Réseaux sociaux et invectives: Du buzz à tout prix

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Du ludique sur les réseaux sociaux aux dérives, il semblerait qu’il n’y a qu’un seul pas. Facebook, WhatsApp, on en était là quand TikTok s’en mêle…

 

Il a choisi le réseau social TikTok pour faire son one man show. Il, pour l’instant, reste un inconnu du ‘’gotha’’. N’empêche, sur ses vidéos sont inscrits ‘’Alafia’’ et des numéros pour ceux qui voudraient bien solliciter son service. Un service bien particulier qui se traduit par des invectives, des insultes à vau-l’eau. Des vidéos qui nous sont parvenues et traduites du Fon en français désorientent. Morceaux choisis : ‘’Lachichi, es-tu encore normal toi ? Mais en réalité, ce n’est pas de ta faute. Quand un niais enceinte une niaise ; quand on naît dans une famille de niais, il y a de quoi qu’on agisse comme tel…’’. ‘’Axel Merryl, apparemment, tu as de la démesure. Tu n’es pas sectaire mais te voilà les bagues alignées aux doigts. Tu n’es non plus DJ  Arafat. Avec  ton visage décousu… Un front comme samedi matin, des lèvres défaites comme celles des Adja. Tu es debout telle une maison inachevée. Et toi (une femme) qui es à ses côtes, après que tu as fait le tour de ton pays la Côte-d’Ivoire, est-ce lui qui te plaît ? Voyez son visage on dirait du formol, debout comme une bouteille de bière…Vous êtes tous deux du même acabit, bande de malades’’. Si la bouche de telle personne n’est pas dilatée à l’instar des vaisseaux sanguins de l’anus qui entraîne la maladie hémorroïdaire, pour telle autre s’assimile au placenta d’un nouveau-né mort. Ailleurs, tous les étages construits au Bénin auraient leurs escaliers dans la bouche d’un seul individu, pour ainsi dire que la cible est édentée. La liste est longue. Bref, des invectives comme s’il en pleuvait et qui vont jusqu’à toucher la personne des géniteurs des personnes visées dont la photo et le nom accompagnent la vidéo. Personne n’est à l’abri. Nous sommes au 229. Le numérique bat ainsi son plein et c’est ce à quoi sert, entre autres, l’application de ByteDance. Une application mobile de partage de vidéo et de réseautage social vidée de son essence. Du jour au lendemain, des individus se voient viander sur la toile par des vidéos qui très tôt deviennent virales et reprises en écho sur les statuts WhatsApp de bien d’internautes. Et tout ça pour quoi ?

Du Buzz au gain

D’après une source, ceux qui s’adonnent à une telle pratique proviennent d’une bande bien organisée comme l’initiative peut provenir d’une seule personne moyennant toutefois une contrepartie. «J’ai un ami comédien à qui ils ont fait le coup. Il est lui aussi tombé sur la vidéo dans laquelle sa personne était mise en avant et proprement insultée. Il me confiait qu’il ne sait même pas celui qui profère ces injures et ce qu’il lui a fait», confie-t-elle. En réalité, «il suffit que j’ai un différend avec quelqu’un ; je donne des informations sur sa personne et le travail est fait. Une sorte de règlement de compte comme, l’auteur de la vidéo peut décider lui-même de s’attaquer à ta personne», raconte-t-elle bien avisée. Et de poursuivre, les numéros laissées sur la vidéo, c’est pour qu’on les appelle, si le service vous intéresse. Une preuve de plus que les opportunités d’emplois dans le numérique sont nombreuses et chacun y va de son choix.

