Coronavirus /Mise en quarantaine de passagers d’Air-France: Cacophonie dans les mesures du gouvernement

Le conseil extraordinaire des Ministres tenu mardi 17 mars 2020 a été sanctionné par onze mesures prises par le gouvernement béninois, pour lutter contre la propagation du coronavirus au Bénin. Parmi ces mesures, l’on retient la mise en quarantaine systématique des passagers ayant pris par voie aérienne, pour rejoindre le pays. Mais malheureusement, cette mesure dans son exécution, souffre d’une cacophonie qui risque d’alourdir le risque de contamination.

Patrice Talon et son gouvernement ne sont pas restés les bras croisés face au coronavirus, déjà présent au Bénin. Pour pallier donc la propagation de ce virus qui a fait et qui continue de faire des ravages dans nombreux pays du monde, le gouvernement béninois a pris onze mesures à l’endroit de ses populations. « Mise en quarantaine systématique et obligatoire de toute personne venant au Bénin par voie aérienne. En conséquence, le Gouvernement a décidé de la réquisition d’un millier de chambres d’hôtel à cette fin. Les frais de quarantaine des nationaux seront assurés par l’Etat tandis que les non nationaux supporteront par eux-mêmes lesdits frais », était entre autres, l’une des mesures pouvant permettre aux autorités d’identifier les cas suspects voire confirmés, provenant d’autres pays. Mais 72 heures après la prise de cette décision, sa mise en exécution pose encore plus de problèmes qu’à les résoudre.  Et les premiers à en souffrir, ce sont visiblement les personnes concernées par cette mesure. C’est le cas par exemple des passagers ayant foulé le sol béninois par la compagnie Air-France, dans la soirée du mercredi dernier. En effet, selon les témoignages d’une française ayant à bord de ce vol un proche qui plus est un enfant fraichement opéré, en lieu et place de la mise en quarantaine systématique des passagers, c’est plutôt à une scène de complaisance et de confusion totale, que ces concernés ont assisté de l’aéroport, jusqu’à un des hôtels réquisitionnés et censé les abriter pour la circonstance.  D’après donc son audio devenu viral sur les réseaux sociaux, elle faisait comprendre que les passagers de ce vol ont été tous embarqués dans un bus vers l’hôtel en question. « Madame, la personne de la famille qui est avec ma fille vient de m’appeler me disant qu’ils sont dehors de l’hôtel. Je dis comment ils sont dehors ? Il me dit qu’ils ont évacué tout l’hôtel et ils ont dit aux gens : reprenez tous vos passeports et rentrez chez vous. La tantie qui est avec la petite me parle et me dit Madame, il n’y a ni prise de température ni rien du tout. On a dormi dans une chambre hier soir. Ce matin, on nous dit : reprenez vos passeports et rentrez chez vous », expliquait donc Dame Kareen, représentante de Mécénat chirurgie-cardiaque au Bénin. Perplexe, elle se demandait à l’instar des béninois, ce qui n’a vraiment pas marché dans le respect strict de cette mesure particulière. Revenant plus tard avec des explications reçues auprès des autorités béninoises, elle a affirmé que les passagers venus de France et mis en quarantaine à l’hôtel  étaient au nombre de 73  « 32 personnes sont sorties car le responsable de l’hôtel a jugé ‘’de le faire de son propre chef’’. 41 personnes sont encore dans cet hôtel. Sur les 32 parties, l’équipe de santé avait déjà autorisé un certain nombre à partir en raison de la fiabilité de leur plan d’isolement. Tous seront appelés dans la journée pour faire le point et décider du confinement à domicile ou à l’hôtel selon chaque cas », a-t-elle expliqué à nouveau.

En vérité, beaucoup de cafouillages…

A quelque chose malheur est bon, dit-on. Puisqu’en réalité, ce constat déplorable confirmé et dénoncé par plusieurs autres passagers sur le même vol a permis aux béninois en général et aux autorités en particulier, de se rendre compte du bazar observé autour de la plupart de ces mesures. Si déjà le conseil des Ministres a précisé que lesdites mesures devraient entrer en vigueur hier, jeudi 19 mars 2020, pourquoi confiner tous ces passagers non contrôlés dans un bus pour l’hôtel avant de  laisser certains une nuit après ? Pis, si déjà après ces heures passées ensemble, leurs températures n’ont même pas été relevées, qu’est ce qui assure qu’ils sont tous repartis chez eux indemnes ? Dans ces conditions où rien ne les oblige à observer l’auto isolement chez eux, ne risque-t-on pas d’éventuels risques ? Au demeurant, ces passagers ne peuvent pas être pris pour responsables de ce dysfonctionnement qui leur fait désormais courir des risques de contaminations probables. Ce cafouillage peut dès lors résulter de la mauvaise coordination et du mauvais suivi de ces mesures, par les autorités compétentes. Dans un contexte où place ne doit plus être laissée au moindre risque ni faux pas, tout porte à croire que le Bénin à travers ces couacs, fait plus place à la théorie qu’à la pratique. En définitive, la sensibilisation de tous les acteurs impliqués dans la mise en pratique de ces mesures fait énormément défaut. D’où ces cacophonies, qui ne font qu’augmenter le risque de propagation de l’épidémie.

J.G