Covid-19 au Bénin: Les athlètes handisports face aux réalités de la pandémie

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En situation de handicap, la seule chose qui, non seulement déchaîne leur passion mais aussi leur fait sentir la personne humaine, est leur amour de se retrouver en famille autour d’une aire de jeux ou sur une piste d’athlétisme. Une belle occasion pour ces personnes en situation de handicap de se sentir entourées. Malheureusement, l’apparition de la pandémie liée au Covid-19, provoquant la fermeture des stades et autres lieux de regroupement sportif, vient anéantir leur joie de vivre. Elles sont devenues plus que jamais orphelines. Et, les difficultés s’amoncellent…

La crise liée à la pandémie de Covid-19 n’a pas créé que des dégâts économiques. Elle aura également agi sur le plan psychologique et mental de la population notamment sur lespersonnes en situation de handicap. Physiquement en difficulté, elles sont, depuis l’avènement de la Covid-19 non seulement limitées dans leur déplacement mais aussi, contraintes à ne plus s’adonner à leur passion. Le sport.«A l’accoutumée, les week-ends et plus précisément les dimanches entre 9h et 13h, je suis au sport, basketball en fauteuil roulant au terrain Unafrica de Cotonou. Mais nous avions accueilli la Covid-19 comme un couteau dans le dos sans avertissement. Le coronavirus est venu stopper toutes nos activités sportives. Vous n’êtes pas sans savoir que le gouvernement béninois a mis aux arrêts les activités sportives et la fermeture des aires de jeux. Notre Fédération s’est conformée à cette décision et a demandé à toutes les Associations membres de mettre fin aux activités sportives. Tout est à l’eau. Les athlètes de handisport ne viennent plus souvent à l’entraînement. Nous sommes à un repos imposé par la nature. On ne se retrouve plus entre amis pour s’entraîner, pour partager nos projets de voyages et discuter des compétitions auxquelles nous allons participer. Rien de tout ça depuis des mois», a fait savoir Marcel Candide Hinvy, personne Handicapée moteur, athlète basketteur, membre de l’équipe Lion Handisport (équipe de basket en fauteuil roulant des personnes handicapées moteurs). A l’en croire, c’est difficile pour eux de perdre les habitudes du jour au lendemain. «C’est compliqué. Il faut du sport pour se maintenir en forme. Même nos amis n’y trouvent plus le goût. Les facultés ne reprennent plus vie. Les choses semblent compliquées», se désole Marcel Candide Hinvy, même s’il est bien conscient que la santé n’a pas de prix. «On n’a pas le choix. On se conforme car c’est la santé. Elle est n’a pas de prix. Il faut vivre pour pratiquer du sport», a-t-il reconnu.

D’un athlète handisport à un autre. Celui-ci a une triple casquette. Pour Parfait Claude Ndemba, alias Maasta Mc (artiste, mannequin atypique handicapé et handi-basketteur professionnel), la présence de Covid-19 a changé beaucoup de choses. «Avant la Covid-19, mes week-ends se résumaient aux entraînements et spectacles, show cases pour imposer une carrière artistique et sportive plus grande. Malheureusement, l’accueil de la Covid-19 s’est fait avec amertume et douleur. La maladie a freiné et bousillé pas mal de mes projets, sports comme musique. La présence de Covid-19 a changé beaucoup de choses. Déjà, elle a cassé mon élan à m’entraîner deux à trois fois la semaine. Notre espace d’entraînement a été fermé à nous. Pire, entre nous athlètes, on ne se voit plus. On est contraint à porter des cache-nez, à rester à la maison, à voir moins de gens», a confié le pluridisciplinaire Maasta Mc, qui ne peut s’empêcher de s’entraîner dans la cachette tout en respectant les mesures barrières. «Officieusement, je m’entraîne. Mais le nombre est de quatre pour éviter les regroupements proscrits par le gouvernement. Des fois, on est que deux. Tous les coéquipiers ne sont pas informés. On utilise les gels et bavettes. Le respect des mesures barrières s’impose. Ça rend un peu les choses bizarres mais c’est mieux que rien. Le sport est déjà encré en nous. C’est plus fort que nous. C’est cela et on n’y peut rien», a-t-il renchéri tout en avouant sa désolation de ne plus être avec ses amis pour partager sa passion. «Ne plus voir les amis est très difficile. On est une famille. On se comprend même sans parler. Sachant que même si on n’est pas joignable les uns des autres du fait de nos activités respectives mais les jours d’entraînement, on répondait tous présents. Cette chaleur manque beaucoup et ça me gène énormément», admet-il.

«Avant l’avènement de cette pandémie, nous athlètes paralympiques avions les difficultés à joindre les deux bouts. Le financement est quasi inexistant. Nous nous débrouillons pour financer nos besoins (équipements, déplacements sur les lieux d’entraînement, abonnements dans les salles de musculature,  et d’autres). L’arrivée de cette pandémie de Covid-19 avec les suspensions par ici et des reports par-là des événements sportifs susceptibles de nous apporter de l’argent est le calvaire qui n’a épargné aucun sportif et a davantage enfoncé nous qui étions sur un pied financièrement», dira pour sa part, Fayssal Atchiba, athlète paralympique. Quant à Damien Akpovi, il estime que l’apparition de Covid-19 ne devrait pas être synonyme d’arrêter de vivre. «La Covid-19 impose une réinvention dans notre quotidien, la maladie est là. On ne peut pas refuser et on ne doit pas s’arrêter de vivre ou de bosser. Je fais des exercices physiques chez moi. Je me connecte avec un coéquipier. On vient transpirer sur le terrain mais rien d’officiel», a-t-il laissé entendre.

