Bénin/Alimentation et santé: Orange, une filière porteuse en souffrance

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L’un des fruits les plus consommés dans le monde, l’orange demeure une filière porteuse. Si elle bénéficie de plusieurs programmes de promotion et de développement dans d’autres pays, le constat au Bénin laisse perplexe. Bien qu’elle soit considérée comme une filière prioritaire, l’orange est en souffrance sous nos cieux et visiblement oubliée des nombreuses réformes amorcées pour le repositionnement de l’agriculture. De ses valeurs nutritives et nutritionnelles aux opportunités d’emploi ainsi que la plus-value économique, l’orange est loin de mériter le sort à elle, réservé au Bénin…

L’Orange fait partie des trois fruits les plus consommés au Bénin après la mangue et la banane, selon une publication de Cambridge University en 2011 signée de Brice Sinsin, ancien Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, Anne B. Floquet et Christophe Tossou. Produite en quantité au Sud Bénin notamment dans les départements du Zou et des Collines, elle existe sous une dizaine formes de variétés. “C’est un fruit assez complet“, a confié Houenassi Eve née Amoule, nutritionniste-diététiste au Centre hospitalier universel de la mère et de l’enfant (Chu-Mel). Pourtant, l’Orange se retrouve souvent à la poubelle, faute d’un mécanisme de transformation. En effet, d’Allada à Hlouekanmey en passant par Za-Kpota, l’orange pourrit au bord des routes dans une indifférence totale. Selon quelques producteurs, le marché de l’orange n’est florissant qu’en période de jeûne musulman. Il n’est donc pas rare que les producteurs se retrouvent contraints de déverser leur stock sur des tas d’ordures, l’orange étant une denrée très périssable. Les pertes post-récoltes demeurent alors énormes et inquiètent. Si l’orange souffre de programmes conçus pour sa relance au Bénin, le jus d’orange est très prisé en France. Selon une publication de l’Agence française de presse (Afp), le jus d’orange est le plus consommé en France. « Le jus d’orange représente près de 50% des volumes de jus de fruits vendus en France avec 779 millions de litres consommés en 2012, devant les pommes et les vitaminés, a indiqué mercredi l’Union nationale interprofessionnelle des jus de fruits (Unijus) », rapporte le média. Faut-il le préciser, l’orange fait partie des principales cultures stratégiques qui pourraient faciliter l’accès des produits agricoles du Bénin aux marchés locaux et régionaux voire occidentaux. De sources proches du Fonds national de  développement agricole (Fnda), l’orange constitue une filière prioritaire et peut donc bénéficier du financement du Fonds. Il suffit donc que le projet soit bien ficelé et bancable, confie la source. Mais, l’évidence est que, comparativement à l’ananas, l’orange ne retient pas les attentions. Tant d’efforts sont consentis pour la production, la transformation, la commercialisation et même la valorisation des déchets d’ananas au Bénin. On pourrait bien s’interroger si les autorités béninoises méconnaissent ou ignorent l’importance de l’orange ainsi que la plus-value économique qui pourrait résulter de la promotion et du développement de la filière orange.