Beaucoup de gens profitent des réseaux sociaux pour faire le buzz. Le nombre de vues, de partage, de like, permettent par ailleurs de s’en mettre plein les poches et de gagner en ‘’notoriété’’, estime un Juriste qui a voulu garder l’anonymat. «Les gens prennent par ces moyens pour se faire de l’argent», souligne-t-il. Même si, au prime abord, les quelques vidéos que nous lui avons présentées l’ont fait pouffer de rire, parce que frisant l’humour, il n’en demeure pas moins que les commentaires qui vont avec sont en même temps des injures. Pour cet homme de Droit, tout dépendra de la réaction des personnes attaquées. A l’entendre, du moment où ces injures ne touchent pas l’intérêt public, l’Etat, la Société, mais s’adressent à des particuliers, le Procureur même ne peut s’auto saisir. Toutefois, nuance-t-il, si ces injures présentent un caractère raciste ou xénophobe, le procureur peut initier une action publique. Mais au-delà, il faut plutôt interroger le code du numérique, signifie-t-il. Ceci, d’autant plus que, les instruments juridiques qui consacrent le droit à la liberté d’expression et d’opinion font obligation à chacun et à tous, de l’exercer dans le respect des dispositions légales, dans le respect de la vie privée et des institutions. La loi n°2015-07 du 20 mars 2015 portant code de l’information et de la communication en République du Bénin dispose en son article 13 au point 2 : « Constituent au sens de la présente loi, des manquements : […] les paroles injurieuses ou outrageantes à l’endroit d’un citoyen, d’un groupe de citoyens, d’une association ou d’un corps professionnel ». La loi n°2017-20 du 20 avril 2018 portant code du numérique en République du Bénin prévoit elle, en son article 548 : « Quiconque, intentionnellement, crée, télécharge, diffuse ou met à disposition sous quelque forme que ce soit, par le biais d’un système informatique du matériel raciste et xénophobe, au sens du présent Code, est puni d’un emprisonnement de six (06) mois à sept (07) ans et d’une amende de un million (1 000 000) à dix millions (10 000 000) de FCFA ».

De la liberté d’expression aux expressions libertines

Jamais, on ne le dira assez. L’internet et les réseaux sociaux constituent de nos jours les canaux par excellence de l’exercice du droit à la liberté d’expression et d’opinion. Mais pas autant pour être synonymes d’expressions et opinons libertines. Pour le Sociologue des technologies numériques et de l’éducation, Florent Tasso, «les campagnes de dénigrement, d’injures, d’invectives auxquelles se livrent certaines personnes notamment sur les réseaux sociaux, loin d’être une forme de liberté d’expression, sont plutôt l’expression même de la déchéance des valeurs morales de notre société et c’est en quelque sorte l’expression du manque de civisme, de moral et d’égard à l’expression de l’autre. L’autre qui, dans une perspective d’altérité, est en même temps moi et le même ; et envers lequel, je dois autant de respect qu’on m’en doit». Malheureusement, poursuit-il, le libertinage auquel se livrent certains internautes se fait en méconnaissance des règles qui régissent le secteur numérique. Les gens pensent que internet ou les réseaux sociaux constituent un espace où on peut se laisser aller à tout  alors même qu’«il y a un code du numérique qui encadre les différentes interactions que les usagers de la toile doivent avoir sur les réseaux sociaux. Cet espace social est encadré par des dispositions juridiques que tout citoyen à l’obligation de respecter. De tels actes sont rigoureusement condamnés par la loi et toute personne victime a le droit de saisir les autorités compétentes pour se faire justice», rappelle-t-il. Dans sa toge de Sociologue-Anthropologue, tout ceci dénote, selon ses analyses, de l’effritement de nos valeurs morales et du «Manque d’éducation et de formation à la culture médiatique, informationnelle et numérique, ce que nous appelons dans le jargon de la Sociologie des TICs, la Translittéracie». Les usagers de la toile, pense-t-il, doivent être sensibilisés. Il faut aussi, autant que faire se peut, diffuser les dispositions qui encadrent les interactions sur les réseaux sociaux. Au demeurant, le numérique est véritablement à encadrer au Bénin. Même si, pour l’heure, tout laisse à croire que les dispositions juridiques et légales y afférentes ne visent que les journalistes,  un véritable tour de vis s’avère indispensable. Ça y va de la Citoyenneté numérique.

Cyrience KOUGNANDE

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