Cantines scolaires/ Plus de 271 millions dus par l’Etat  : « Parmi nous, des gens meurent à cause des dettes », s’alarme un prestataire

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Des prestataires, entre amertume et désolation
Depuis l’année scolaire 2013-2014, les prestataires des cantines scolaires Fast-track sont restés impayés par l’Etat béninois, qui leur doit une somme de 271. 10875 Fcfa. Après plus de cinq ans d’espérance, ces prestataires majoritairement composés de femmes en situations difficiles ; meurtris, abasourdis, endettés et ne sachant plus à qui se confier, appellent le gouvernement de Patrice Talon au secours. Thomas Zannou en se faisant leur porte-parole, raconte le calvaire que vivent depuis, ces béninois. Interview…
Matin Libre : Daignez-vous présenter
Thomas Zannou : Je suis Zannou Thomas, prestataire à la cantine Fast-track, Restaurateur de métier. J’ai presté à l’école Tokpa Koudjota dans la circonscription scolaire de Dangbo, dans les années scolaires 2013- 2014. Je suis en l’occurrence le représentant de tous les prestataires des cantines Fast-track impayés.
Une vidéo circule sur les réseaux sociaux et montre des femmes qui interpellent le gouvernement après qu’elles ont presté dans des cantines scolaires mais sans être payées. Qu’en est-il concrètement?
Effectivement en 2013- 2014, ces femmes avaient travaillé dans des écoles. Elles sont de tierces personnes et n’ont aucune autorité pour rentrer dans une école et commencer par travailler. C’est forcément sur l’autorisation de quelqu’un en l’occurrence les circonscriptions scolaires de chaque Commune qui leur avait demandé de commencer par travailler dans des écoles ciblées par la Direction de l’alimentation scolaire. Car, elles faisaient déjà ces activités-là en 2011, 2012, 2013. En faisant ces activités au cours de ces années, elles avaient été reconduites pour reprendre les mêmes activités en 2013-2014. C’est au cours de cette année 2013-2014 qu’elles n’ont pas été payées. En effet, elles ont commencé par travailler dans les écoles en donnant à manger aux enfants avec leurs propres fonds. Chaque fois, il y avait des Ong sélectionnées pour venir faire des contrôles. Le Bureau Ape, le représentant du Chef de circonscription, le représentant du Receveur, le représentant du Maire… Toutes ces personnes passaient pour voir ce qui était servi aux écoliers. Ceci, sans oublier le représentant des écoliers qui passait aussi pour voir la qualité du repas avant qu’on ne serve. C’est en fonction du nombre d’écoliers que les prestataires donnaient à manger aux enfants. Lorsque les activités ont commencé, on devrait nous payer chaque quinzaine après dépôt des factures. C’est en 2013-2014 que le calvaire a donc commencé puisque rien ne nous a été payé. En Janvier 2014, nous avions décidé de grogner pour nous faire entendre. C’est à la suite de ces grognes que les choses ont commencé par prendre et ils nous ont payés. Mais juste après ce payement, on n’a plus jamais été payés. Le 14 Mai 2014, subitement un corps de contrôle a  été de passage dans les écoles pour voir comment les choses se faisaient. Ils nous ont dit de cesser toute activité. Après cette cessation, nous avions pensé que c’était pour nous payer d’abord et relancer après les activités. Mais rien. L’année est terminée sans que nous ne soyons payés. L’année scolaire qui a suivi, une autre forme de cantine est arrivée et s’appelait cantine gouvernementale.
Comment avez-vous été recrutés ? Sur la base d’un contrat ou sans aucune formalité préalable ?
2011-2012, 2012-2013, c’était un seul contrat qui était remis et ce contrat état reconductible. C’est ce contrat qui avait permis de travailler en 2011-2012, 2012-2013. Mais en 2013, normalement le contrat là avait pris fin. De ce fait, ils devraient nous ramener un autre contrat, ce qu’ils n’avaient pas fait. Ils nous avaient lancé verbalement comme ce fut le cas en 2012-2013. C’est de cette même façon qu’ils ont procédé en  2013-2014 pour relancer les activités sans nous amener un contrat En tant que représentant des prestataires, j’ai réclamé les contrats. Mais il nous dit de travailler et qu’il n’y avait pas de problème, qu’ils vont gérer après. Comme l’année scolaire avait déjà démarré et que les enfants étaient privés de repas, ils ont demandé qu’on démarre en attendant que la situation des contrats ne soit régularisée.
Comment fonctionnait alors ce système des cantines scolaires de Fast-track ?
Ce sont les prestataires qui dépensaient leurs propres fonds. C’est comme ça le système de la cantine Fast-track. Après les prestations, ils déposent chaque quinzaine les factures. Donc on s’endettait pour nourrir les enfants, quitte à être remboursés chaque deux semaines.
