Afghanistan: «Je me sens prisonnier dans mon propre pays»

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En Afghanistan, à la veille du départ prévu de l’armée américaine, des milliers d’Afghans n’ont toujours pas été évacués. C’est le cas de Sahil, (son prénom a été modifié), journaliste afghan. Son nom est sur la liste américaine pour les rapatriements, mais il n’a pas encore reçu d’appel pour confirmer son vol.

 

RFI : Quelle est votre situation actuellement ? Pourriez-vous être évacué avant la date du 31 août ? 

Sahil : Certains de mes collègues journalistes ont été évacués par les forces américaines, mais je suis toujours coincé à Kaboul à cause de la situation chaotique et dangereuse à l’aéroport. L’organisation américaine qui finance notre média et qui a mis nos noms sur la liste de rapatriement, nous dit que la situation se dégrade et qu’on doit patienter. On va devoir attendre des semaines pour qu’ils trouvent une manière sécurisée de nous évacuer.

J’ai perdu tout espoir d’être évacué avant le départ des forces américaines le 31 août. Je suis très déçu, cela fait un mois que je ne peux plus travailler. Je vais au bureau pour voir mes collègues afin d’oublier ce stress et cette solitude que je ressens. Je n’ai aucun avenir en tant que journaliste en Afghanistan. Les talibans vont limiter notre travail. L’autre jour, un des chefs des talibans a été interviewé par une chaîne de télévision afghane. Sur le plateau, il était accompagné de sept talibans armés. Les questions ont été préparées en amont et données au présentateur qui a été obligé de les poser. Moi, j’avais fait des reportages qui ne montraient pas les talibans sous un bon jour. C’est pour cela que maintenant, je ne suis plus en sécurité.

Si vous n’êtes pas évacué par les forces occidentales, qu’allez-vous faire ?

Ces derniers jours, j’ai réfléchi à payer un passeur pour quitter le pays. Mais toutes les frontières sont fermées. Nous avons deux frontières avec le Pakistan, mais la situation là-bas est encore pire qu’à l’aéroport de Kaboul, car il y a des milliers de personnes qui tentent de rentrer au Pakistan. Il y a aussi beaucoup de personnes qui tentent de fuir par l’Iran, mais encore une fois, les frontières sont fermées. Pour l’instant, la manière la plus sûre de quitter le pays, c’est par la frontière avec l’Ouzbékistan. Mais le pays ne délivre pas de visas pour les Afghans.

Ce n’est pas très cher de payer un passeur en ce moment. Ça coûte à peu près 100 dollars américains. Ils disent qu’ils te récupèrent à Kaboul et te ramènent jusqu’à la ville de Quetta au Pakistan. Mais le problème, c’est que toutes les frontières sont fermées, donc même si je payais plus, il n’y aurait aucune garantie que j’arrive à quitter l’Afghanistan. Je me sens prisonnier dans mon propre pays.

Que pensez-vous de l’idée de certains pays occidentaux de créer une zone protégée à Kaboul afin de poursuivre des opérations humanitaires ?

Si les pays occidentaux arrivent à créer cette zone protégée, ce serait parfait, mais je reste quand même sceptique. Car les talibans ont le pouvoir, donc c’est eux qui tranchent. Et s’ils ne veulent pas laisser les forces occidentales mettre en place cette zone protégée, personne ne pourra les forcer à le faire.

En attendant l’appel des autorités américaines, racontez-nous à quoi ressemble la vie à Kaboul en ce moment.

La vie à Kaboul a totalement changé depuis que les talibans ont pris le pouvoir. Tous les magasins, les marchés sont fermés. Les banques viennent de rouvrir ce lundi pour la première fois en deux semaines. La manière dont les gens s’habillent a aussi changé. Avant je portais des jeans et des t-shirts. Maintenant je porte la tenue traditionnelle afghane, car je ne me sens pas en sécurité si je sors en portant une tenue « occidentale ».

Les personnes qui sont les plus affectées en ce moment ce sont les femmes. Elles ne sortent pas de chez elles. Elles ne peuvent pas sortir sans mettre la burqa qui couvre leur visage. Ce dimanche, les talibans ont annoncé que les filles et les garçons ne peuvent plus aller à l’école ensemble. Les classes et les écoles sont séparées dès à présent. Dans la ville de Kandahar, dans le sud du pays, les talibans ont interdit aux femmes de s’exprimer dans les médias. Les femmes n’ont plus le droit de chanter aussi. C’est très similaire aux années 90 quand les talibans avaient pris le pouvoir.

rfi.fr

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