La Cour royale a-t-elle particulièrement joué un rôle dans ce sens ?

Je vous remercie pour votre démarche qui va dans le sens du développement de notre pays. Que Dieu nous éloigne du diable et de ces souvenirs douloureux. Le Roi s’est personnellement impliqué dans le règlement de cette crise parce que à Tchaourou ici tous sont ses fils. Et quand tu es père de famille et que sur trois enfants c’est seulement deux qui trouvent pour leur compte, c’est comment faire pour que le troisième aussi soit satisfait qui doit te préoccuper. Sinon, ce dernier ne sera pas content si c’est seulement deux qui sont pris en compte. Par des prières, libations et sensibilisations, le Roi a invité ses sujets, chacune des parties en compétition, à la patience, au pardon et à voter dans la paix pour que ces élections de 2023 soient des moments de joie pour faire oublier les pages lugubres des élections passées.

Est-ce que la paix est définitivement revenue dans les cœurs ?

Par la grâce de Dieu, cette paix est revenue. Mais ce qui reste à faire, c’est la libération des personnes arrêtées dans le cadre des violences. Puisse Dieu toucher les cœurs de nos cadres et dirigeants pour que ces détenus et exilés soient libres de leurs mouvements pour qu’on construise ensemble le pays, parce que dans le lot de ceux-là qui sont toujours en détention, il y en a qui constituent la charpente de toute une famille. Imaginez, que ce soit toi le père, qui dois maintenant nourrir un enfant qui te nourrissait, te venait en aide alors que tu n’as plus toutes les capacités ! Qu’est-ce qui t’attend-là ? C’est la mort. Dieu nous en épargne. Donc, pour qu’il n’en soit pas ainsi, j’implore la clémence de nos dirigeants pour une libération effective de ces personnes qui sont dans le cas afin qu’ils viennent participer, pendant qu’ils sont encore des bras valides, à la construction du pays.

Est-ce qu’il y a principalement des fils de Tchaourou qui sont dans le cas ?

Des fils de Tchaourou ou pas, à partir du moment où tu es un sage, une tête couronnée, tout le monde devient tes enfants, sans exception et sans distinction. Quand je prends l’exemple de Reckya Madougou, je dirais que c’est notre épouse dans notre famille. Elle est donc de Tchaourou. Et comme elle, les autres détenus. Nous voudrions donc prier le gouvernement d’opter pour le pardon en vue de leur libération. Le chien ne mord jamais le chiot jusqu’aux os.

Un mot de fin

Je voudrais prier pour les dirigeants et les nouveaux députés afin qu’ils aient la santé nécessaire pour l’accomplissement des œuvres de développement du pays.

Propos recueillis et transcrits par Jacques BOCO

Alayé Lamidi, Vice-premier ministre du Roi de Tchaourou

« L’essentiel est que tout le monde participe aux élections »

Contrairement aux élections de 2019 et 2021, les législatives de 2023 se sont déroulées dans la paix. Comment appréciez-vous ce fait ?

Nous sommes vraiment contents de votre démarche d’aller vers nous pour nous écouter. Puisse Dieu pacifier davantage le pays. Ceci dit, pour être sincère, ce qui est la réelle cause des violences électorales vécues en 2019 et 2021, c’est l’exclusion de l’opposition. Mais, déjà nous nous réjouissons des législatives de 2023 qui ont été inclusives avec la participation de toutes les obédiences politiques.

Avec la participation de l’opposition aux législatives de 2023, peut-on considérer que la paix est définitivement revenue à Tchaourou ? 

Ces violences sont conjuguées au passé. Et avec une telle démarche que vous avez menée vers nous pour nous permettre de nous adresser aux gouvernants, nous en sommes très contents. Que Dieu vous bénisse. Nous sommes, plus que jamais, un. Qu’on soit opposant ou de la Mouvance, qu’on s’asseye et qu’on discute de façon fraternelle. Ce qu’il faut souhaiter est que pour les élections à venir, on ait la participation de tous : opposants comme mouvanciers.

Est-ce que les missions de sensibilisation qui sont venues à Tchaourou pour demander qu’il y ait la paix ont contribué, par ailleurs, à cette paix retrouvée ?

Ce n’est pas là le problème. L’essentiel est que tout le monde participe aux élections. Si tous y participent, c’est fini ; on n’aurait même pas eu besoin de ces missions de sensibilisations.

Propos recueillis et transcrits par Jacques BOCO