Orange : fruit assez riche et complet,

L’Orange est un fruit qui apporte assez d’éléments nutritifs à l’organisme humain en dehors de la vitamine C. A en croire Houenassi Eve née Amoule, nutritionniste-diététiste au Centre hospitalier universel de la mère et de l’enfant (Chu-Mel), l’orange est un fruit qui est assez riche sur le plan nutritif et nutritionnel. « En dehors de la vitamine C que tout le monde connaît, l’orange regorge d’autres vitamines. Il y a le calcium, le phosphore, le potassium même la vitamine E, K1, toutes les vitamines B surtout la B9 que nous appelons acide folique. Il contient également un peu de Bêta carotène qui peut être transformé en carotène ou en vitamine A. Et c’est un fruit qui regorge d’eau. Pour ceux qui n’aiment pas boire ou qui ne sont pas habitués à boire assez, ils peuvent trouver leur compte en prenant de l’orange. Sur le plan nutritionnel, nous parlons souvent de 100 grammes. Donc quand nous prenons 100g d’oranges, il y a à peu près 47mg de vitamine C, 66 mg de calcium, 85 mg d’eau et 8g de glucides ainsi que 45,5 Kcal (énergie) » a-t-elle fait savoir. Par ailleurs, si la  vitamine C augmente l’absorption du fer provenant des produits céréaliers, des légumineuses, des œufs et des légumes,  elle aide au bon fonctionnement du système immunitaire, à cicatriser les plaies, à régénérer le sang, la peau, les os et les ligaments. Par ailleurs, grâce aux fibres solubles qu’elle contient, l’orange stimule la digestion en douceur et réduit les troubles de la digestion. Ces mêmes fibres permettent de réguler le taux de cholestérol et de triglycérides dans le sang. Tandis que la vitamine B9 ou acide folique (également appelé folates) est essentielle au renouvellement cellulaire.

L’orange et la femme enceinte…

Le rôle de l’orange pour la femme enceinte est très primordial au regard de ses valeurs nutritives et nutritionnelles, selon la nutritionniste Houenassi Eve. «…c’est un fruit qui devrait être recommandé à une femme enceinte ne serait-ce qu’une orange en moyenne par jour. Puisqu’elle a besoin du calcium pour son enfant qui va naître (formation des os), de la vitamine B9, qui permet de lutter contre les malformations, toutes les autres vitamines et sels minéraux. C’est un fruit assez complet qu’on peut recommander à une femme enceinte. Lorsque l’enfant naît, étant donné qu’on se focalise sur l’allaitement maternel exclusif jusqu’à six (06) mois. Donc à partir de 6 mois, on peut commencer par habituer cet enfant à l’orange ne serait-ce qu’une petite cuillerée par jour et après, il est habitué à prendre de l’orange pour son bien-être » précise-t-elle. Ce que confirme Fiacre Alladaye, Nutritionniste, Président de l’Organisation non gouvernementale (Ong) Food  and nutritional security for all (Fnsa). «L’orange est recommandée aux femmes enceintes. D’abord, les femmes de façon générale. Celles en âge de procréer dont la tranche d’âge est comprise entre 15 et 49 ans, celles qui ont régulièrement besoin de fer par exemple en période menstruelle. L’orange favorise la production de globules rouges, elle fluidifie le sang. Dans ce lot de femmes, il y a spécifiquement, celles en état de grossesse. Elles sont assez vulnérables. Il y a aussi les mères allaitantes. A ces femmes, s’ajoutent les enfants de moins de 5 ans qui, à cause d’une petite infection ou un début de paludisme, peuvent manquer de fer et être anémiés….La consommation de l’orange est indispensable. A des stades de la vie, il faut tenir compte de la nécessité de la consommation de l’orange pour rendre le fer bien disponible», soutient ce dernier. Et selon le diététiste, Serge Patrick Zinvoedo, l’orange est un fruit très important à consommer. En général, fait-il savoir, l’orange est un fruit qui est gorgé de beaucoup de magnésium, de calcium, de zinc, de sélénium mais en faible taux de sélénium, en faible taux de zinc. «C’est un fruit qui remonte, qui participe à la stabilité de l’organisme », précise-t-il.  Les oranges contiennent beaucoup d’antioxydants pour lutter contre les bactéries. Aussi, poursuit le Diéticien, en matière de perte de poids, l’orange, consommée avec sa peau réduit le poids, plus que tout autre fruit. «C’est un antioxydant avec sa capacité de vite brûler les graisses», fait-il savoir.

