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Investit pour son second et dernier mandat constitutionnel, le dimanche 23 mai dernier, le président de la République, Patrice Talon, est attendu sur plusieurs chantiers de développement dont la réorganisation des religions chrétiennes et évangéliques.
Les religions venues d’ailleurs s’écartent de leur mission d’évangélisation des peuples au profit des intérêts pécuniaires, égoïstes et inavoués. C’est le constat général fait par Jacob Afoura, le Directeur départemental du tourisme, de la culture et des arts du Zou et des Collines (Ddtca/Zou-Collines). «Nous avons comme impression aujourd’hui que les gens profitent de la naïveté de nos populations pour les escroquer», a-t-il fait remarquer. François Biguézoton, fait la même observation. «Moi je suis un fidèle d’une église évangélique de mon village à Cana. Mais laissez moi vous dire qu’au cours d’un culte il faut donner au moins deux quêtes ordinaires sans oublier la « Semence de foi », la »Dîme » et les diverses cotisations associatives. Parfois, sans même prévenir les fidèles, le pasteur initie sur un coup de tête une collecte de fonds appelée »Zindo » en pleine messe», a-t-il déploré. A quoi sert cette manne qu’ils mobilisent? Pour certains, elle sert à mettre en place les infrastructures dont l’église a besoin. Mais selon la compréhension d’autres, le pasteur s’en sert à volonté pour sa survie et celle de sa famille. «Vous allez voir des jeunes qui deviennent des pasteurs et du jour au lendemain, ils commencent par rouler de grosses voitures, habitent de belles maisons», a souligné Jacob Afoura. Pris au cou par le chômage, ces individus désœuvrés, font de l’église un job. Cette attitude, qui contraste avec les pratiques religieuses que prônent les écritures saintes, est devenue la règle au Bénin. Tout se passe comme si le pays n’est plus un Etat de droit. Un Etat laïc n’est nullement synonyme du désordre ou de l’anarchie. Au nom du Christ, chacun se lève, créé son église et s’improvise pasteur sans aucune formation de base en théologie. Par des procédés occultes, il réussit à mobiliser les fidèles qui deviennent leur proie facile qu’il escroque à leur guise. Etant sur un terreau fertile et sans être inquiété, il multiple leur création. Ainsi, tels des champions, les églises poussent dans tous les coins et recoins des villes et campagnes. Les règles du bon voisinage sont foulées aux pieds et la quiétude des paisibles populations est troublée. «Franchement, nos églises sont aux antipodes des bonnes manières. On se demande même si elles invoquent vraiment Dieu. Dans notre quartier, une église évangélique perturbe notre sommeil. Plusieurs fois, je me suis plainte en vain au chef quartier. Les fidèles animent avec vacarme jusqu’à une heure indue. Cela se passe presque tous les jours de la semaine. C’est bien dommage », s’est désolée Rufine Assongba épouse Ahouandjinou, habitante du quartier Adagamè/Bohicon. En clair, la plupart des dignitaires de ces églises font croire aux fidèles qu’ils sont à leur service et qu’ils font du sacerdoce alors qu’ils profitent de leur pauvreté. «Pendant que les pasteurs se taillent la part du lion et vivent dans l’opulence, bon nombre de fidèles croupissent sous la misère et difficilement ils assurent leur pitance journalière. C’est de ceux-là qu’on exige encore les cotisations, la dîme et autre sous prétexte qu’ils n’auront pas le salut lorsqu’ils vont se résigner. A la quête de ce salut, ils vident leur miette ou s’endettent au pire des cas», s’est indigné le Ddtca. Pour Jacob Afoura il va falloir prendre les taureaux par les cornes. Il a alors invité les députés et le président de la République à prendre au sérieux ce secteur qui semble devenir une jungle. «Il faut réorganiser ce secteur là. Qu’on impose des restrictions pour que les gens avant de créer une église aient des documents administratifs et une formation de base en théologie » a-t-il suggéré.
Fernand Kinmahou
