Décès de 04 patients au Cnhu: L’Honorable AHOSSI analyse et recentre les responsabilités

(Lire la Tribune de l’ancien député)

Le CENTRE NATIONAL HOSPITALIER / HUBERT KOUTOUKOU MAGA, un dispensaire rural ou de quartier.

Le décès de quatre de nos compatriotes dans cet hôpital dit de référence vient lever un coin de voile sur le regard que porte le gouvernement sur le social, ou l’absence de regard sur le social. C’est connu que ceux qui ont la destinée du pays ne sont orientés que vers ce qui rapporte.

Mais, ne l’oublions jamais ! Les vies sauvées sont les meilleurs gains pour une nation, surtout celle qui arpente péniblement la voie du développement. C’est un secret de polichinelle que le CNHU est un complexe sanitaire désuet qui exige d’être remplacé ou épaulé par un hôpital de grande capacité, comme cela semble avoir démarré. Mais en attendant, nous n’avons aucune raison de laisser nos concitoyens mourir.

La santé, du moins celle de la grande majorité, n’est pas une priorité de l’Action Gouvernementale, car l’élite peut se faire soigner hors du pays. L’état est conscient de l’absence de structures modernes de santé dans le privé, mais ne fait rien au profit du public.

Écoutez, il y a trois ans le service de Néphrologie n’avait pas l’appareil pour réaliser une échographie des reins, alors qu’à l’époque le dernier né du modèle d’appareil coûtait moins de vingt millions. Il en est de même dans beaucoup d’autres services.

A ce jour, il n’est pas possible de faire des examens médicaux dans notre pays, examens qui sont pourtant aisés dans les pays voisins. Je citerai par exemple la coronnarographie qu’il faut aller faire au Togo en cas de nécessité. Pendant ce temps, on s’évertue à démotiver le personnel médical qui s’échine, au nom du serment d’Hyppocrate ou de la raison humaine tout court, à sauver les vies humaines. La dernière suppression de primes à certaines catégories de ce personnel est vécue comme un véritable coup de force sur la raison. Pendant ce temps, on crée des dépenses supplémentaires et très inutiles dans l’administration en installant un pouvoir bicéphale à la tête de nos  »sous-préfectures ». En témoigne les nombreuses dépenses générées par ce gâchis de la boulimie du pouvoir ( renouvellement du parc automobile de toutes les mairies, dotation en véhicules des nouveaux super sous-préfets baptisés S.E, les salaires hors norme payés à ces fonctionnaires privilégiés etc…).

Quand est-ce que les secteurs qui ont besoin d’investissement retiendront notre attention ? Le palais de la République rénové à coup de milliards secrets en face d’un CNHU / HKM en ruine fait honte. L’enseignement sacrifié par l’invention des Aspirants au Métier d’Enseignant (AME) surexploités et sous payés à côté de sous-préfets payés entre 1.200.000 francs et 4.000.000 francs par mois fait honte.

Ces options ruineuses pour le pays et humiliantes pour ceux qui subissent et ne peuvent pas exprimer leur amertume est une honte. Le gouvernement doit saisir l’occasion du drame qui vient de se produire pour recentrer ses priorités, car renouveller périodiquement les dirigeants du CNHU au nom de réformes aléatoires et sans effet véritable sur les résultats, n’est pas la solution ; pas plus que livrer les menus fretins à la justice en cas de problème.

Le gouvernement a beau tenter de dégager sa responsabilité dans le deuil qui vient de frapper des familles, et au-delà toute la nation, personne n’y croit.

Brutaliser et réduire un peuple au silence au nom d’une prétendue quête de développement ne conduisent pas loin, l’histoire de l’humanité nous l’enseigne. Les rues et autres ouvrages que nous réalisons avec beaucoup de publicité ont une espérance de vie moins que celle d’une génération, alors que la nation nous invite à construire pour la postérité.

Donnons un visage humain à la gestion de la cité.

Comlan Léon AHOSSI