Bénin/Autorisation avant vente de produits cosmétiques: L’arrêté de toutes les angoisses

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(Au delà du débat passionnel sur la dépigmentation…)

Les vendeuses de produits cosmétiques au Bénin n’ont pas bonne mine. Depuis l’ultimatum de trois mois qui leur a été donné de se conformer à l’arrêté du 18 janvier 2022 portant conditions d’importation, de distribution et de vente des produits cosmétiques en République du Bénin, ça cogite dans tous les sens…

 

«En me regardant, penses-tu sincèrement que je dispose d’un tel montant pour avoir l’autorisation ?» lâche une vendeuse de produits cosmétiques rencontrée au marché de Vêdoko. L’instant d’un rire, fruit de sa brusque réponse que déjà sa voix résonne de plus bel et sort une décharge :  «S’ils veulent fermer, qu’ils ferment. Je me contenterai de mes friperies. Quels bénéfices j’en tire pour aller verser 100 000 F Cfa ! D’ailleurs, je ne savais pas. Vous venez de m’informer», confie-t-elle  occupée à choisir des tenues à une cliente. L’interrogatoire ne durera pas longtemps. Notre présence indispose puisque sa cliente doit faire des essais dans ce mini conteneur servant de boutique et où sont disposés, produits cosmétiques,  sacs de Friperies et des articles pour bébé.

A Godomey, elle a su imposer sa marque. Et naturellement, pour tout besoin de produits cosmétiques, elle est derechef investie. Sans avoir eu à faire la médecine, sans être pharmacienne, c’est avec sérénité qu’elle recommande tel ou tel produit corporel à ses clients, selon le problème qu’elles lui soumettent. «Je suis informée…», avoue-t-elle à la question de savoir si elle est mise au fait de la décision du gouvernement.

Du haut de plus de la cinquantaine, Maman aminon (vendeuse de pommade), comme on la surnomme dans le quartier, n’est pas indifférente à l’annonce. Elle sait qu’elle doit se conformer à l’arrêté si elle veut poursuivre son activité. Surtout, souligne-t-elle, quand on sait que ce gouvernement quand il s’y met, c’est qu’il s’y est mis.

L’air évasif laissant paraître des rides d’inquiétude sur son visage, elle enchaîne. «Quelle est encore cette histoire d’autorisation… Depuis le matin, je n’ai encore rien vendu (il sonnait environ 13h). On va où avec ça ? Comment m’y prendre, où aller et par quoi commencer ?». Bref,  la peur d’avoir à fermer son Shop et se retrouver au chômage se traduisait dans chacun de ses mots et soupirs. Le souvenir du marché noir des médicaments taraude encore les esprits…

Mais, plutôt détendue de son côté, est cette gérante de boutique d’ « Alimentation générale et de produits cosmétiques », sise à Abomey-Calavi. «Je suis informée. Je vais commencer avec les formalités sous peu», l’entend-on dire les doigts sur le clavier de son portable, le regard y plongé.

De l’arrêté…

Tel un coup de massue, en effet, importateurs, distributeurs et vendeurs de produits cosmétiques au Bénin ont reçu l’information. Ils doivent, leur enjoint le ministre de la santé Benjamin Hounkpatin, désormais se conformer à l’arrêté du 18 janvier 2023 portant conditions d’importation, de distribution et de vente des produits cosmétiques en République du Bénin. Un ultimatum de 03 mois leur a été donné pour se conformer à la réglementation en vigueur dans le pays. Une réglementation restée endormie dans les tiroirs et qui désormais doit prévaloir sous la Rupture.

Selon les articles 04 et 05 de l’arrêté, «L’autorisation d’importation, de distribution et de vente des produits cosmétiques est délivrée par arrêté du Ministre de la Santé après avis de la Commission technique en charge de l’étude des dossiers de demandes d’autorisation d’importation des produits cosmétiques. Cette commission est mise en place par décision du Directeur général de l’Agence béninoise de régulation pharmaceutique (Abrp).

Aucun produit cosmétique ne peut être importé, distribué, ni vendu au Bénin s’il n’a reçu au préalable l’autorisation de commercialisation délivrée par l’Agence béninoise de Régulation pharmaceutique sauf dérogation accordée par ladite agence par procédure d’autorisation spéciale d’importation».

