Protocole thérapeutique contre la Covid-19: Vaine polémique autour de la Chloroquine ?

Causée par le virus SRAS-CoV-2 qui infecte préférentiellement les cellules du tractus respiratoire, la Covid-19 a été très tôt ciblée comme une menace planétaire. Alors que plusieurs personnes continuent de tomber et de rendre le tablier de la vie, il a été difficile de s’accorder sur le protocole thérapeutique. Le traitement à base de la chloroquine a été donc au cœur d’une vive polémique au point où l’Organisation mondiale de la santé a annoncé la suspension des essais cliniques. Une situation qui n’a pas empêché plusieurs pays d’adopter un traitement à base de chloroquine. Jusqu’à ce jour, ce traitement continue de faire des milliers de cas de guérison…

S’agit-il enfin d’une vaine polémique autour de l’usage de la Chloroquine dans le traitement de la Covid-19 ou un conflit d’intérêt ? Une question qui mérite d’être posée au regard des résultats obtenus et qui s’observent à travers le monde grâce au protocole thérapeutique à base de la Chloroquine. En effet, les médicaments normalement utilisés pour traiter le paludisme, l’hydroxychloroquine et la chloroquine, ont été présentés comme des traitements potentiels contre le coronavirus. De ce fait, la demande mondiale desdits médicaments a augmenté en raison de la pandémie du coronavirus. En état d’alerte, les gouvernements recherchaient d’urgence des traitements pour soigner les personnes infectées par la Covid-19 et recours a été fait à plusieurs traitements dont la chloroquine et l’hydroxychloroquine. Mais ce choix a suscité un vif débat, alimenté la polémique au point où l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a déclaré qu’il n’y avait pas de preuve formelle de leur efficacité. Chose curieuse, l’Organisation, qui avait déjà suspendu puis repris les essais cliniques sur l’hydroxychloroquine, a décidé mercredi, 17 juin 2020 d’arrêter à nouveau de tester ce traitement potentiel. Ce choix s’appuie sur les conclusions d’études estimant que cet antipaludéen ne réduit pas le taux de mortalité. « Les preuves internes apportées par l’Essai Solidarity/Discovery, les preuves externes apportées par l’Essai Recovery et les preuves combinées apportées par ces deux essais largement aléatoires suggèrent que l’hydroxychloroquine — lorsqu’on la compare avec les traitements habituels des patients hospitalisés pour le Covid-19 — n’a pas pour résultat la réduction de la mortalité de ces patients », a déclaré la docteure Ana Maria Henao Restrepo, de l’OMS, au cours d’une conférence de presse virtuelle à Genève. Derrière cette position de l’Oms, s’est également dressée, une guerre des scientifiques. Convaincu de l’efficacité du traitement, le Professeur Didier Raoult, infectiologue, spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes et directeur de l’Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de Marseille (Bouches-du-Rhône) n’a pas fléchi face aux critiques. Ce dernier affirme et réaffirme que la chloroquine bien connue des voyageurs sous le nom de Nivaquine, a des effets spectaculaires sur la pandémie en cours. Six jours après en avoir administré à des patients atteints de Covid-19, dit-il, seulement 25 % d’entre eux étaient encore porteurs du virus, quand 90 % de ceux qui n’avaient pas reçu ce traitement étaient toujours positifs. Cependant, beaucoup de ses confrères n’étaient pas convaincus. De son côté, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (Inesss) du Québec révèle, dans une production scientifique, qu’aucune donnée ne permet de recommander l’usage de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine en dehors d’un protocole de recherche chez les patients ayant un diagnostic confirmé de COVID-19 dont la condition clinique n’exige pas une hospitalisation“. De l’incertitude entourant la plausibilité biologique ainsi que l’efficacité et l’innocuité de la chloroquine et l’hydroxychloroquine en prévention de l’infection par le SRAS-Cov2, le traitement à base de Chloroquine a eu droit à une kyrielle de procès de par le monde.

Et pourtant…

Outre certains dirigeants mondiaux qui ont recouru à l’utilisation du traitement à base de la Chloroquine, plusieurs pays dont le Bénin ont adopté un protocole thérapeutique à base de la Chloroquine. Selon Bbc, le président américain, Donald Trump, a souvent évoqué le potentiel de l’hydroxychloroquine lors de réunions d’information à la Maison Blanche. Dans une vidéo retirée par Facebook pour avoir enfreint ses directives en matière de désinformation, le président brésilien Jair Bolsonaro a déclaré que « l’hydroxychloroquine est efficace partout », selon Bbc. Alors que le Burkina avait également annoncé des essais cliniques de la Chloroquine, l’Algérie a approuvé le médicament pour traiter la Covid-19 sans oublier des essais aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne, en Chine etc. La France a autorisé les médecins à les prescrire pour les patients atteints de Covid-19, mais les autorités médicales françaises ont mis en garde contre les effets secondaires. En Inde, le ministère de la Santé a recommandé l’utilisation de l’hydroxychloroquine comme traitement préventif pour les travailleurs de la santé et les ménages en contact avec des cas confirmés. Mais l’usage du médicament doit être recommandé par un médecin. La Chine a retenu la chloroquine dans le traitement du Covid-19 au détriment du Remdesivir approuvé par les États-Unis, l’Europe et Hong Kong. Et les résultats sont plus que rassurants. Au Bénin, à la date du 19 septembre 2020, le pays enregistre 1954 guéris sur 2294 cas confirmés pour 40 décès. La France, la Chine et plusieurs pays ont également connu des résultats probants quand bien même la situation devient à nouveau inquiétante en France. Un effet de miracle ou vaine polémique autour de la Chloroquine ? La question reste toute posée et chacun peut se faire son opinion.

Aziz BADAROU