Mémoire du chaudron: Épisode 9

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Lambert kotty avait son bureau à l’étage, à côté de celui destiné à Yayi. Nous l’appelions DC parce qu’il était sensé jouer le rôle de directeur de cabinet de notre candidat. Mais ce dernier n’ayant mis les pieds à ce siège de campagne qu’à la veille du premier tour du scrutin présidentiel, après plusieurs habiles pressions, kotty n’eu vraiment aucun cabinet à diriger. Mais il ne chômait pas non plus. C’était lui le pivot centrale de la vie administrative et financière du siège de campagne à Bar Tito. Il devait valider le moindre budget avant sa mise à exécution. Et Dieu sait que certains budgets étaient long comme un bras… ! Toujours est-il qu’il faisait preuve d’une habileté et d’un tact dans les arbitrages que nous saluions tous. Ni trop souple ni trop rigide, il savait lire dans les colonnes et fermer parfois les yeux là où il le fallait. Comme beaucoup d’autres, Il était venu au yayisme dans le porte-bagages de Patrice Talon. En effet, l’entrée en scène de ce mécène particulier, n’était pas que perceptible sur le plan financier. Plusieurs foyers de résistance à la candidature de Yayi cédèrent par son seul fait. Je savais par exemple que même si quelqu’un comme Adam Bagoudou n’était pas clairement hostile à la candidature de son oncle maternel Yayi Boni, son engagement ne pût être ouvertement exprimé qu’après celui de Patrice Talon dont il était l’employé à la SDI.
La situation, certes, se présentait globalement sous de bons auspices pour le président de la république. Mais il s’agissait d’adhésions populaires diffuses, dont la projection dans les urnes n’était pas encore une certitude. Beaucoup de grands électeurs se faisaient encore désirer. Et le septentrion regorgeait encore de beaucoup de pièges. Dans le Borgou, certains leaders bariba prenaient pour un affront, de devoir s’aligner derrière un néophyte nagot, après le long règne de kerekou qui, estimaient-ils ne leur fut pas favorable. Et je crois que si des figures politiques emblématiques du milieu bariba comme Saka Saley et Saca kina Guézéré avaient été vivants jusqu’aux scrutins présidentiels de 2006, l’emprise de Yayi sur le Borgou aurait été plus durement négociée. Saca Georges par exemple ne rentrera jamais dans les rangs. A parakou, le ralliement du vitupérant jeune premier maire de la ville, Rachidi Gbadamassi, se révéla très vite un miroir aux alouettes. Il n’eut pas beaucoup de scrupules à promettre le soutien de la ville à Adrien Houngbedji, après en avoir fait autant successivement à Séverin Adjovi, Yayi Boni puis Bruno Amoussou. Il ne vivra le scrutin présidentiel que depuis les geôles de la prison civile de Natitingou où une affaire scabreuse d’assassinat de magistrat le conduisit. Les visites répétées de Yayi dans la ferme de Ousmane Batoko à l’Est de la ville ne lui rapportèrent, au mieux, que d’habiles et arrides renouvellements de sympathies de la part du vieux révolutionnaire, fraîchement écorché par son cuisant échec à devenir maire de Parakou. Bien-sûr qu’il ne pesait plus grand chose dans le landerneau politique locale, mais c’était une bonne caution dont le président de la Boad voulait tirer le meilleur profit. Surtout que le quartier Bâwèra dont Batoko était originaire, était transformé en citadelle anti-Yayi par le jeune ministre révisionniste de Kerekou, Arouna Aboubacar. Malgré les apparences, la situation était loin d’être rassurante à Tchaourou où se dessinait un bicéphalisme entre Yayi et un autre de ses frères de village, grande figure de Ecobank-Mali, un certain Kassim. Ce dernier, réputé proche de Bio-Tchane et de Patrice Talon, ne manifestait aucune ambition politique précise. Mais son emprise sur une partie de la jeune élite de la localité était très visible. Yayi avait certes marqué la petite