Nabou Fall à propos de son combat pour l’épanouissement de la femme africaine : « Je me suis engagée dans tout ce qui relève de la gestion de l’hygiène menstruelle »

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Directrice Générale de Vizeo, coach de développement personnel, chef d’entreprise, conférencière internationale, Nabou Fall (photo) a un parcours qui force l’admiration. Toute chose qui justifie d’ailleurs, sa présence à Cotonou en qualité de communicatrice principale de l’initiative “Leadership Day 2018“. Un évènement organisé par la Fondation Kundi Africa dirigée par Kwame Senou. Au détour d’un entretien accordé à votre journal, Nabou Fall revient sur quelques pans de son combat pour l’amélioration des conditions de la femme africaine. « Je me suis engagée dans tout ce qui relève de la gestion de l’hygiène menstruelle », laissera-t-elle entendre. Lisez plutôt !

 

Bonjour Nabou Fall, vous êtes à Cotonou dans le cadre de l’évènement “Leadership day“ de la Fondation Kundi Africa. Dites-nous pourquoi avoir accepté d’être la modératrice et communicatrice principale de l’évènement ?

 J’ai accepté parce que je pense qu’aujourd’hui, je ne crois pas aux frontières. Les frontières ont été définies par les colonisateurs et je pense que je suis africaine. Aujourd’hui, notre mission à nous, les aînés, c’est de pouvoir partager avec la nouvelle génération, les jeunes de façon à ce qu’ils puissent apprendre de nos erreurs et surtout capitaliser notre expérience. Notre mission, c’est de pouvoir transmettre aux autres et dès qu’on m’invite pour parler aux jeunes, je réponds en général, présente. Leadership Day est un évènement annuel qui a pour but d’inspirer, de transformer, de motiver et d’impacter la jeunesse. J’ai eu l’honneur d’être la modératrice principale. Il y a eu comme panélistes des personnes de qualité qui ont été très généreuses avec les jeunes en leur donnant des conseils. Ce sont des Béninois comme eux qui ont réussi à s’imposer dans différents secteurs. L’évènement s’est déroulé en trois phases à savoir les expériences négatives. J’ai eu à partager mes erreurs au cours de ma carrière. Ensuite j’ai eu à partager aussi ce que j’ai bien fait et enfin j’ai eu à évoquer ce que j’aurais pu faire et que je n’ai pas fait.

Femme d’affaires, conférencière internationale, Nabou Fall est également beaucoup engagée dans la promotion des droits de la femme. Pourquoi avoir choisi également ce combat ?

Je ne suis pas pour le combat des animaux (rires…). Je suis une femme africaine, c’est mon devoir puisque j’ai pu avoir une éducation que certains n’ont pas, j’ai pu avoir une exposition que d’autres n’ont pas. Donc, quand je porte un message, il est écouté et je pense que c’est mon rôle, mon devoir…En ce qui concerne les conditions de la femme africaine, il y a encore énormément de choses à faire notamment la femme rurale. Il y a la femme qui souffre, la veuve. La situation de la veuve en Afrique, on sait ce qu’elle est. Moi, je l’ai vécue puisque ma mère a été veuve très jeune et j’ai vu comment cela a été difficile pour elle. C’est peut-être des choses qui ont fait que je suis naturellement amenée à me préoccuper de la condition de la femme. J’ai vu beaucoup de femmes souffrir dans le mariage sans pouvoir s’exprimer. Il y a l’excision qui est encore pratiquée à 80 ou 90% dans certains pays, comme la Guinée. Il y a énormément d’éléments qui sont des éléments de combat. Je partage ce que je connais, j’essaie de dénoncer ce que je vois… En RDC, 70% des non-scolarisés sont des jeunes filles. Donc, l’éducation de la jeune fille reste un problème à solutionner sur le terrain.

Parlez-nous des actions concrètes menées à cet effet ?

Dans ce volet, j’ai apporté ma petite contribution. Je me suis engagée dans tout ce qui relève de la gestion de l’hygiène menstruelle. Quand les jeunes filles ont leurs menstrues, elles ne savent pas toujours ce qui se passe, on ne leur dit pas ce qu’il faut faire et je me suis souvenue que cela m’a aussi traumatisée quand j’ai eu mes premières règles. Il y a un manque de communication autour de la question, il y a un tabou qu’il faut lever. A cet effet, nous organisons des sensibilisations. Nous avons un programme qui nous permet de distribuer des kits aux jeunes femmes. La phase pilote du programme se déroulera au Niger. Nous allons sensibiliser, former, éduquer des éducateurs.

Les défis, avez-vous l’impression que les femmes africaines partagent les mêmes convictions que vous dans ce combat ?

Les femmes que je rencontre sont des femmes qui sont très engagées. Aujourd’hui, on parle d’entrepreneuriat féminin mais nos grands-mères ont toujours été au marché pour vendre, elles ont toujours été des entrepreneuses. Donc, ce n’est pas aujourd’hui que la femme africaine est entrepreneure, participe à la vie au foyer. Ce n’est pas aujourd’hui que la femme africaine est vectrice de financement de l’éducation de ses enfants. Il y a juste une formalisation, un accompagnement, un appui à leur apporter afin qu’elles puissent être plus rentables.