Les articles 6 et 7 disposent que «Les sociétés de grossistes-répartiteurs régulièrement agréées peuvent importer, distribuer et vendre en gros, les produits cosmétiques. Les officines de pharmacie peuvent importer pour leurs besoins et vendre en détail des produits cosmétiques.

A l’exception des structures citées au niveau de l’article précédent, peuvent importer et distribuer, au Bénin, des produits cosmétiques, les sociétés commerciales dûment autorisées par arrêté du Ministre de la Santé et ayant conclu un contrat d’assistance avec un pharmacien. La société est dispensée de ce contrat au cas où le gérant statutaire ayant sollicité l’autorisation est un pharmacien…».

Par ailleurs à lire l’Article 14: «Les sociétés et les personnes physiques qui importent, distribuent et vendent des produits cosmétiques peuvent… se constituer en société remplissant les conditions requises pour solliciter l’autorisation d’importation, de distribution et de vente des produits cosmétiques».

Seulement, ces différents articles restent pour la cible de la pure littérature. Pour cette activité menée en majorité par les femmes peu instruites, d’après nos constats, c’est à peine si les concernées maîtrisent réellement de quoi il s’agit. C’est à croire qu’il suffit de disposer de 100 000 F Cfa et puis le tout est joué.

Seul l’article 8 «Les sociétés commerciales désireuses d’importer, de distribuer et de vendre des produits cosmétiques fournissent à l’Agence béninoise de Régulation pharmaceutique, un dossier comprenant les pièces ci-après : une quittance de versement, au trésor public, de cent mille (100.000) francs CFA représentant les frais d’étude du dossier» retient l’attention.

C’est dire que des précisions manquent à leur appréciation. Alors même qu’un quidam ne peut plus au Bénin, aller se ravitailler en produits cosmétiques à son vouloir, traverser les frontières comme bon lui semble.

 Au delà des mises en garde …

Le marché de vente des produits cosmétiques au Bénin, reste florissant à tout point de vue. Les coins de vente, on en trouve un peu partout. Au bord des voies, dans les rues, sur les têtes, dans les marchés, etc. Pommades et savons, parfums etc, de différentes sortes deviennent envahissants de même que ceux qui en fabriquent. Toutefois, cette activité, faut-il encore le dire, reste une source de revenu de nombre de femmes et d’acteurs du secteur.

S’il faut saluer la décision du gouvernement de le réglementer, il est de vœu de lui demander d’y aller avec beaucoup de tact, communiquer suffisamment sur l’arrêté. Plusieurs personnes vont sans doute se retrouver sans emploi. Ainsi, loin du débat passionnel sur l’hydroquinone et la dépigmentation, il faut être rationnel, aller dans une démarche plus élaborée, plus méthodique sans tomber dans des travers. Avoir surtout à l’esprit que nombre de personnes opèrent dans ce secteur et penser à leur reconversion. Ça y va aussi du hautement social que prône le Chef de l’Etat, Patrice Talon. Y aller de manière brutale, va créer d’autres problèmes.

Déjà, d’aucuns appréhendent une monopilisation, un hold-up du secteur. Genre, et en prenant appui sur des exemples, que celui-ci soit désormais du ressort d’une tierce personne. Tout ceci reste des inquiétudes qu’il  faut travailler afin que l’intérêt général prime sur les particuliers.

Ita Djèbou, trop de zèle !

A Ita-Djèbou dans le département du Plateau, commune de Sakété, en attendant la fin des trois mois  donnés aux différents acteurs pour se conformer à la réglementation, la répression a déjà commencé. D’après les informations qui nous sont parvenues, jeudi 16 mars dernier, des agents de la police Républicaine ont fait irruption dans le marché, jour de son animation. Et, plus rien n’a résisté à leur passage au grand déboire des commerçantes, le visage perdu dans le lointain. Savons, pommades et même des pagnes auraient été saisis. Le mot d’ordre : « on nous a dit de ramasser tout ce qui vient du Nigéria»

 

Cyrience Fifonsi KOUGNANDE

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