Les circonscriptions vous doivent combien de mois d’impayés et pour quel montant au total ?
Quand ils nous avaient lancé en Novembre 2013, c’est le 14 Mai 2014 qu’ils avaient demandé d’arrêter les activités. Moi dans ma circonscription de Dangbo par exemple, on a été payé juste une seule quinzaine. De Novembre à Mai, nous n’avons plus été payés. Donc sept mois d’impayés. Les écoles n’ont pas les mêmes effectifs. Chaque jour que le corps de contrôle passe, c’est en fonction de l’effectif présent que vous servez à manger C’est sur cette base qu’on vous signe votre facture du jour. Donc,  ils contrôlaient et savaient le nombre de personnes ayant mangé chaque jour. Ils font le point global de chaque semaine et quand ça atteint deux semaines, on met tout ensemble pour donner une facture globale. Cette facture allait directement à la circonscription,  cette dernière va la déposer à son tour à la mairie et le Chef service des affaires financières  lui fait le mandat pour l’envoyer à la perception. A ce niveau, si le montant dépasse 200.000f Fcfa, on l’envoyait directement sur nos comptes à la banque. Le Montant dû à tous les prestataires du Bénin s’élève à 271. 10875 Fcfa.
Y-a-t-il un document formel qui atteste ces chiffres ou ce sont vos propres calculs ?
Bien-sûr que ces chiffres sont consignés et reconnus par les autorités. Moi, je ne pouvais même pas imaginer le chiffre global de cette activité. Mais j’ai été jusqu’à la source pour savoir ce qu’on devait à tous les prestataires. C’est de là que je suis tombé sur un courrier de la Direction de l’alimentation scolaire adressé à l’Uats dans le temps. C’est que courrier qui révèle le montant et qui atteste qu’ils reconnaissent qu’ils nous doivent cette somme. La preuve, dans la note qui date du 12 juillet 2017, la Direction de l’alimentation scolaire demande à l’Uats de trouver une partie du montant et qu’elle aussi fera le complément. Je peux mettre ce courrier à votre disposition. En clair, ils savent bien qu’ils nous doivent.
Quelles ont été les démarches que vous avez pu mener pour entrer en possession de votre argent ?
Comme je vous le disais, quand ils étaient venus nous couper le 14 Mai 2014, on  croyait qu’on allait avoir une suite favorable. Mais malgré nos démarches, on n’a rien eu jusqu’à la fin de l’année 2013-2014. C’est après qu’ils ont amené une autre forme de cantine appelée cantine gouvernementale en 2014-2015, que nous avons pu mener d’autres démarches pour être payés. Quand on se rendait dans nos circonscriptions, elles nous orientaient vers la Direction de l’alimentation scolaire. On allait régulièrement là-bas pour voir ce qui en est. Ils nous rassuraient en nous disaient que ça va venir, de prendre patiente. Pour donc être concret, nous avions commencé par écrire. Le 20 Mars 2015, nous avons demandé une demande d’autorisation pour faire du sit-in dans le Ministère. Alors, le 26 Mars, l’autorisation a été accordée et le sit-in a été exécuté. Mais malheureusement, le ni le Ministre, ni la Directrice de l’alimentation scolaire, personne d’entre eux n’était sorti pour prendre notre motion. Nous avons été obligés de déposer notre motion aux agents de sécurité ce jour-là. Malgré ce sit-in, rien n’a bougé. Le 13 Septembre 2016 sous le nouveau gouvernement, nous avons demandé une audience pour clarifier la situation. Et c’est le Directeur de cabinet du Ministre de l’enseignement maternel et primaire et quelques cadres techniques en charge du dossier qui nous avaient rencontrés le 9 Novembre 2017, à la salle de conférence du Ministère. Le 7 octobre 2016, nous avons encore envoyé une lettre d’informations et de réclamation adressée au même Ministre, mais rien n’a bougé. Le 21 Juillet 2017, nous avons encore envoyé une autre lettre de rappel adressée au même Ministre avec ampliation à la Banque mondiale, à l’Uats la structure qui a octroyé la cantine. La même lettre a été envoyée à la Direction de l’alimentation scolaire. Le 4 Septembre 2017, nous avons envoyé une lettre d’informations et de réclamation  des prestataires, déposée au secrétariat particulier du Président de la république qui lui-même, ne réagit pas. Des ampliations ont été faites aux différentes Ministères et institutions, mais rien. Qu’est-ce qu’on peut encore fait, pour que les autorités  de ce pays nous écoutent ? Le 20 Octobre 2019, j’ai été chez le Ministre, dans une forte pluie. Je lui ai exposé le problème et il a dit que lui-même il était Secrétaire général au Ministère en ce temps et qu’après son départ, il n’a plus su comment les choses se sont passées. Donc après lui,  il n’a plus foi en ces choses qui se sont produites. Il a demandé où sont nos contrats et tout. Je lui ai dit que nous sommes de tierces personnes et qu’on ne pouvait pas aller dans des écoles et commencer par travailler sur un coup de tête. Donc que l’autorisation était venue des circonscriptions scolaires et que voilà le seul contrat qu’on nous avait remis pour travailler. Donc c’est sur le même contrat que nous avons été reconduits. Il a dit qu’il n’a pas de complaisance à faire avec les dossiers administratifs et qu’il n’a rien  à nous donner, qu’il ne veut rien faire pour nous et qu’on peut aller là où on veut. J’ai dit Monsieur le Ministre, aidez-nous dans l’affaire car vous savez que les activités ont été menées. Il dit que ce n’est pas sûr que nous ayons eu à bien faire les choses, ce que j’ai refusé.  Il dit que si nous nous mettons sur des réseaux sociaux à écrire de n’importe quoi, il va nous enfermer. Pour intimider, il dit que nous n’avons pas le droit de parler et que c’est finie cette affaire. J’ai dit que ce n’est pas possible car, nous avons des dettes au cou et qu’on ne peut même pas circuler en toute quiétude. Bref, c’est sur ce mécontentement que je suis rentré ce jour-là à la maison et mon papa est décédé 20 minutes après.