bourgade par un projet d’extension du courant électrique jusqu’à Papane, un projet financé par la Boad, il n’était pas encore, pour autant, perçu comme le leader naturel du coin. L’Atacora, dépourvu de leader politique fort en dehors d’un Kerekou finissant, ne présentait pas beaucoup d’équations insolubles. L’Ipd de Théophile Nata, de Moïse Mensah et autres Francis Da Silva était aux avantgardes du yayisme naissant. Et cela devrait suffire. A kouande, l’activisme de l’ancien Directeur général de la Sonapra, Abdoulaye Toko que Kerekou semblait avoir mis au garage, étouffa rapidement les molles résistances de Amouda Razaki dont l’anti-yayisme ne se démentira jamais. Après la mort de Saka Kina, kandi n’eût plus beaucoup d’éléments de marchandage avec Yayi. Ce ne fut cependant pas le cas de la Donga qui, pour une raison évidente, fit traîner le suspens. Le président de la Boad avait beau y multiplier les assauts par moult inaugurations d’infrastructures communautaires, il apparaissait évident que l’équation Bio-Tchane était la plus grosse épine dans ses pieds. Il en était si conscient, qu’en décidant de tenir sa première rencontre politique secrète à Ouake, au domicile de son ami et urologue personnel Kessile Tchalla à la Toussaint 2003, au lieu de le faire le plus logiquement à Tchaourou, c’était un message subliminal qu’il s’envoyait à lui- même. Ce département tombera le plus tard possible, lorsque la nomination et le départ de Bio-Tchane pour Washington fut acté. L’adhésion rapide de Saka Lafia, avait très vite pacifié les velléités ethnocentriques auxquelles il avait habitué ses électeurs de Pèrèrè lors de ses combats électoraux désespérés contre Kerekou. Mais il devrait désormais pouvoir leur expliquer pourquoi voter pour un candidat qui, quoiqu’on dise, n’était pas bariba. Les maquillages et les subterfuges n’y changeront rien. Yayi était nagot et non bariba. Et c’est exprès que, évitant les susceptibilités des leaders politiques baribas, il se fit discret pendant toute la pré-campagne, dans la zone tchabè où le Cap-Suru portait la bannière et devrait donner le change à des monuments comme Amos Elegbe qui ne voulaient absolument pas entendre le nom Yayi.  » C’est un faux nagot », confia-t-il un jour au pasteur Michel Alokpo, parti une énième fois le démarcher.  » Nous autres, nous ne connaissons pas de Yayi Boni à Savè. Qu’il reste chez lui là-bas à Tchaourou ». Sa sentence était implacable.
La montée dans la barque, du mécène Patrice Talon n’apporta pas que des réponses matérielles aux multiples équations qui se posaient au candidat Yayi. Elle apporta sur une réponse humaine. Les poches de résistance dans les grands bassins cotonniers du septentrion se rendirent progressivement. L’homme d’affaire montrait une tout autre dimension ; effrayante. C’était un homme politique en puissance, capable déjà, en 2006, de compétir honorablement. Yayi le perçu avant tout le monde…
Et c’est avec ce Patrice Talon que nous devrions démarrer, à 16h, une séance de travail à la cellule de communication. Il était d’ailleurs déjà là, dans une chemise claire qui laissait transparaître le tracé d’un débardeur. C’était une chemise comme je pouvais en avoir. Mais la réputation de milliardaire de celui qui la portait, déformait sans doute dans mon esprit, la réelle valeur du textile. Il était assis, dans une posture studieuse. A côté de lui se trouvait madame Claude Olory-Togbe. Didier Aplogan, Charles Toko, Alfred Sama et moi occupions le centre de la salle. Saca Lafia était debout, seul à côté d’un tableau porté par un trépied et sur lequel plusieurs simulations de logos de campagne de Yayi étaient retenues par des punaises. Il avait un exposé à nous faire. Il était temps de tirer les choses au clair avec Tunde. Nous étions toute ouïe..

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