Les députés doivent donc légiférer pour trouver une solution au blocage politique décrié. A en croire, en tout cas, les déclarations faites par le Chef de l’Etat à l’issue de la rencontre de crise d’hier boycottée par l’opposition, le Parlement a un rôle crucial à jouer pour éviter au Bénin une grave crise électorale. « (…) Au besoin, s’il faut que l’Assemblée nationale aille en séance extraordinaire pour proposer des mesures nous permettant d’atteindre les objectifs tout en respectant les lois actuelles ou les lois de demain ou d’après-demain, ce serait salutaire pour nous tous et nous allons partager le mérite (…)», avait laissé entendre hier Patrice Talon dans ses mots de conclusion. Plusieurs députés proches du pouvoir étant aussi concernés par les mesures d’exclusion, notamment les nombreux candidats du Parti du renouveau démocratique (Prd) mis hors de course momentanément, la majorité parlementaire trouvera les solutions adéquates et les plus urgentes pour relancer le processus électoral grippé. Seulement, comment les députés pourront-ils s’y prendre pour ramener le calme et la quiétude ? Beaucoup s’interrogent pour le moment. Le parlement étant dominé par le Bloc de la majorité présidentielle (Bmp), ceux qui ont voté, il y a quelques mois des lois taillées sur mesure et « crisogènes », ce sont les mêmes qui orienteront les nouvelles mesures demandées par leur idole. Dans sa volonté de légiférer, la majorité parlementaire permettra-t-elle à l’opposition de prendre part activement aux travaux et d’introduire des propositions de sortie de crise? Ou bien agira-t-elle sous la pression du palais de la Marina qui a son propre agenda? Ou bien compte tenu des enjeux du moment, les députés du Bmp s’ouvriront-ils à un large consensus capable d’éviter le pire à la République? La dernière solution est évidemment la plus souhaitée par les Béninois qui n’ont jamais rêvé de subir des mesures d’exclusion. L’élection doit être une vraie compétition. Les députés soutiens du Pouvoir en place doivent se rendre compte de leurs erreurs et oser voter des textes qui consolident le processus de démocratisation en cours depuis 1990.
Mike MAHOUNA