L’Orange renforce le système immunitaire…

Avec le contexte actuel de crise sanitaire de Covid-19, l’orange est l’un des fruits les plus recommandés. Et pour cause, elle renforce le système immunitaire. Pour le Diéticien, Serge Patrick Zinvoedo, l’orange joue un rôle primordial à cet effet grâce à la vitamine C qu’elle contient. Et à Houenassi Eve d’apporter davantage de clarifications. « L’orange contient une substance qu’on appelle flavonoïde qui lutte contre les radicaux libres responsables de certaines pathologies, donc c’est un antioxydant qui protège l’organisme contre certaines maladies même pour éviter des maladies cardiovasculaires. Vous avez aussi la vitamine C qui lutte contre les affections virales et bactériennes, protège la paroi des vaisseaux. Personnellement, je prends une orange tous les matins », confie-t-elle. Toutefois, elle propose que l’orange soit mangée avec la chair sans la presser. « Il faut la consommer régulièrement mais pas de façon exagérée surtout. Maintenant par rapport à la quantité, une orange en moyenne le matin suffit, il ne faut pas en prendre 10 ou 20. Parce que lorsque la quantité de vitamine C dépasse ce que l’organisme devrait retenir, le reste est éliminé. Cependant, les glucides, lorsque la quantité est importante, ce n’est pas éliminé. L’organisme le transforme en glucose et glycogène et stocke. Et cela devient un autre problème à régler….Parce que nous consommons d’autres aliments qui nous apportent de la vitamine C et il ne faut pas dépasser 100mg de vitamine C par jour. Et surtout la consommer avec les fibres, c’est plus bénéfique car ces fibres nous protègent aussi contre certaines formes de cancer », prévient-elle.

Du jus d’orange importé malgré Orana…

Alors que des milliers d’oranges pourrissent dans les champs et au bord des routes, il est quasi-impossible de se procurer du jus d’orange local dans les supermarchés et autres endroits dédiés. Un tour dans les supermarchés et restaurants phares de Cotonou et la réalité est à limite déplorable. Si Orana s’est positionné comme la seule marque locale fournissant de l’orange au supermarché Erevan et quelques restaurants, il faut reconnaître que le jus d’orange observé dans ce grand super U est importé. Même constat dans d’autres supermarchés. Même si dans quelques restaurants comme le Restaurant Berlin ou encore Fruitizz, le jus d’orange local est accessible grâce à une collaboration avec Orana, structure productrice d’oranges à Za-Kpota. Comment peut-on alors importer de jus d’orange dans un pays où on produit suffisamment d’orange ? L’évidence est que le défi de la transformation de l’orange reste entier. Et les nutritionnistes rencontrés n’ont pas manqué d’alerter sur les risques liés à la consommation du jus d’orange importé. «Il faut faire très attention au jus d’orange disponible dans les supermarchés et autres. Même dans les restaurants, il faut faire très attention car parfois, on vous dilue cela et on ajoute du sucre. Si vous voulez vraiment prendre du jus d’orange, c’est demi-verre bambou. Comme je l’ai dit, c’est mieux de consommer l’orange avec la chair mais il faut surtout consommer l’orange bio. Parce qu’on a toutes sortes de variétés d’oranges sur le marché. Les oranges bio, nous en disposons chez nous » laisse entendre Houenassi Eve, nutritionniste diététiste au Chu-Mel.

