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Depuis son village, il voit les marcheurs dans un Etat où on a marché sur le droit de manifester par la marche. Le villageois voit aussi des grévistes qui font une grève de faim sans fin dans un État sans le quasi droit de grève. Et pour couronner le tout, le villageois voit les prêtres profanateurs du Fâ pratiqués le « political danse made in Benin Révélé ». Une danse que les Ivoiriens danseurs ont refusé de danser. Et ce weekend, de braves jeunes gens oisifs, qui ont refusé d’aller au champ, ont décidé, face à la galère ambiante, de mettre leurs deux genoux à terre pour demander pardon. C’est normal. Quand on a le ventre vide cela équivaut mathématiquement à la tête vide. Le villageois voit que, lorsque le ventre est vide, la tête ne réfléchit pas mieux. Ce ventre n’a plus que les genoux à mettre à terre pour demander pardon et dire: « Pépé pardon, il faut donner à manger à tes bébés. » Pardon pépé, il ne faut pas sevrer tes bébés avant l’âge. » Si de braves jeunes gens mettent « genoux à terre » pour demander pardon, le villageois lui met tout son corps par terre pour supplier la Rupture de ne plus rompre mais de continuer. D’ailleurs on a tous dit non au continuum de la « Continuité » et aussi non au « après nous c’est nous », même si après nous c’est encore nous. Le villageois ne met pas tout son corps au sol car c’est ce sol qui lui sert de socle pour son champ. Et c’est ce sol qui va recevoir le corps du vieux villageois après sa mort. Je croyais que la malheureuse comédie politique de l’époque du villageois de Tchaourou était révolue. Le villageois voit que pendant le temps du citadin, la musique de la comédie politique devient plus dansante et envoutante. C’est logique. C’est l’allégorie du chien enragé qui subitement devient docile après qu’il soit durement sevré et affamé pendant quatre ans par son maître. C’est la stratégie de « tenir les ventres pour mieux vider les têtes». C’est le vieux professeur communiste du PCB qui a parlé de cette stratégie au villageois dans le cours ‘’ Histoire des Idées Politiques’’. Ainsi, pour gouverner le peuple, le Sage-Prince vide les consciences mais emplit les ventres, affaiblit les volontés et fortifie les os…il garde le peuple hors de la science et hors du désir. N’est-pas pour garder le peuple hors de la science que des universités créées dans les villages ont été fermées au profit de la culture extensive du coton? Et l’État du villageois est devenu le premier producteur de coton dans un « désert de compétences ». N’est-ce pas pour fortifier les os que les policiers ont été renforcés par les gens des armes à travers la police-gendarmerie fusionnée? N’est-ce pas pour encore fortifier les os que les universités ont été fermées et les portes des prisons, largement ouvertes ? Et pourtant le vieux Victor Hugo n’a-t-il pas bien dit: » faute d’enseignement, on jette dans l’état initial, des hommes-animaux, têtes inachevées. » L’école n’est-elle pas sanctuaire autant que la Chapelle? Le vieux Victor qui dort depuis des siècles sans se réveiller avait déjà répondu à cette question par l’affirmative. Revenant au ventre qui a faim et qui met genoux à terre, quelqu’un n’a-t-il pas comparé le peuple béninois à un chien enragé et qu’il faille, pour le dresser, l’affamer pour venir à la fin le gaver avec le nerf de la guerre ? Quand le villageois ne boit point son Tchakpalo de Porto-Novo et que c’est le dolo du Faso qu’on lui sert en lieu place de l’eau, il se pose des questions. Bon le villageois s’est posé assez de questions. Il peut aller ouvrir son poulailler afin de permettre à ses poulets sportifs de sortir pour glaner leur nourriture dans la nature. C’est ça l’élevage bio et non les poulets morgues dit congelés et bien « provendés » qu’on vous sert en ville.
Fraternellement votre vieux villageois
