Kigali tente un rapprochement avec Prétoria après que leurs relations diplomatiques se soient brouillées par l’expulsion de trois diplomates rwandais impliqués, selon le Ministre de la Justice de l’Afrique du Sud, dans l’attaque de la résidence du Général KayumbaNyamwasa, ancien Chef d’Etat major, Président d’un parti d’opposition, le Congrès National Rwandai, le 3 mars 2014. Paul Kagamé, le Président du Rwanda qui préside actuellement l’Union Africaine est bien embarrassé par la demande de dialogue à lui adressé par la coalition de l’opposition en exil. Kigali veut gommer son passé entaché (1) pour vivre une plénitude diplomatique(2) avecPretoria
1. Un passé entaché
Les relations entre Kigali et Pretoria ont commencé leur calvaire à partir du 31 décembre 2013 avec l’assassinat à Johannesburg, du Colonel et ex-chef des renseignements extérieursrwandais, Patrick Karegeya retrouvé mort dans sa chambred’hôtel. Il n’existe jusque là aucune relation de coopération judicaire entre Kigali et Pretoria. Johanaesbourgapparaît comme le pays le plus protecteur des droits des opposants au régime de Paul Kagamé. Les relations diplomatiques entre Kigali et Pretoria ont été rompues en 2014.
Kigali tente de se justifier en gardant sa ligne de défense : Les opposants rwandais exilés en Afrique du Sud commanditent des actes de déstabilisation du régime de Paul Kagamé.
Sans avoir réussi à convaincre la société internationale, Kigali continue de se faire croire innocent. Mais Pretoria n’entend pas se laisser faire. C’est ainsi que la ministre sud-africaine des Affaires Etrangères LindiweSisulu a tenu une rencontre avec les opposants du régime de Kagamé résidant en Afrique du Sud. Elle est d’ailleurs porteuse de la demande de dialogue exprimée par les formations politiques de l’opposition. Réélu après avoir modifié la constitution de son pays, Paul Kagamé dirige son pays de mains de fer sans être attaché aux droits humains.
2. Vivre une plénitude diplomatique
Kigali a –t-il intérêt à être en bons termes avec Pretoria ? Bien sûr que oui pour trois raisons. D’abord, c’est que l’Afrique du Sud est une puissance militaire sur le continent. Elle a 1200 soldats dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Ceux-ci participent à la brigade d’intervention sous l’égide de l’ONU. Ensuite, l’Afrique du Sud sous Zuma a acquis le vaste marché d’énergie en RDC notamment la construction du futur barrage du Grand Inga. Enfin, Pretoria joue un rôle essentiel au sein de l’Union Africaine. Kagamé pour rien au monde ne voudrait pas avoir un mandat « embêté ».
La plénitude des relations diplomatiques, c’est un partenariat dynamique soucieux du respect des droits humains. Pretoria ne voudrait plus paraître comme un Etat sans sécurité où des gens ayant un statut de refugié sont vulnérables sur le sol sud-africain. L’orientation de la politique étrangère de l’Afrique du Sud dans la région des Grands Lacs nécessite un réajustement de Kigali. Petit pays qui met en respect ses voisins, le Rwanda est une force militaire et stratégiquement utile. L’Afrique du Sud en a besoin au regard de ses intérêts économiques et technologiques colossaux.
Pretoria hausse le temps pour rappeler qu’il est le grand-frère. De ce fait, il voudrait avoir un point de vue qui compte. Kigali en est-il conscient ?
Par H-Tauyé ;
Juri-Journaliste