 Les réactions semblent unanimes sur la nécessité de relever le défi de la transformation de l’orange en jus pur. Selon Barnabé Médégan, Conseiller technique à la filière agrume à Swisscontact Bénin, une étude diagnostique a montré qu’aujourd’hui, les oranges sont les agrumes les plus importants au Bénin. Pourtant, la filière orange n’est pas structurée, organisée. Elle souffre de l’absence d’une réelle politique de développement, de coordination et de réflexion globale sur la filière. Le secteur des agrumes constitue un secteur vierge qui n’a pas été touché par les projets de soutien du gouvernement ni par les projets de développement. Alors que le secteur offre d’importantes opportunités, il enregistre en même temps de grands défis tels que la faible structuration des acteurs, le manque d’intrants spécifiques et adaptés, une technologie adéquate moderne de transformation et l’accès aux crédits pour faciliter les investissements nécessaires en équipements. «Il y a d’importantes pertes post-récolte. Il y a le problème de la maîtrise de l’eau. La filière est tributaire de l’eau, d’une bonne pluviométrie. Il y a aussi le problème d’intrant spécifique. L’intrant utilisé c’est MPK, un produit chimique et l’expérience a montré que tous ces produits chimiques sont mal utilisés. Ça pose de problème à la culture même et le goût n’est plus ce qu’il doit être», déplore Barnabé Médégan. En outre, les deux principaux types (Pineapple et Valencia) d’orange cultivés ne sont  ne sont guère transformés. « Dans notre pays, disposons-nous d’usine de transformation de l’orange capable de nous produire du pur jus ? C’est un appel que je voudrais lancer. Au regard de la perte considérable observée pendant la saison des oranges, je lance un appel aux dirigeants pour aider à ressusciter les industries ou implanter de nouvelles adaptées à la fabrication du pur jus d’orange qui sera disponible en contre saison pour le bien-être de tous. Selon les informations que nous avons, quelque chose se fait déjà. Mais nous souhaitons que les choses s’accélèrent. Pour un peuple qui a faim, on ne peut retrouver des oranges jetés de la sorte. Il faut vite faire pour que nous ayons du pur jus que nous aurons à portée de main et pouvoir s’en procurer selon nos bourses » lance de son coté, Houenassi Eve.

En effet, en sa séance du Conseil des ministres du 19 octobre 2016, le gouvernement du Bénin a décidé de la cession aux opérateurs privés de six usines de transformation de produits agricoles et des rizeries de Glazoué et de Malanville dont une usine de fabrication de jus d’orange à Zakpota. Des usines installées en vue de sauvegarder la production de fruits et agrumes et de créer une chaîne de valeur ajoutée mais qui n’ont jamais été fonctionnelles. Près de cinq après, le Bénin ne dispose toujours pas d’une seule usine de transformation d’orange en jus pur. Notons que le jus concentré, l’huile d’orange, le jus et le compost sont entre autres dérivés de l’orange. Qu’est-ce qui freinerait alors l’élan du gouvernement à vouloir sortir cette filière de l’ombre ? La question reste toute posée. En attendant, les producteurs continuent de subir des pertes post-récoltes considérables.

L’orange est un fruit qui fait partie des agrumes (Citron, pamplemousse, mandarine). C’est-à-dire, les fruits acides et sucrés. On les appelle des agrumes, parce qu’ils ont une particularité mélange acide, sucré et fermenté. Des fois, c’est moins sucré et plus acide. Il y a d’autres qui sont très acides, il y a d’autres qui sont très sucrés moins acides. Mais tout ceci fait partie des fruits très importants à consommer, explique Serge Patrick Zinvoedo, Diéticien. Au Bénin,  il y a principalement deux variétés d’orange qui sont cultivées, fait savoir, Barnabé Médégan, Conseiller technique à la filière agrume à Swisscontact Bénin. Les variétés Pineapple et Valencia. Mais, les exploitations agrumicoles au Sud du Bénin sont marquées par la prédominance de l’oranger Pineapple. «Il y aussi des variétés locales Tangelo, Orangers, Wekiwa qui sont en voie de disparition. La variété « Wekiwa » est une variété très prisée par les populations et conservée dans les forêts sacrées parce que les populations savent son utilité», renseigne-t-il. Cette variété, poursuit Barnabé Médégan, est riche en fer, en calcium, très thérapeutique et aussi aphrodisiaque. Elle diffère des autres oranges par sa forme un peu ovale et non ronde comme les autres variétés. Quand on la coupe de façon transversale, c’est rouge à l’intérieur, alors que la peau est bien verte, fait-il observer. Le gouvernement est vivement interpellé ! Sauvez la filière orange !

Réalisé par Aziz BADAROU

et Cyrience KOUGNANDE

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