A vous entendre, certains parleront de la discrimination positive. On serait tenté de croire que pour vous, la femme mérite mieux que l’homme. Qu’en dites-vous ?

Aujourd’hui, l’homme et la femme forment une équipe…il y a un dialogue à avoir, on a besoin d’être écoutée, d’être comprise. Les qualités de la femme sont des qualités qui sont essentiellement liées à tout ce qui est intelligence émotionnelle. Elle est plus patiente, elle a plus d’empathie, elle a un style de leadership qui est différent de celui de l’homme et qui est complémentaire. J’insiste sur la complémentarité.

Parlez-nous brièvement des principaux leviers sur lesquels il faudra agir pour  une véritable promotion des droits de la femme…

D’abord, le levier principal c’est l’éducation parce que quand on n’est pas éduqué, on ne sait pas faire bien la part des choses. Je prends l’exemple de l’excision. Les exciseuses pensent qu’elles font quelque chose de bien parce que c’est la coutume mais si une exciseuse est formée, sensibilisée et qu’on lui donne aussi d’autres moyens de revenus, elles vont pouvoir abandonner l’excision. Et on parviendra à la disparition de cette pratique barbare. Donc l’éducation est très importante ainsi que la sensibilisation, la communication. Il nous faut aller aussi dans des localités, des villages pour parler aux jeunes filles….L’éducation équivaut aussi à la formation, la communication, il faut communiquer. D’où, le rôle important des médias. Les médias ont un rôle primordial dans la perception des choses, la transmission des idées. Les médias sont un des leviers importants… Avoir des modèles aussi reste un levier important.

Dans ce combat, quel est le challenge aujourd’hui, selon vous ?

Le challenge, c’est de pouvoir mobiliser les ressources de façon à les allouer judicieusement vers des actions visant la promotion de l’éducation des filles et la lutte contre l’excision. Le mariage précoce, le mariage forcé, cela reste également un combat à mener. Il y a tellement de maux mais il y a de nombreuses associations qui travaillent sur le terrain. Cependant, on ne peut pas arrêter de sensibiliser, de dénoncer, d’informer sur ces sujets.

Quelques conseils aux jeunes filles africaines

Je veux dire aux jeunes filles de ne pas verser dans la facilité, il y a plusieurs façons de s’en sortir. Il faut qu’elles s’accrochent à leurs études et surtout de ne pas se reprocher de n’avoir pas fait de longues études mais d’apprendre. On apprend de tout le monde et surtout qu’elles n’oublient pas d’où nous venons. Aujourd’hui, les réseaux sociaux trompent beaucoup les jeunes qui vivent beaucoup dans les apparences. Il faut être vraie et surtout ne pas oublier qui on est, son identité. Nous sommes des africains, nous avons une culture, des traditions qui sont à valoriser. De plus, il ne faut pas copier des modèles sur les réseaux sociaux n’importe comment. Chacun doit être fier de ce qu’il a et se battre pour avoir un peu plus dans la mesure de ses moyens.

Nabou Fall, vous êtes également auteure de livres. Parlez-nous de votre ouvrage « Evasion virtuelle »…

C’est un roman qui dépeint un peu la société africaine moderne et qui décrit le parcours d’une femme qui est un peu frustrée dans son foyer et qui va se réaliser progressivement à travers une découverte avec quelqu’un sur les réseaux sociaux : d’où le virtuel. Parce qu’elle retrouve quelqu’un virtuellement sur les réseaux et ces retrouvailles vont l’amener à se remettre en question, mettre en évidence ses frustrations. Mais là, elle assume. Et c’est ce parcours qui est décrit dans “évasion virtuelle“. L’histoire d’une femme qui va prendre son destin en main, qui va oser se réaliser et oser s’exprimer pour s’imposer.

Pour finir, que préconisez-vous pour que l’homme change et s’implique davantage dans la promotion des droits de la femme ?

Les hommes ne changeront que quand ils auront envie de changer et quand ils seront conscients que s’ils n’avaient pas eu de mères, ils ne seraient pas venus au monde et que s’ils n’avaient pas de femmes, ils auraient un costume français à l’Assemblée. Je pense que c’est une responsabilité personnelle et je crois que des hommes deviennent de plus en plus sensibles. Ils se rendent compte qu’on ne peut pas avancer sans l’autre moitié du ciel. Le plus grand féministe africain, c’était Thomas Sankara. Il a vraiment montré qu’il fallait impliquer la femme dans sa révolution et les pays où ça marche le mieux ne sont que des pays où il y a la parité. Pourquoi est-ce que nous sommes la moitié de la population et vous devez nous mettre de côté pour les décisions ? On va ensemble, on marche ensemble.

 Propos recueillis par Aziz BADAROU

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