Bénin/Tendance toujours à la hausse des denrées alimentaires: A qui profite finalement l’interdiction d’exportation des produits agricoles ?

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(Plus d’un an après, les lignes n’ont presque pas bougé)

Au Bénin, le refus d’exportation des produits agricoles est un fait. Pour le gouvernement, cette mesure vise à contrer la flambée des prix des produits vivriers due à “la forte pression exercée sur la production nationale par des demandeurs provenant de pays voisins ; laquelle favorise une sortie massive desdits produits par des voies détournées”. Pourtant…

 

 De la pression fiscale sur les exportateurs de produits agricoles, à l’interdiction de l’exportation de certains produits, la cause de la flambée des prix des produits vivriers au Bénin demeure finalement un mystère. Les thérapies du gouvernement ont du mal à convaincre. Manger à sa faim au Bénin de nos jours est de plus en plus difficile.

Du gari, à le haricot, le manioc, l’igname, le fromage, le riz, les huiles, le soja, le cajou, etc, c’est un casse-tête à l’achat. Même le grammage de la galette d’arachide continue de baisser mais le prix demeure toujours le même. 25 F Cfa. Au point où l’on se demande finalement à qui profite l’interdiction de l’exportation des produits agricoles. Aucun changement majeur n’a été constaté au niveau du prix d’achat des denrées. Une tendance toujours haussière.

La sortie frauduleuse des produits agricoles, un prétexte ?

Doit-on toujours croire que la surenchère qui continue d’être observée sur le marché est due au fait de la sortie frauduleuse des agricoles comme on cherche à le faire passer ? Ne serait-ce pas finalement un prétexte ?

En tout cas, il y a deux semaines encore en arrière, c’est le Directeur général de la Douane, Alain Hinkati, qui va alerter sur la recrudescence de la sortie frauduleuse des produits agricoles par les frontières terrestres. « Il m’a été donné de constater la recrudescence de la sortie frauduleuse des produits agricoles par les frontières terrestres », fait-il constater. Des pratiques qui, signifie-t-il, compromettent dangereusement les intérêts du Trésor public ainsi que la mise en œuvre de la politique agricole et industrielle du Gouvernement.

Pour rappel, en février 2022, le gouvernement a marqué son accord pour l’instauration de redevances à l’exportation sur certains produits et l’interdiction de la sortie des intrants agricoles hors du territoire national. Le soja, le coton, le manioc transformé ou non, le karité, le riz paddy, l’igname (tubercule et cossette) et les noix de cajou sont ciblés. L’objectif était ou demeure de contrer la flambée des prix des produits vivriers due, selon lui, à “la forte pression exercée sur la production nationale par des demandeurs provenant de pays voisins ; laquelle favorise une sortie massive desdits produits par des voies détournées”. Au temps fort de cette interdiction, plusieurs camions ont été arraisonnés et des produits agricoles saisis. Seulement, plus d’un an après, les lignes n’ont presque pas bougé.

De leur côté, suite à l’interdiction de l’exportation des produits agricoles, les producteurs élèvent de plus en plus de la voix et des dénonciations fusent dans les médias locaux et font cas de la mévente et du pourrissement de leurs productions faute de demande sur le plan national.

Manque de subvention, intrants chers, main d’œuvre inexistante, pluviométrie, etc, l’agriculture se meurt petitement…

Loin de la sortie frauduleuse des produits agricoles, plusieurs autres facteurs pourraient expliquer la cherté des produits vivriers qui s’observe malgré l’interdiction d’exportation et qui amènent à réfléchir sur les politiques agricoles en vigueur dans le pays.

Des intrants…

« L’interdiction de l’exportation des produits agricoles, c’est pour baisser la tendance haussière du prix de ces produits à l’intérieur et empêcher que les des engrais NPK et Urée profitent à d’autres qui ne sont pas du Bénin. Mais le coût des intrants malgré la subvention en place est toujours exorbitant. Dans ces circonstances, aucun producteur ne va accepter produire avec des intrants chimiques, les herbicides, pesticides et tout le reste qui ont aussi pris de la valeur », fait observer un agro-économiste. Déjà, explique-t-il, quand dans la production, au delà du vivrier, tu importes la majeure partie des intrants qui subissent eux-mêmes des coûts de transaction énormes, la production de vivriers devient chère.

Et d’un averti du secteur à un autre, « Effectivement, les prix des produits vivriers ont flambé car le coût des intrants agricoles contrôlés par SODECO est passé du simple au double. Le prix de l’engrais est passé de 12 000F Cfa à 14 000F Cfa et actuellement à 26 000F Cfa voir 27 000F Cfa le sac de 50 kg par endroits alors que pour une bonne productivité, il faut environ 4 sacs d’engrais (3 sacs d’NPK et 1 sac d’urée). Le Litre d’herbicide est passé de 2 500F Cfa/L à 5 000F Cfa voir 7 000F Cfa/L et au même moment, les importateurs qui ont la possibilité d’importer des intrants de qualité et à moindre coût sont traqués et ces produits sont interdits si ce n’est que les produits SODECO. C’est une situation qui oblige le producteur à en tenir compte dans la vente de ses produits et explique en grande partie la hausse des prix des produits vivriers », renchérit sous anonymat un acteur du développement rural et exploitant agricole.

Par ailleurs poursuit ce promoteur de ferme, « Moi, malgré ma thèse, j’ai décidé d’investir dans la terre avec de lourds investissements dans les collines. Mais j’ai tout stoppé car la production agricole c’est énormément de risque au Bénin et aujourd’hui, ce n’est plus la peine ».