Ne pensez-vous pas que le Ministre a raison de vous réclamer le contrat ? Puisque sans contrat, comment pouvez-vous convaincre si le travail a été bien fait ou pas ?
Regardez un peu les bonnes dames qui sont dans la vidéo. Combien parmi elles peuvent s’exprimer et par-dessus tout, connaitre la valeur d’un contrat dans une activité ? Moi je suis restaurateur de formation. J’ai au moins un petit niveau qui me permet de savoir quand-même que pour travailler pour l’administration, il faut forcement être couvert par un contrat ? Quid de ces bonnes dames ? Elles ont simplement été dupées y compris nous-mêmes. Mais ce que je sais, c’est que les papiers existent. Toutes les preuves existent et on ne peut pas nous dire que nous n’avions pas travaillé. Eux-mêmes, ils le savent parce que les contrôles ont été faits. Comme l’Ong Fast-track ne pouvait plus encore financer après les deux ans consignés, cela revenait au gouvernement de le faire. C’est parce que le gouvernement n’avait pas pris la relève alors que nous avions continué à prester, que le problème est arrivé.
Actuellement, vous attendez concrètement quoi du gouvernement actuel ?
Pour que cette situation soit définitivement résolue, aidez-nous à rencontrer le Président de la république. Seul lui peut apprécier et nous aider. Je suis sûr qu’il pourra nous aider si on lui pose en personne le problème. Car, le 9 Novembre à la séance avec les cadres du Ministère de l’enseignement Maternel et primaire, ils avaient tous reconnu les faits. Seulement, ce qu’ils ont déploré, c’est le fait que nous n’ayons pas exigé le contrat. Mais comme ils avaient dit de commencer et qu’ils vont amener le contrat, les dames ne sachant rien d’un contrat parce qu’elles ont régulièrement été payées auparavant, ne pouvaient pas comprendre. C’est seulement moi qui ai émis en ce temps l’idée du contrat et leur réponse était qu’ils allaient revenir avec le contrat, mais de commencer en attendant.
Pour finir ?
L’Etat est une continuité. Comme le gouvernement d’alors n’a pas pu honorer ses engagements, le gouvernement actuel n’a qu’à avoir pitié de ces pauvres personnes qui ont dépensé leurs propres sous. Nous avons fait des prêts un peu partout. Moi-même qui suis ici, je continue de devoir jusqu’à 276.000 à une dame qui m’a livré en son temps des vivres. Parmi nous, il y a déjà des gens qui sont morts. En l’occurrence, il y a un prestataire qui vient des Aguégués et qui est décédé. Un de Dangbo qui est décédé. Nous avons des malades. Il y a une qui vient d’Adjohoun qui est désormais aveugle à cause de la fumée qu’elle avait prise dans les yeux en ce temps. Il y a une, celle qui a parlé dans la vidéo. C’est en pleine activité qu’elle a fait  accident et a brisé la côte. Là où elle est, elle ne peut pas s’agenouiller brutalement. Nous avons beaucoup de cas de malades. Il y a même des femmes dont les maris ne veulent même plus entendre parler parce qu’elles ont contracté des dettes un peu partout et sont sous le coup de convocations, juste à cause de cette activité. Nous supplions donc le gouvernement  de nous venir en aide et de décanter cette situation. Nous voulons que le cœur du Président soit touché par notre souffrance quotidienne. Tous les autres ont été payés sauf le dossier Fast-track. Nous prions le Président de la république de sauver ces mamans et de nous sauver en nous recevant.
Réalisation et transcription : Janvier GBEDO

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