Conséquences du paludisme au premier trimestre de la grossesse : Les résultats du projet Recipal restitués

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Le projet sur le Retard intra-utérin et Paludisme (Recipal), mis en œuvre dans la zone lacustre de Sô-Ava au Sud du Bénin, arrive à terme. Ce projet qui vise une amélioration de la survie des nouveau-nés au Bénin à travers une évaluation de la fréquence et des effets du paludisme du premier trimestre de la grossesse, était au cœur d’un atelier de restitution ce lundi, 02 décembre 2019 à l’Ircb.

Reconnu comme un des principaux facteurs de risque de mortalité néonatale et infantile dans les pays en développement, le Retard de croissance intra-utérin (Rciu) résulterait des infections survenant au premier trimestre de la grossesse, selon des travaux de modélisation. Si des mesures de prévention recommandées par l’Oms n’ont pas encore permis d’éradiquer cette morbidité, la documentation de ces infections précoces survenant en début de grossesse reste un défi. Et cela reste un problème en raison du recours tardif des femmes enceintes à la maternité en Afrique. Ainsi, le projet Recipal qui a été mis en œuvre de juin 2014 à août 2017, a permis d’évaluer la fréquence et les conséquences du paludisme au premier trimestre de la grossesse notamment ses effets sur la croissance fœtale ainsi que des interactions avec le statut nutritionnel de la femme au Bénin. A en croire la coordonnatrice du projet, Valérie Briand de l’Ird MERIT de la France, le premier trimestre de la grossesse est une période clé et pourtant non explorée, non protégée. Projet de recherche translationnelle multidisciplinaire, Recipal implique des chercheurs français et béninois et allie plusieurs partenaires dont l’Umr Merit, l’Umr Nutripass, la faculté des sciences de la santé, la Faculté des sciences agronomiques du Bénin et le Centre de recherche en entomologie de Cotonou. L’approche méthodologique est basée sur le suivi mensuel d’une cohorte initiale de femmes en âge de procréer et en désir de grossesse. Il s’en est suivie, la constitution d’une cohorte secondaire des mêmes femmes devenues enceintes et qui sont suivies jusqu’à la naissance de l’enfant. Une approche qui identifie et dépiste des femmes pour le paludisme dès les toutes premières semaines de grossesse. Des résultats du projet, il ressort que sur les 1214 femmes recrutées, 411 sont devenues enceintes avec 20% des femmes infectées au premier trimestre de leur grossesse. Ce qui montre le risque élevé de retard de croissance intra-utérin au cours de cette période. L’hypothèse selon laquelle ces infections seraient présentes chez la femme avant la grossesse a été alors évoquée et la protéger durant la période pré-conceptionnelle permettrait de réduire les conséquences liées au paludisme gestationnel. Des résultats qui ont conduit à la mise en place de deux projets sur l’efficacité des moustiquaires imprégnées (Evalmous) et l’impact du Rciu sur le risque d’infections néonatales graves (Sepsis, bioMérieux) basé sur le suivi des enfants nés de la cohorte Recipal. De plus, le projet a conduit à la formation de plusieurs étudiants français et béninois en doctorat, thèses d’exercice en médecine et Master. Quant au volet nutrition du projet, Diane Djossinou et Agnès Gartner s’accordent sur le fait que les résultats ont montré qu’à la conception, le score de diversité alimentaire des femmes (Wdds) est faible et aucun changement significatif n’a été noté pendant la grossesse. En résumé, il faut retenir que la qualité de l’alimentation des femmes au Sud-Bénin est inadéquate aussi bien avant que pendant la grossesse. A cet effet, des efforts doivent être consentis pour encourager les femmes et les communautés à améliorer la diversité des régimes alimentaires à partir des choix alimentaires sains et durables ancrés dans leur système alimentaire local. L’état nutritionnel des femmes avant et pendant la grossesse étant un déterminant majeur de la mortalité maternelle, il importe de faire des recherches qualitatives complémentaires sur les facteurs socioculturels et institutionnels qui influencent le choix alimentaire. Séduit par les acquis du projet, le Directeur de l’Ircb, Archille Massougbodji a plaidé pour davantage de recherches afin de parvenir à des solutions efficaces contre le mal. Le représentant résident de l’Ird, Florent Engelmann s’est réjoui d’un dynamisme franco-béninois des équipes qui travaillent sur le paludisme au Bénin.

Aziz BADAROU

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