Aucun soutien aux athlètes handicapés, des appels lancés…

 

Face à cette pandémie qui a déjà causé des milliers de morts à travers le monde, le gouvernement béninois a alloué des fonds aux communes dans le cadre de la lutte contre la crise épidémiologique liée au coronavirus à travers le Fonds d’appui de développement des communes (Fadec Covid-19 stop). Six millions d’euros (soit 3,9 milliards) seront utilisés par les communes pour la prévention et la riposte contre la Covid-19 (finance.bj). Mieux, le secteur de l’artisanat (coiffure, couture, soudure, menuiserie, petites vendeuses, etc) a aussi reçu un coup de pousse de l’Etat béninois (4,98 milliards de FCFA, Conseil des ministres du mercredi 109 juin 2020) sans oublier les entreprises, etc. Malheureusement, force est de constater que les personnes en situation de handicap pratiquant plusieurs disciplines sportives au Bénin sont laissées pour compte. Et difficile à elles de joindre les deux bouts.

«Nous avons les difficultés à payer nos loyers, manger, renouveler des abonnements dans les salles de musculature. Personne ne nous regarde, ni la Fédération, ni le ministère. Nous sommes laissés à notre sort», a confié Fayssal Atchiba, médaillé de bronze en athlétisme aux derniers Jeux de la Francophonie en Côte-d’Ivoire.

«Nous les athlètes paralympiques, nous avons besoin d’un regard considérable car nous nous sacrifions pour révéler le sport béninois dans le monde tout comme les autres sportifs. La preuve en 2019, j’ai été 13e du Top 30 du  World Para Athletics Rankings et 2een Afrique», a-t-il ajouté.

«L’heure n’est plus à la peur mais comment gérer les activités tout en sachant qu’il y a la maladie. Je suis sportif et artiste. Puisqu’on parle ici de sport, vous savez que le handisport n’est pas la priorité dans le domaine du sport au Benin. Nous sommes négligés. Je ne sais pas si Covid-19 va changer la donne. Je n’ai pas vu la trace d’une quelconque aide pour une corporation sensée être vulnérable et vraiment atteinte par les effets collatéraux de la maladie», a fait savoir Maasta Mc qui n’a trouvé, autre solution que de lancer des cris d’appels à l’aide via ses pages. «Personnellement, j’ai lancé des cris d’appels à l’aide au profit des athlètes handisports via mes pages réseaux sociaux. Malheureusement, jusqu’à ce jour (entretien réalisé le 18 septembre 2020, ndlr), aucune réaction. Ce ne sont pas les appels de pieds qui ont manqué. Anyway, rien n’est tard. Les coéquipiers seront heureux d’emmarger (rire)», dit-il dans une bonne humeur.

Raoul Adja, athlète handisport vivant à Parakou (Nord-Bénin) et joint au téléphone abondera dans le même sens que Maasta Mc. «On a aucun soutien jusqu’à présent. Peut-être que c’est en cours. On ne sait rien. C’est entre le ministère des Sports et la Fédération Handisport du Bénin. Les athlètes handisports ont besoin d’appui matériel et financier. Nous espérons leur aide. Nous demandons à l’Etat de nous soutenir aussi, nous les personnes handicapées. Il faut aussi assouplir les mesures et que les entraînements reprennent», a-t-il lancé.

Maasta Mc espère la généreuse main du gouvernement béninois et invite la Fédération béninoise de handisport à jouer son rôle. «Notre Fédération doit pouvoir défendre le cas des athlètes handisports. Les autorités en charge du sport doivent aussi comprendre que nous ne sommes pas un sport de loisir mais de compétition. Nous avons aussi droit aux soutiens avec ou sans Covid-19. (…) Nous espérons leur main forte», a-t-il indiqué. «Je pense que si le gouvernement béninois, par l’entremise du ministère des sports nous apporte juste un petit soutien, ce sera un grand soulagement pour nous», a souligné Fayssal Atchiba.

Dossier réalisé par : Abdul Fataï SANNI

Handisport au Bénin depuis 1989

En 1989, le sport pour les personnes handicapées a officiellement fait son immersion au Bénin. Ceci, avec la mise en place de la première association. Quelques années plus tard, cette pratique va s’accroître grâce aux multiples associations sportives pour personnes en situation de handicap qui se créent. Conséquence, la Fédération béninoise de sports pour personnes handicapées a été mise sur les fonts baptismaux en septembre 1995. Le premier président de cette Fédération a pour identité, le général François Kouyami. Par la suite, Kint Aguiar, Nassirou Domingo et Léopold Gbénou jusqu’en 2016 se sont succédé à la tête de l’instance du sport pour personnes handicapées, devenue Fédération béninoise de handisport en 2003. Mais avant, la Fédération a été membre fondateur des Jeux de l’Avenir des Personnes handicapées d’Afrique en 1994 avec l’organisation de ces jeux à Cotonou en 1996. Et depuis l’an 2000 et 2003, plusieurs athlètes paralympiques béninois prennent part respectivement aux Jeux paralympiques et aux Jeux africains sans oublier les Jeux de la Francophonie, ramenant plusieurs breloques au Bénin. Il faut dire les démarches sont actuellement en cours pour que la Fédération béninoise de handisport devienne le Comité paralympique du Bénin. Car, de plus en plus, les personnes en situation de handicap pratiquent presque toutes les disciplines sportives qui existent au Bénin. Rappelons que l’actuel président de la Fédération béninoise de handiport est Abdel Rahman Ouorou Barè. Il a succédé à Léopold Gbénou en 2016.

A.F.S.

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