S’alignant dans sa logique, L.S, Consultant agricole soutient que de plus en plus, les politiques agricoles font des mécontents et beaucoup de producteurs abandonnent la terre pour embrasser d’autres secteurs d’activités. Moins de producteurs pour lui implique moins de production, et le peu qui sera disponible sur le marché revient plus coûteux. De surcroît, selon ses propos, l’agriculture au Bénin n’est pas subventionnée. Ceci pourrait expliquer cette cherté successive des denrées. Mais « Certes, l’agriculture n’est pas subventionnée mais vu la cherté des engrais sur le marché international actuellement et des matières premières qui font les engrais, je crois que le gouvernement a dit qu’il subventionne l’engrais qui permet à SODECO de le vendre. Ce n’est pas une subvention directe mais est-ce que Sodeco reçoit l’argent du gouvernement ? », souligne de son côté, l’agro-économiste.

Main d’œuvre moins accessible

Évoquant toujours les raisons qui expliquent la cherté des produits agricoles malgré les mesures, la main d’œuvre agricole, aux dires de l’agro-économiste, devient de moins en moins accessible en plus de sa faible Professionnalisation. « Il se pose de plus en plus, le problème de la main d’œuvre qui a aussi malheureusement pris de la valeur. Les ouvriers agricoles te disent que la vie est chère et ce que tu pouvais faire à 1 000F Cfa est passé à 1 200F Cfa et plus, de 20 000F Cfa, il faut déjà débourser 30 000F Cfa 35 000F Cfa. Le prix de revient du produit a déjà une incidence pour ceux qui n’ont pas reçu de préfinancement de campagne », analyse-t-il pour dire que l’agriculture de rente a pris de l’ascendance sur le vivrier.

Ceci, va-t-il souligner, du fait parfois des politiques agricoles mises en place. Morceau choisi : « Beaucoup ont délaissé les produits vivriers au profit des produits de rente comme le soja, l’anarcade. Il y a ce dérèglement de la quantité ou de la production qui doit sortir périodiquement pour certaines spéculations. Au niveau des produits de rente, ils bénéficient d’accompagnement (subventions en intrant et autres) en début de campagne. Un meilleur coup d’opportunités dans ces filières. De ce fait, la production nationale au niveau des produits vivriers est en baisse. Ce qui fait en général que la période d’abonnement des produits vivriers est de plus en plus courte.

« Par ailleurs, il y a le faible niveau de technologie en matière de semence à faible rendement. Aussi, il faut compter avec la baisse de la fertilité des sols qui sont alloués aux vivriers, car en majorité, ils sont en rotation avec des produits de rente. Il faudra également penser aux faibles méthodes de conservation qui engendrent assez de pertes post recolte. Du coup, le peu de produits stockés qui finit par arriver dans les centres de consommation, deviennent des produits rares et leurs prix augmentent. De plus, malgré l’interdiction, les acteurs sur le marché national sont-ils en mesure d’acheter la production locale au prix minimum requis pour que le producteur entre dans ses ressources ? C’est ça la question », évoque l’agro-économiste.

 A cela,  l’acteur du développement rural et exploitant agricole pense qu’il faut ajouter l’incertitude au niveau des précipitations. Citation : « Nous sommes déjà le 11 avril mais la saison pluvieuse ne serait-ce qu’au Sud Bénin, peine à démarré. Décider de faire le semis du maïs devient un jeu de tombola car l’irrégularité des pluies chamboule les calendriers culturaux et les cultures. Ceci implique des rendements en fin de compte très faible et l’agriculteur est obligé d’agir en fin de récolte sur le coût de vente de ses produits ».

Des produits importés…

A ce niveau, c’est la cour du roi pétaud. On croirait que chaque commerçant y va selon ses humeurs pour ce qui est de la fixation des prix. Le coronavirus n’étant plus d’actualité, le bouc émissaire peine à convaincre. La guerre entre la Russie et l’Ukraine. Comme si avant la guerre, il y avait eu d’amélioration.

Le lait en poudre que le détaillant cédait à 5500F Cfa est à 7 000F Cfa  aujourd’hui. Le milo, les boîtes de sardine, les pâtes alimentaires, même le cube, rien n’échappe à l’inflation. Et, dans ce méli-mélo, inutile de pouvoir compter sur l’intervention du gouvernement qui déjà a du mal à s’en sortir avec les produits locaux.

« J’étais allée acheter un sac de riz de 25 kg. Avant coronavirus, c’était à 17 000F Cfa. Avec le coronavirus, c’est passé à 19 000 F Cfa. Et bien que cet épisode soit fermé, le sac de riz ne cesse de connaître des surenchères successives. Actuellement, c’est à 22 500 F Cfa. Le jour où je me suis rendue au marché pour l’acquérir, on m’a dit que c’est à 21 000F Cfa. Quand j’ai fini de prendre le premier sac, je m’apprêtais à prendre le second quand le vendeur a reçu un appel. A son retour, il m’a dit que c’est à 22 000 F Cfa. Qu’on vient de l’informer que le prix a changé », narre une consommatrice.

Interrogés, les vendeurs pour leur part, évoquent les taxes douanières et diverses tracasseries qui les plombent. Ainsi donc, du Gouvernement avec ses taxes et des commerçants qui se la jouent, c’est le consommateur qui est pris entre le marteau et l’enclume avec l’estomac en transe.

 

Cyrience Fifonsi KOUGNANDE

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